La Constitution du régime clérical affirme le droit inaliénable de tout citoyen iranien à “un emploi décent”. L’article 43.2 stipule que les devoirs sociaux du gouvernement consistent notamment à “assurer à chacun les conditions et les possibilités d’emploi dans la perspective du plein emploi ; mettre les moyens de travail à la disposition de toute personne qui peut travailler mais qui n’en a pas les moyens ; cela peut se faire par le biais de coopératives, de prêts sans intérêt ou de toute autre méthode légitime qui ne conduirait pas à la concentration et à la circulation des richesses entre les mains d’individus ou de groupes spécifiques, ou ne transformerait pas le gouvernement en un employeur important et absolu”. (Baharnews.ir – 18 septembre 2020)
Cependant, le travail de porteur est l’une des principales sources de revenus des villageois des provinces kurdes de Kermanchah et du Kurdistan, dans l’ouest de l’Iran.
Quelque 4 000 à 5 000 ménages de la région d’Uramanat, au Kurdistan, gagnent leur vie avec le transport de charge à dos d’homme ou de femme. Le reportage suivant est un bref examen des circonstances et des conditions de travail des femmes porteuses de ces provinces.
Le travail pénible des femmes porteuses
Les femmes porteuses risquent leur vie, en escaladant les montagnes et en marchant sur des chemins ardus, pour gagner leur vie.
La plupart des femmes porteuses dans ces régions sont veuves et doivent faire vivre leur famille.
Ces femmes doivent marcher entre 8 et 10 heures en portant de lourdes charges. Ensuite, après avoir livré leur cargaison, elles doivent marcher tout le chemin du retour.
Malgré de plus grandes difficultés, elles gagnent moins que les hommes.
Il y a quelque temps, elles se sont mises en grève contre leurs bas salaires compte tenu de l’inflation galopante. Mais en fin de compte, leurs employeurs n’ont augmenté leurs salaires que d’environ 80 à 100 000 tomans, contre 150 à 250 000 tomans pour les hommes.
L’année dernière, une femme porteuse est morte de froid dans la montagne. Depuis lors, les employeurs n’embauchent plus de femmes pendant l’hiver en leur disant : “Que feront vos enfants si vous mourez de froid ?
Elles doivent souvent transporter leur chargement dans l’obscurité de la nuit pour éviter d’être détectées et abattues par les patrouilles frontalières.
Mais, même si elles parviennent à éviter d’être visée par les patrouilles frontalières, elles courent toujours le risque de tomber des falaises et des montagnes si elles commettent la moindre erreur.
Mère et fils travaillant comme porteurs
Quelque 4 000 personnes vivent dans le village de Shamshir, près de la ville de Paveh, dans la province de Kermanchah. La plupart des villageois travaillent comme porteurs. (Hamshahrionline.ir, 14 septembre 2020)
L’une de ces villageoies est Ronak Rostamzadeh. Elle a 38 ans et deux enfants : Mani Hashemi, 14 ans, et Mona Hashemi, 10 ans. Ronak est une mère isolée.
Il y a deux ans, Mani a également commencé à travailler avec sa mère comme porteur.
Après l’épidémie de coronavirus et la fermeture des écoles, ils ont dû acheter un téléphone portable pour que Mani puisse poursuivre ses études. La seule motivation de Mani pour travailler comme porteur était de rassembler assez d’argent pour acheter un téléphone portable afin de participer à des cours en ligne.
Le 16 septembre, cependant, Mani est tombé et a roulé en bas de la montagne alors qu’il essayait d’échapper aux patrouilleurs qui allaient lui tirer dessus.
Il a été gravement blessé en se cassant le nez et l’arcade sourcilière. Il a également subi des blessures profondes. Au lieu d’aider Mani, les gardes de la patrouille se sont échappés et Ronak est restée seule pour emmener son fils à un centre médical.
Il lui a fallu beaucoup de temps pour porter son fils sur la route et trouver quelqu’un pour la conduire au village où vivait son frère. Ensuite, ils ont emmené l’enfant à Paveh et de là à Kermanshah où les médecins ont dit à Ronak que son fils devait être soigné dans un centre médical mieux équipé.
Sabri transporte 30 kilos à chaque tour
Sabri est également une femme porteuse qui transporte des charges de 30 kg sur ses épaules chaque fois qu’elle se rend dans les montagnes. Elle doit marcher sur des chemins tortueux pendant environ 5 heures pour pouvoir livrer sa cargaison.
“Je souffre d’un mal de dos atroce ; je ne sais pas combien de temps encore je peux travailler. J’ai dû dépenser tout l’argent que j’avais gagné comme porteuse pour soigner le cancer de mon mari. L’argent n’a pas été suffisant et j’ai dû vendre ma maison, les tapis, le réfrigérateur et tout ce que j’avais pour payer les frais d’hôpital de mon mari à Téhéran. Mais finalement, ils m’ont rendu sa dépouille. Ensuite, j’ai dû tout recommencer, en traversant les montagnes”, a déclaré Sabri.
Expliquant les conditions d’embauche d’une femme comme porteur, Sabri a déclaré : « Il n’est pas facile de devenir porteuse. Il y a certaines conditions à remplir. Tout d’abord, vous devez être recommandée par un porteur expérimenté et fiable pour gagner la confiance de l’employeur. Le physique est également important. L’employeur vérifie si les femmes sont physiquement aptes à occuper ce poste. S’il estime qu’une femme n’est pas apte à porter une charge de 40 kg pendant 10 heures, il n’acceptera pas de l’engager. C’est pourquoi la plupart des femmes porteuses ont entre 30 et 45 ans. Bien sûr, il y a des femmes qui ont entre 50 et 60 ans. »
Porter de lourdes charges malgré le diabète
Sherafat a 60 ans et souffre de diabète. Son mari est décédé et l’a laissée seule pour s’occuper de leurs cinq enfants et subvenir à leurs besoins.
Sherafat a très mal aux genoux. Elle se met de la pommade et dit : “Ces jambes ne seront plus des jambes pour moi, mais je dois travailler tout l’été. Je n’ai ni pension ni assurance. Je travaille comme porteuse tout l’été, avec ma sœur, ma cousine et les autres femmes de la famille. Nous travaillons l’été pour économiser pour nos dépenses de l’hiver. »
Sherafat a également parlé d’être attaqué par les patrouilles frontalières. Elle a dit: « Une fois, j’étais sur le point de mourir. Je marchais depuis 5 heures lorsque les patrouilles frontalières ont pointé leurs fusils sur moi. J’ai dû jeter mon chargement d’environ 40 kilos dans la vallée. J’ai commencé à crier et à hurler, pour qu’ils se rendent compte que j’étais une femme et que je ne tirerais pas. Mais ils m’ont donné un avertissement sévère. Le lendemain, j’ai dû marcher encore 8 heures à travers des rochers et des épines pour trouver et livrer ma cargaison. Si la cargaison est endommagée ou perdue, nous devons payer une compensation au propriétaire. »
« J’ai travaillé comme porteur toute ma vie et je ne comprends toujours pas pourquoi ils tuent les porteurs, ou pourquoi ils nous enlèvent nos chargements et nous rendent misérables. Comment pouvons-nous payer des compensations ? » demande Sherafat avec une grande tristesse.
Une mère de trois enfants
Maryam a 45 ans et trois enfants. Son mari était un ouvrier, mais il est mort dans un accident. Un de ses enfants est hémophile.
Maryam, son frère, sa sœur et d’autres membres de leur famille travaillent tous comme porteurs.
« Les femmes porteuses ne reçoivent pas de charges très lourdes comme des appareils ménagers », a déclaré Maryam, ajoutant : « Il y a quelques années, une femme qui devait travailler plus dur pour gagner plus pour ses enfants, a demandé une cargaison lourde mais elle ne pouvait pas la supporter. Au milieu du chemin, elle est tombée dans la vallée avec sa charge et elle est morte. »
Ce ne sont là que quelques exemples de la grande souffrance de nombreuses femmes porteuses en Iran. Il est évident qu’elles continueront à souffrir tant que le régime kleptocratique des mollahs ne sera pas remplacé par un gouvernement démocratique en Iran.
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