CSDHI – Dans une lettre ouverte publiée par Justice for the Victims of the 1988 Massacre in Iran (JVMI), plus de 150 anciens responsables de l’ONU et experts juridiques et des droits humains de renommée internationale ont exhorté Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits humains, à lancer une commission d’enquête internationale sur les exécutions extrajudiciaires massives de prisonniers politiques en Iran en 1988.
Dans leur lettre, les signataires mentionnent une lettre de sept rapporteurs spéciaux de l’ONU adressée aux autorités iraniennes en septembre 2020. Les rapporteurs avaient déclaré que les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées de milliers de prisonniers politiques en 1988 « peuvent constituer des crimes contre l’humanité. »
Auparavant, les experts avaient appelé Téhéran à respecter ses obligations en matière de droit international des droits humains. Ils avaient annoncé qu’ils « demanderaient à la communauté internationale de prendre des mesures pour enquêter » sur ces affaires. Notamment, « en mettant en place une enquête internationale », si les autorités continuent de refuser de respecter leurs obligations internationales.
« La lettre indique que les familles des victimes, les survivants et les défenseurs des droits humains font aujourd’hui « l’objet de menaces persistantes, de harcèlement, d’intimidation et d’attaques en raison de leurs tentatives pour obtenir des informations sur le sort et le lieu de détention des individus et de leurs demandes de justice », écrivent les signataires.
Les experts ont souligné que le crime n’a pas encore pris fin. Ils ont affirmé : « Il y a une impunité systémique dont bénéficient ceux qui ont ordonné et exécuté les exécutions extrajudiciaires. De nombreux responsables impliqués continuent d’occuper des postes de pouvoir, notamment dans des organes clés de la justice, du ministère public et du gouvernement. »
Le 19 juillet 1988, le fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeini, a émis une fatwa ordonnant l’exécution de tous les prisonniers politiques affiliés à l’organisation d’opposition. Il s’agit des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Dans ce contexte, les mollahs ont créé des « commissions de la mort » dans tout le pays. Un procureur et des représentants du ministère du renseignement et du pouvoir judiciaire faisaient partie de ces commissions. Après les massacres de masse, les personnes nommées par Khomeini ont étendu le crime aux membres d’autres groupes de la deuxième vague.
Notamment, l’actuel chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raisi et le ministre de la Justice Alireza Avaei faisaient partie des membres des « commissions de la mort. » Elles ont perpétré et pratiqué des exécutions dans 16 villes du pays entre juillet et septembre 1988. Par la suite, les autorités ont enterré les corps des victimes dans des dizaines de fosses communes non marquées dans diverses provinces.
« Nous demandons au Conseil des droits humains des Nations unies de mettre fin à la culture de l’impunité qui existe en Iran en créant une commission d’enquête sur les exécutions extrajudiciaires massives et les disparitions forcées de 1988. Nous demandons instamment à la Haute Commissaire Michelle Bachelet de soutenir la création d’une telle commission », indique la lettre ouverte.
« C’est la première fois qu’un groupe aussi distingué d’anciens responsables de l’ONU s’adresse directement à la Haute Commissaire Bachelet pour qu’elle demande des comptes aux auteurs du massacre de 1988 », a déclaré Tahar Boumedra, ancien responsable des droits humains de l’ONU et représentant des JVMI.
« Les familles des victimes ont droit à la vérité et à la justice via une enquête menée par les Nations unies. Les témoins sont toujours en vie. Les preuves sont à portée de main. Une justice retardée est une justice refusée. Si nous n’agissons pas maintenant, cela ne fera qu’encourager le régime à poursuivre ses dissimulations et à éviter de rendre des comptes », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le 4 mai, quelque 1112 familles de membres de l’OMPI/MEK exécutés lors du massacre de 1988 ont exprimé leur colère face à la destruction des tombes de leurs proches. Dans une lettre, elles ont exhorté le secrétaire général des Nations unies, les dirigeants de l’Union européenne, ainsi que le président et les responsables des États-Unis à prendre des mesures immédiates pour empêcher de nouveaux dégâts.
« Alors que les organisations et les experts internationaux des droits de l’homme ont qualifié le massacre de crime contre l’humanité… le régime iranien a entrepris d’effacer les traces des preuves du massacre en détruisant les fosses communes où elles sont enterrées… Ces actions constituent la torture collective de milliers de survivants et de familles de martyrs. C’est un autre cas manifeste de crime contre l’humanité », ont écrit les membres de la famille.
Source : INU
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