Le 9 mai marque l’anniversaire de l’exécution de Shirin Alam-Houli, décrite à juste titre comme la fleur de la résistance du Kurdistan d’Iran. Shirin Alam-Houli est née le 3 juin 1981 dans le village de Daim Gheshlaq, près de Makou, dans la province du Kurdistan.
Les forces de sécurité et des agents en civil ont arrêté Shirin au printemps 2008 à Téhéran et l’ont emmenée au quartier général du Corps des gardiens de la révolution (pasdaran). Immédiatement après leur arrivée, et avant de poser des questions, ils l’ont violemment battue. Elle a été détenue par les pasdaran pendant 25 jours, dont 22 jours de grève de la faim. Durant cette période, elle a été soumise à diverses tortures physiques et psychologiques. Ses interrogateurs étaient des hommes. Ils l’ont menottée à un banc et l’ont frappée à la tête, au visage et à la plante des pieds, avec des bâtons, des câbles, à coups de pied et de poings. A cette époque, Shirin Alam-Houli ne parlait même pas le farsi et ne comprenait pas ce que les pasdaran lui demandaient.
Elle a passé 21 mois à la prison d’Evine de Téhéran. Elle a été jugée le 29 novembre 2009 et condamnée à mort pour avoir collaboré avec PEJAK, un groupe kurde d’opposition au régime iranien. Une ancienne détenue politique qui a connu Shirin Alam-Houli en prison, raconte les jours qu’elle a passés avec elle dans la même section :
« Nous avons passé 40 jours ensemble dans le quartier 209 de la prison d’Evine et nous avons été séparées par la suite. Shirin était mon amie la plus proche en prison. Elle était comme une sœur pour moi. Elle était mon ange gardien pendant la période où j’étais en prison.
« Tout le monde à Evin la respectait, tant les prisonnières politiques que les prisonnières de droit commun… Elle était très généreuse et avait toujours le sourire aux lèvres. Dans les pires circonstances, elle souriait et disait : “Ces jours vont passer. ”
« Shirin était vraiment une femme libre. Elle aidait les prisonnières de droit commun. »
Profondément révoltée par l’exécution de Shirin, cette détenue a rappelé que « la mort de Shirin continuera à hanter la conscience de l’humanité pendant des années encore. Son exécution était une injustice flagrante. »
Shirin Alam-Houli a été sauvagement torturée à la prison d’Evine. Dans une lettre qu’elle a écrite sur les pressions et les tortures subies en prison, elle avait écrit : « Pourquoi devrais-je être emprisonnée ou exécutée ? Est-ce parce que je suis Kurde ? Je dirais donc : “Je suis née kurde et j’ai connu beaucoup de privations parce que j’étais kurde. Ma langue est le Kurde, mais je n’ai pas le droit de parler, lire et étudier dans ma langue maternelle. Et ils ne me laissent pas écrire dans ma propre langue….
« Ils me disent de nier que je suis Kurde. Je dirais que si je le fais, je me renierai.
« L’honorable juge, M. l’interrogateur, quand vous m’interrogiez, je ne pouvais même pas parler votre langue. J’ai appris le farsi avec mes amies ces deux dernières années dans la prison des femmes. Mais vous m’avez posé des questions dans votre propre langue, vous m’avez fait passer en jugement et vous m’avez condamnée, or je ne comprenais pas ce qui se passait autour de moi, et je ne pouvais pas me défendre.
« Les tortures que vous avez utilisées contre moi sont devenues mon cauchemar. Je souffre jour et nuit à cause des tortures que j’ai subies. J’ai été frappée et blessée à la tête. Certains jours, j’ai de grave maux de tête. Mes maux de tête sont si violents que je ne comprends pas ce qui se passe. Je souffre pendant des heures et finalement, j’ai le nez qui saigne à cause d’une douleur intense. Puis je reviens à des conditions normales. Quand je suis arrivée en prison, j’avais les cheveux noirs. Maintenant dans ma troisième année d’incarcération, je vois chaque jour une nouvelle mèche de cheveux blancs. »
Dans une autre lettre, Shirin Alam-Houli a écrit à propos d’un de ses interrogateurs : « Un jour, pendant l’interrogatoire, il m’a frappé si fort dans l’estomac que j’ai vomi du sang. Un autre jour, un des interrogateurs est venu me voir. Il était le seul interrogateur que je pouvais voir parce que sinon j’avais les yeux bandés. Il m’a posé des questions non pertinentes. Comme il n’obtenait aucune réponse de ma part, il a pointé son arme sur ma tête et m’a dit : ” tu dois répondre aux questions que je te pose. Je sais que tu es membre du PEJAK ; tu es une terroriste. Peu importe que tu parles ou non. Nous sommes heureux d’avoir capturé un membre du PEJAK. »
Après un passage horrible à la prison d’Evine sous l’inculpation de collaboration avec PEJAK, Shirin Alam-Houli a été exécutée le 9 mai 2010, sans que sa famille ni ses avocats en soient informés.
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