Rapport spécial sur le dixième jour de grève nationale des chauffeurs routiers en Iran

 La grève nationale des chauffeurs routiers et des opérateurs de poids lourds en Iran a atteint son dixième jour le samedi 31 mai et s'est désormais étendue à 152 villes dans les 31 provinces. Ce qui avait commencé comme une manifestation limitée s'est transformé en l'une des grèves les plus importantes et les mieux coordonnées de ces dernières années.

Raisons de la grève et revendications

Les chauffeurs de poids lourds ont interrompu leurs activités pour protester contre la hausse du prix du diesel, les primes d'assurance élevées, l'insécurité routière, les difficultés économiques et le mépris chronique du régime pour les revendications syndicales. Le Syndicat des routiers et des chauffeurs iraniens a publié un communiqué affirmant que « la grève se poursuivra jusqu'à ce que toutes les revendications soient pleinement satisfaites » et qu'il « ne se fiera pas aux promesses verbales sans garanties ».

Réponse du régime : menaces, pots-de-vin et arrestations

Les responsables du régime iranien ont tenté de mettre fin à la grève en promettant de répondre aux revendications. Mehran Ghorbani, vice-ministre des Routes et du Développement urbain, a promis que les revendications seraient satisfaites dans un délai d'un mois. Cependant, les chauffeurs ont jugé ces propos peu crédibles et ont poursuivi la grève.

Parallèlement, le régime a lancé une vaste opération de répression pour réprimer la grève. Le service des relations publiques de l'Organisation d'entretien des routes de la province de Yazd a déployé une banderole avertissant que les chauffeurs qui ne chargeraient pas de marchandises seraient privés de leurs avantages légaux.

Dans des provinces comme le Khouzistan, le Gilan, Hamedan, le Fars et le Kurdistan, les forces de sécurité ont arrêté plusieurs conducteurs. Le service de renseignement du CGRI au Khouzistan a déclaré avoir arrêté plusieurs conducteurs accusés d'avoir « envoyé des vidéos de rassemblements à des médias hostiles ».

Vague de solidarité : des chauffeurs de bus aux artistes

Le soutien à la grève des chauffeurs routiers s'accroît. Les chauffeurs de minibus d'Ispahan ont rejoint la grève. Divers groupes sociaux – enseignants, retraités, infirmières, personnels de l'éducation, travailleurs du pétrole, étudiants et commerçants – ont publié des déclarations de soutien.

Trente-deux artistes, cinéastes et personnalités culturelles ont écrit dans un communiqué :
« La grève des chauffeurs routiers est un avertissement contre toute l'oppression, les inégalités, le vol et la pauvreté généralisée qui ont rendu la vie des gens difficile et insupportable. »

Silence des médias officiels et propagation de manifestations parallèles

Alors que les médias d'État restent silencieux, le dixième jour de grève des camionneurs a coïncidé avec d'autres rassemblements de protestation. Des travailleurs d'Ilam, de Téhéran, d'Arak et de Lordegan, des boulangers de Machhad et d'Ispahan, ainsi que des retraités de la Banque Saderat à Téhéran ont manifesté. À Chiraz, des éboueurs ont protesté, et au Khouzistan, des ouvriers de projets industriels et des producteurs de blé ont également manifesté.

La grève des chauffeurs routiers n'est pas seulement un conflit social : elle est devenue le symbole d'un mécontentement généralisé envers les politiques économiques et administratives du régime. Alors que la grève se poursuit et que les arrestations se multiplient, le fossé entre le système au pouvoir et la société se creuse de jour en jour. Tandis que le régime recourt à des promesses non tenues et à des mesures de répression sécuritaire, la société civile et divers groupes sociaux forment un front uni de protestations nationales.