mardi 8 juillet 2025

La campagne des mardis Non aux exécutions en Iran ; manifestations dans les prisons

 La campagne des mardis Non aux exécutions a marqué aujourd’hui sa 76e semaine consécutive de résistance, alors que des prisonniers politiques et de droit commun de 47 centres de détention iraniens ont entamé une grève de la faim coordonnée. Lancée pour protester contre le recours systématique à la peine de mort et la répression brutale du régime, la campagne continue de gagner en ampleur et en importance dans un contexte de recrudescence des exécutions et des violences politiques.

La déclaration de cette semaine s’ouvre par un hommage aux victimes du soulèvement étudiant de juillet 1999, un événement largement considéré comme la genèse des manifestations de masse modernes en Iran. Malgré sa répression violente, le soulèvement a posé les bases des vagues de résistance ultérieures, notamment les manifestations de 2009 et les soulèvements nationaux de 2017, 2019 et 2022.

« Ne nous laissons pas intimider ; défendons le droit à la vie de nos concitoyens », affirme le communiqué, soulignant une lutte commune pour la liberté et l’autodétermination qui transcende les générations.

La vague d’exécutions témoigne de la répression du régime
Le communiqué de la campagne souligne le rythme alarmant des exécutions ces dernières semaines. Depuis le début de Tir (22 juin 2025), au moins 24 personnes ont été exécutées. Le nombre total d’exécutions au cours de l’année civile iranienne 1404 (commencée le 21 mars 2025) atteint désormais 428 – des chiffres qui soulignent l’utilisation croissante de la peine capitale par le régime comme outil de peur et de contrôle.

Cette vague d’exécutions coïncide avec d’autres actes de violence d’État. À Hamedan, les forces de sécurité ont abattu deux jeunes hommes, tandis que dans le village de Gunich, près de Khash, deux femmes ont été mortellement agressées. Les militants ont décrit ces incidents comme une attaque liée à l’État. Ces incidents reflètent la misogynie profondément ancrée du régime et l’intensification de sa campagne visant à réprimer la dissidence par tous les moyens.

Le 4 juillet 2025, Mme Mai Sato, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran, a lancé un avertissement sévère. Elle a averti que le régime iranien utilisait le conflit régional comme prétexte pour réprimer les minorités ethniques et religieuses et les dissidents politiques. Soulignant les violations systématiques du droit international par le régime, Mme Sato a appelé à une action mondiale urgente pour protéger les droits et la vie de tous les citoyens iraniens.

Prisonniers politiques kurdes condamnés à mort
Le La campagne a également condamné la condamnation de cinq prisonniers politiques kurdes – Rezgar Beigzadeh Babamiri, Pejman Soltani, Sooran Ghasemi, Kaveh Salehi et Teyfour Salimi Babamiri – arrêtés lors du soulèvement de 2022. Ces cinq hommes risquent désormais douze condamnations à mort, prononcées sans procédure régulière ni procès équitable.

« Ces peines inhumaines constituent une violation flagrante des droits fondamentaux et démontrent le désespoir du régime à écraser toute forme de dissidence organisée », a déclaré le communiqué.

La campagne a renouvelé son appel à la solidarité internationale avec les prisonniers binationaux menacés d’exécution, en particulier l’universitaire suédo-iranien Ahmadreza Djalali. Enlevé par les forces de sécurité la nuit de l’attentat à la prison d’Evin et emprisonné dans des conditions épouvantables pendant des années, Djalali risque désormais une exécution imminente, selon le communiqué, en vertu d’une « peine médiévale ».

La campagne a exhorté la société civile, les organisations de défense des droits humains et les personnes concernées du monde entier à faire entendre leur voix et à résister à la stratégie d’intimidation du régime.

Revendications en matière de droits humains et conditions de détention
Les membres de la campagne ont également appelé à une intensification des efforts internationaux pour surveiller et dénoncer les conditions de détention. Les témoignages de prisonniers politiques récemment exilés dans le Grand Téhéran et à la prison de Qarchak ont mis en lumière des traitements inhumains et des violations généralisées des droits humains. Si tel est le cas et si les conditions de détention dans les prisons de la capitale sont précaires, la situation dans les établissements isolés et moins visibles est probablement bien pire, notamment pour les détenus les moins connus.

La revendication principale de la campagne reste inchangée : l’abolition immédiate de la peine de mort en Iran.

« Nous sommes convaincus que le peuple iranien, en solidarité avec les autres nations opprimées, poursuivra cette voie de résistance et de persévérance jusqu’à la victoire et la libération », conclut le communiqué.

47 prisons participent à la 76e semaine de grève de la faim
Mardi 8 juillet 2025, des prisonniers politiques de 47 établissements pénitentiaires participent à des grèves de la faim en soutien à la campagne « Non aux mardis des exécutions ». Ces établissements comprennent des prisons majeures telles que Ghezel Hesar, le Grand Téhéran, Qarchak et Adelabad, ainsi que de nombreux établissements régionaux couvrant des provinces allant du Kurdistan au Sistan-Baloutchistan.

La liste complète des prisons participantes témoigne de la portée nationale croissante de la campagne et de l’unité des prisonniers face à un régime qui continue d’utiliser la peine de mort comme arme politique.

La campagne des mardis Non aux exécutions est devenue l’un des actes de défiance les plus durables et les plus symboliques contre le recours à la peine capitale et la répression en Iran. Alors que le régime intensifie sa répression, les voix qui s’élèvent depuis l’intérieur des prisons, résonnant dans tout le pays, exigent que le monde les écoute et agisse.

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