Trois semaines après la fin de la guerre entre l’Iran et Israël, le régime iranien a considérablement étendu ses mesures de sécurité intérieure. Selon un porte-parole de FARAJA, le commandement de police du régime, les patrouilles et la présence policière ont augmenté dans les villes sous prétexte d’assurer une sécurité maximale. Dans la pratique, cependant, cette nouvelle vague de répression a conduit à des centaines d’arrestations dans diverses provinces, souvent sur de vagues accusations de « collaboration avec Israël ».
Le parlement du régime n’a pas perdu de temps pour adopter un projet de loi intitulé « Intensification des sanctions pour espionnage et coopération avec Israël et les États hostiles ». Les militants civils et politiques soutiennent que cette résolution non seulement restreint les libertés individuelles, mais fournit également au régime un cadre juridique pour cibler la dissidence et réprimer les critiques.
Le consentement fabriqué et l’illusion du soutien public
Le diffuseur officiel du régime, IRIB, a lancé une campagne médiatique coordonnée pour représenter le soutien public à la présence accrue de la police. Les segments d’actualités, les images de caméras cachées et les interviews mises en scène tentent tous de montrer que les citoyens sont « très satisfaits » des patrouilles de sécurité.
Pourtant, sur les réseaux sociaux, un récit différent émerge. Les utilisateurs signalent des opérations aléatoires d’arrêt et de fouille, y compris l’inspection des téléphones personnels par la sécurité, les Bassidjis et les forces de police. Ces forces examineraient des messages privés et des galeries de photos sous le prétexte de « sécurité », cherchant une excuse pour détenir des citoyens—agissant essentiellement avec un chèque en blanc dans les conditions de la loi martiale.
Dans un exemple frappant des tactiques agressives du régime, l’agence de presse Fars a rapporté que deux citoyens à Hamadan ont été tués par balle parce qu’ils étaient soupçonnés de posséder des micro-drones. L’absence de procédure judiciaire ou de preuves dans de tels incidents indique un climat plus large de peur et d’impunité.
La guerre comme prétexte à la censure
Malgré le cessez-le-feu, le paysage numérique et médiatique de l’Iran reste fortement restreint. L’accès à Internet est sporadique, et de nombreux sites web restent bloqués. L’infrastructure de communication n’a pas complètement récupéré, ce qui maintient les citoyens dans un état d’isolement informationnel.
Conformément à une directive émise par le ministère du Renseignement du régime, il est strictement interdit de publier des contenus prédisant l’issue de la guerre, discutant d’un éventuel effondrement ou compromis, faisant référence à des menaces nucléaires ou à des retombées économiques, voire affichant des images d’explosions et d’accidents. Les conséquences juridiques de telles actions ont été explicitement menacées.
Le 23 juin, la justice a bloqué le site d’information étatique Entekhab pour avoir prétendument mis en danger la « sécurité psychologique » en soulevant des préoccupations publiques. L’agence de presse Mizan, affiliée à la justice du régime, a décrit le climat d’après-guerre comme « sensible et belliqueux », justifiant davantage la suppression des reportages critiques.
Divisions internes et guerres de propagande
Les tensions ont débordé dans les propres cercles médiatiques du régime. Le 30 juin, le journal Ham Mihan a été contraint de republier ses premières pages de la guerre de 12 jours en réponse aux accusations de médias radicaux comme Kayhan et Rajanews. Ce dernier avait accusé Ham Mihan de mettre en avant les attaques israéliennes, au lieu de montrer les frappes de missiles iraniens contre Israël.
Un examen des chaînes Telegram telles que « Important News » révèle que de nombreux points de vente opéraient sous des ordres directs du ministère du Renseignement pendant la guerre.
La majorité de la couverture s’est concentrée sur les dommages causés par les missiles iraniens, affirmant souvent un succès exagéré comme réduire les villes israéliennes à « des collines de poussière ». Les préoccupations domestiques ont été presque entièrement ignorées.
Un cadre juridique pour la répression
La répression d’après-guerre a été juridiquement codifiée par une nouvelle législation qui définit largement l’espionnage. En vertu de la nouvelle loi adoptée par le parlement du régime le 23 juin, quiconque mène des « actions sécuritaires, militaires, économiques, financières ou technologiques » —soutenant directement ou indirectement Israël — peut être condamné à la peine maximale : la corruption sur terre, une accusation menant souvent à l’exécution.
De plus, la loi criminalise un large éventail d’activités, notamment :
- Actes politiques, culturels, médiatiques ou de propagande qui « répandent la peur » ou « nuisent à l’unité nationale ».
- Publier des chiffres exagérés sur les pertes ou des soi-disant « fausses nouvelles ».
- Envoi de vidéos et d’images à des médias ou réseaux étrangers jugés hostiles.
- Participer à des « rassemblements illégaux » en temps de guerre.
Ces dispositions donnent au régime le pouvoir considérable d’arrêter et de poursuivre des citoyens ordinaires pour des actions aussi triviales que le tournage d’un missile ou la publication sur les réseaux sociaux.
Exécutions et aveux forcés
Les conséquences ont déjà été mortelles. Pendant le conflit de 12 jours, trois individus ont été exécutés pour des accusations d’espionnage. Dans plusieurs cas, le régime a diffusé des aveux télévisés de suspects accusés d’espionnage, souvent en utilisant de vagues « preuves » comme des photographies de pylônes électriques ou des vidéos de missiles.
De telles confessions portent les marques de la coercition, un schéma qui a longtemps été associé à l’appareil de renseignement du régime. Les détenus rapportent fréquemment que leurs « confessions » ont été extorquées sous la torture et sous de fortes pressions psychologiques.
ISNA, l’une des agences de presse officielles du régime, a décrit de manière inquiétante la période actuelle comme une « saison de meurtres traîtres ».
Cibler les mauvaises personnes
De nombreux militants politiques notent que les personnes arrêtées ou exécutées ne sont pas des individus ayant accès à des informations classifiées ou à des postes de pouvoir. Au lieu de cela, les cibles sont souvent des citoyens ordinaires—ou des réfugiés afghans — qui sont vulnérables et impuissants à se défendre. Les critiques soutiennent que le régime utilise les conditions de guerre comme prétexte pour consolider le pouvoir et écraser la dissidence tout en ignorant les risques réels pour la sécurité intérieure.
Libertés civiles en état de siège
La stratégie du régime iranien est cohérente avec les livres de théâtre autoritaires dans le monde entier : utiliser un conflit externe pour justifier une répression interne. Bien que de nombreux régimes restreignent les libertés civiles en temps de guerre, le régime iranien a saisi cette occasion pour mettre en œuvre des changements permanents et radicaux—ciblant non seulement l’accès à l’information mais aussi l’expression publique, la vie privée, voire le mouvement.
Des changements juridiques qui redéfinissent l’espionnage aux exécutions extrajudiciaires et aux disparitions forcées, le régime transforme les mesures d’urgence en temps de guerre en instruments de contrôle à long terme. La guerre avec Israël a peut-être officiellement pris fin, mais pour le peuple iranien, un nouveau type de bataille—contre l’autoritarisme et la répression — ne fait que s’intensifier.
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