lundi 13 février 2017

Un rapport choquant d’une prisonnière politique en Iran

 Dans un rapport choquant sur la situation des mères prisonnières politiques emprisonnées dans la tristement célèbre prison d’Évine, la prisonnière politique Narges Mohammadi décrit les tortures psychologiques auxquelles elles doivent faire face.
Narges Mohammadi écrit : « Certains jours de la semaine sont spéciaux pour les femmes retenues dans la prison d’Évine. Huit prisonniers sur un total de 31, dont Maryam Akbari Monfared, Leila Jamaat, Nigara Afsharzadeh, Narges Mohammadi, Zahra Zehtabchi, Fatemeh Mosana, Azita Rafeizadeh et Nazanin Zaghari, ont des enfants en bas âge. »

Le régime iranien ne donne le droit à ces détenus de voir leurs enfants qu’une heure un jour très spécial. Narges Mohammadi écrit concernant ces courtes visites, le lourd regret et la privation dans les cœurs et les âmes de ces enfants qui doivent subir cela. Elle décrit également le sens commun parmi ces mères à la fin de leur rencontre avec leurs enfants.
Nazanin Zaghari est une de ces mères. Elle est venue pour rendre visite à sa propre mère malade et a été condamnée à cinq ans de prison. Elle a été séparée de sa fille. Dans une lettre à sa fille depuis la prison, qui n’avait que 22 mois au moment de l’arrestation, Zaghari écrit : « Crois-moi, je n’avais aucune idée du destin douloureux et tragique qui t’attendais dans le pays où ta mère est née et a été élevée, sinon, je ne me serais jamais précipité pour faire mes valises pour un voyage de deux semaines à Téhéran en mars 2016. » Nazanin a été arrêté en avril 2016 à l’aéroport de Téhéran lorsqu’elle repartait d’un voyage de deux semaines en Iran.
Une autre mère se prénomme Zahra Zehtabchi. À 49 ans, elle a été condamnée à 12 ans de prison. Narges Mohammadi écrit : « Zahra est une femme très calme et très patiente. Vous ne croiriez pas à quel point elle est patiente. Sa petite fille Mina vient lui rendre visite les mercredis. Elle se dépêche de venir voir sa mère après l’école. »
Fatemeh Mosana, une mère de 48 ans, a été condamnée à 15 ans de prison. Narges décrit sa situation et sa relation avec ses deux enfants de cette façon : « Fatemeh est tellement seule. Son mari, M. Hassan, est détenu dans la prison de Karaj Rajaee-Shahr. Ses deux enfants, Maryam et Iman, rendent visite à leur père une semaine et rendent visite à leur mère dans la prison d’Évine la semaine suivante. »
Maryam Akbari Monfared est une détenue de 40 ans. Elle aussi a été condamnée à 15 ans de prison. Une mère qui, comme l’écrit Narges Mohammadi, a été obligée de quitter sa fille à l’âge de 3 ans et demi pour aller en prison. Elle n’a pas beaucoup d’expérience dans les relations mères-filles avec sa petite fille. Narges Mohammadi écrit : « Mais ces courtes visites sont une chance pour ces personnes d’avoir une conversation mère-fille. Une fille qui ne peut pas connaître le sens du mot mère à travers Maryam, mais seulement avec ses deux grandes sœurs, et Maryam n’est plutôt que le nom de sa mère sans en avoir le sens. »
Plus loin dans le rapport, Mohammadi écrit concernant Azita Rafeizadeh qui à 34 ans a été condamnée à quatre ans d’emprisonnement : « Aussitôt qu’elle entre dans la section des femmes, Azita commence à parler de Bashir, son fils de 6 ans dont le comportement enfantin et sa façon de parler enchantent tout le monde. Bashir va rendre visite à son père dans la prison de Rajayee-Shahr et vient rendre visite à sa mère dans la prison d’Évine. Ce petit garçon ne peut pas supporter les longues distances, les courtes visites et les lourds regrets et privations après coup. Mais pour Azita, cette rencontre est réconfortante. »
La situation de Nigara Afsharzadeh, une nationaliste du Turkménistan de 39 ans, est la plus déplorable comparée aux autres. « Elle a été enfermée en isolement 209 jours sur un an et demi et cela fait maintenant six mois qu’elle a été transférée dans la section des femmes de la prison d’Évine. Son fils Eldar a huit ans et sa fille Mirana en a dix. Cela fait maintenant deux ans que Nigara n’a pas vu ses enfants et elle est désormais impatiente de les revoir. L’anniversaire d’Eldar a été fêté dans la section des femmes le 16 janvier… »
Leila Jamaat est une jeune mère dont les enfants viennent lui rendre visite de temps en temps. Narges Mohammadi écrit : « C’est difficile pour ses enfants de venir ici. Leila divertit les femmes de la section pour une demi-journée en jouant avec son fils de huit ans, Arad, et sa fille de six ans, Armita. Mais cela n’arrive pas souvent. » Leila Jamaat a 36 ans et a été condamnée à deux ans d’emprisonnement.
Et enfin, Narges Mohammadi écrit sur sa situation. Une femme de 44 ans avec des jumeaux qui a été condamnée dans deux affaires à 6 ans de prison dans un cas et 16 ans dans le second. « Les jumeaux de Narges, Kiana et Ali, vivent à Paris avec leur père. Mercredi est un bon jour pour elle, car les mères sont heureuses avec leurs enfants, mais c’est aussi un jour difficile, car elle est privée du plaisir de voir les siens. »
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