Derrière son visage calme se trouve une âme passionnée, une âme qui cherche la paix et le bonheur des autres.
Hejrat Mo'ezzi a raconté son histoire :
Depuis mon enfance, je voulais prouver que j'avais la même capacité mentale et comportementale que les hommes. Contrairement aux coutumes et aux pratiques...traditionnelles de notre société et de nombreux autres lieux qui attribuent des poupées aux filles et permettent aux garçons de jouer au football, je n'ai jamais voulu de poupée. Je voulais changer les stéréotypes auxquels tout le monde s'était acculturé et souhaitais un monde où la compétence n'était pas prédéterminée par le sexe. Pour cette raison, j'ai délibérément poursuivi des études en physique nucléaire, domaine dominé par les hommes. Mais ce n'était pas suffisant.
La situation des femmes et des filles m'a fait réfléchir sérieusement aux problèmes de notre société. J'avais été témoin de la façon dont la pauvreté avait engendré une vie pleine de difficultés et de misère pour beaucoup de personnes autour de moi, comme mon amie Neda.
Il y avait beaucoup de marchands ambulants, de petites filles qui vendaient des fleurs au milieu de la circulation routière et celles qui dormaient dans des boîtes sous des ponts.
Il y avait beaucoup de marchands ambulants, de petites filles qui vendaient des fleurs au milieu de la circulation routière et celles qui dormaient dans des boîtes sous des ponts.
Parfois c'était trop pour moi de supporter les situations et l'innocence de ces petites filles alors que tout ce que je souhaitais, c’était de sacrifier ma vie.
J'ai finalement décidé de quitter l'Iran lors d’une froide journée d'hiver, en février 2007 et de rejoindre la Résistance. J'avais appris à bien connaître la Résistance à travers ma famille.
J'avais grandi en apprenant l'histoire de la Résistance, leurs hymnes, discours et conférences et j'étais donc bien informée.
Je me suis retrouvée devant des frontières fermées lors de mon départ cet hiver-là. Le régime iranien avait posté ses agents qui empêchaient toute entrée ou départ. Je n'avais pas d'autre choix que de revenir. Cependant, j'ai décidé d'réessayer une nouvelle fois au printemps.
Heureusement, cette fois-ci, j'ai pu traverser la frontière et atteindre le quartier général de la Résistance iranienne à Achraf.
Je me souviens très bien de la discussion entre mon père [1] et moi, la veille de mon voyage.
Il n'avait qu'une chose à me dire : « Je veux que tu saches que sur ton chemin de ralliement à la Résistance, tu ne dois laisser aucune option à un retour ! Sois forte et déterminée dans votre choix ! Pour toujours… ! »
Et avec un tel soutien et une telle détermination, j'ai fermé la porte derrière moi et j’ai commencé mon voyage.
À Achraf, c'était comme si j'étais un poisson qui avait rejoint l'eau.
J'ai rencontré un grand groupe de femmes, qui luttaient toutes pour l'égalité et la liberté ; J'étais une petite particule d'eau qui avait rejoint un immense océan dont je n'avais jamais imaginé l’étendue dans mes rêves.
Les jours de mon enfance où je cherchais à briser les vues stéréotypées et arriérées, j'avais réussi à garder une petite bougie d'espoir allumée ; et maintenant, voilà que ces femmes m'ont donné un flambeau pour illuminer les nuits sombres des femmes de ma patrie.
Une torche enflammée d'espoir et d'humanité.
[1] Ali Mo'ezzi est un prisonnier politique résistant, actuellement détenu dans le pénitencier du Grand Téhéran malgré la fin de sa peine, il y a deux ans. Il est privé de traitement médical malgré son cancer et de nouvelles accusations qui ont été portées contre lui pour le maintenir en prison. Les conditions dans le pénitencier du Grand Téhéran sont inférieures aux normes et elles sont inhumaines, et les détenus sont forcés de se soumettre à des travaux forcés.
Source : CNRI, comité des femmes
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