Tout au long de la semaine, l’appareil de propagande du régime iranien a fait de la publicité pour le sermon de la prière du vendredi d’Ali Khamenei, en affirmant que c’était son premier en huit ans. La propagande du régime a atteint un niveau international et a donné l’impression que le Guide suprême des mollahs allait faire une intervention importante.
Mais Khamenei a déçu les attentes. En répétant sa vulgate habituelle, il a simplement tenté de montrer que le système est toujours debout. Mais pourquoi alors Khamenei a participé à la prière du vendredi ?
Dans son discours, Khamenei a parlé de « deux semaines mouvementées » et a fait part de sa crainte des manifestations populaires en Iran et notamment la radicalisation qu’on a observée dans les slogans des manifestants. Ces deux dernières semaines, le soulèvement a été l'événement le plus important en Iran. Il a été à l'origine de toutes les crises dans lesquelles le régime est englouti et qui l’ont paralysé.
Après l’élimination du chef de la Force Qods des Gardiens de la Révolution (pasdaran, CGRI), l’appareil de propagande du régime, comme le font tous les dictateurs, a essayé de rassembler une foule nombreuse pour les funérailles de Soleimani. Le plan était de montrer que le régime jouit toujours du soutien populaire, remonter le moral de ses forces et de prétendre à une légitimité sur le plan international.
En réaction à l’écrasement de l’avion de ligne ukrainien abattu par les pasdaran qui a fait 176 morts, la population est descendue massivement dans la rue, ruinant ainsi les plans de Khamenei. Des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes à travers l’Iran avec le slogan principal de « à bas Khamenei ». Les manifestants ont également déchiré les photos et effigies de Qassem Soleimani et l’on dénoncé comme un criminel. Dans son discours, sans mentionner le slogan de « à bas Khamenei», ce dernier a réagi au sujet des photos déchirées de Soleimani et a mis en évidence le fait que cela a été une action rependue parmi les manifestants.
En participant à la prière du vendredi et en rassemblant des foules, Khamenei avait l'intention de faire une démonstration de force. L'appareil de propagande du régime avait annoncé que les billets de métro seraient gratuits pour la prière du vendredi, amenant en car des gens d'autres villes. Mais ce fut un échec patent. Les observateurs indépendants ont estimé le nombre de personnes ayant participé à la prière du vendredi de cette semaine à 45 000 personnes au maximum. C'est pourquoi les manifestations pro-gouvernementales annoncées pour l’après-midi ont été annulées. En outre, dans son discours, Khamenei a tenu des propos qui ont rappelé le discours du Chah aux derniers jours de son règne.
«La chute du Chah est inévitable»
Le 5 novembre 1978, le Chah s’est adressé aux « jeunes sans espoir qui sont poussés par la passion et l'émotion» : «Je demande aux intellectuels que pour l'instauration d'une véritable démocratie il faut appeler les jeunes au calme et à l'ordre. J'appelle les pères et les mères iraniens qui, comme moi, sont préoccupés par l'avenir de l'Iran et de leurs enfants, à les guider et à les empêcher de participer aux troubles et à l'anarchie, et à les empêcher de se faire du mal et de blesser leur pays sur la base de leurs passions et émotions. »
Dans son discours du 17 janvier 2020, Khamenei a repris les propos du Chah d'une autre manière: «Certaines personnes, incitées par les médias américains et britanniques, ont tenté d'abuser de ce triste incident (la destruction de l’avion ukrainien par les pasdaran), pour faire oublier les funérailles grandioses que nous avions organisées et la dure vengeance que les pasdaran ont mené (missiles lancé sur une base américaine en Irak). En effet, certains sont jeunes et émotifs et d'autres ne veulent pas comprendre et agir pour l'intérêt national. »
« Jeune et émotif» est le nom de code commun au Chah et à Khamenei au sujet des manifestants épris de liberté. Les mêmes manifestants qui ont scandé récemment : « Mort aux oppresseurs, que ce soit le Chah ou le Guide».
Après le discours du Chah, tout le monde était arrivé à la conclusion que la fin de son règne était proche. Le 15 décembre 1978, George Ball, membre du Conseil de sécurité nationale américain et assistant politique du président Jimmy Carter, qui s'est rendu en Iran et a rédigé un rapport sur la situation, a déclaré : «La chute du Chah est inévitable». Ceci alors que peu de temps auparavant, les agences de renseignement américaines avaient affirmé que l'Iran "n'est pas dans une situation révolutionnaire ou même pré-révolutionnaire".
La présence de Khamenei à la prière du vendredi indique que le récent soulèvement des étudiants et du peuple iranien a touché le cœur du régime. Les slogans étaient très révélateurs : « Tant de crimes c’est assez, à bas le Guide suprême », «Commandant en chef, démissionnez, démissionnez», «Nous n'avons pas donné de martyrs pour être complaisant et louer un chef meurtrier», «Mort au dictateur »,« Khamenei est un meurtrier, son règne finie » et « Khamenei, nous sommes le peuple, pas des voyous».
Khamenei a entendu les slogans du peuple et cela l'a forcé à faire sa sortie. Khamenei est venu à la prière du vendredi pour dire, à l’instar du Chah, qu'il a entendu la voix de la révolution du peuple. Tout comme le règne du Chah n'a pas duré longtemps après avoir "entendu la voix de la Révolution du peuple", après cette sortie pathétique de Khamenei, on peut de toute évidence conclure que sa dictature est également en fin de course. Ce n'est pas une revendication, mais une injonction de l'histoire.
Khamenei a entendu les slogans du peuple et cela l'a forcé à faire sa sortie. Khamenei est venu à la prière du vendredi pour dire, à l’instar du Chah, qu'il a entendu la voix de la révolution du peuple. Tout comme le règne du Chah n'a pas duré longtemps après avoir "entendu la voix de la Révolution du peuple", après cette sortie pathétique de Khamenei, on peut de toute évidence conclure que sa dictature est également en fin de course. Ce n'est pas une revendication, mais une injonction de l'histoire.
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