vendredi 31 janvier 2020

Shirin Ebadi dénonce à l'ONU la répression des libertés religieuses


shirin ebadi lettre ONU liberté religieuse bahaïs iranCSDHI - Dans une lettre adressée au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Shirin Ebadi, avocate iranienne et lauréate du prix Nobel de la paix, a fait part de ses préoccupations concernant l’application par le régime iranien de nouvelles restrictions et répressions aux libertés religieuses.

Ces derniers jours, des informations sur l'interdiction de délivrer des cartes d'identité nationales aux citoyens iraniens qui ne font pas partie des quatre religions constitutionnellement reconnues (islam, christianisme, judaïsme et zoroastrisme) ont circulé sur les réseaux sociaux. Cette nouvelle a été accueillie avec une grande inquiétude par les militants des droits humains et les utilisateurs des médias sociaux.
Un exemple de protestation contre l'interdiction de délivrance de la carte d'identité nationale par un utilisateur de Twitter : « Le pays est pris au piège dans un tourbillon de problèmes, et la principale préoccupation de ses députés est d'empêcher ses citoyens d'être officiellement reconnus. »
Mme Ebadi fait partie des critiques de cette nouvelle interdiction de délivrer des cartes d'identité nationales aux minorités religieuses en Iran. Dans sa lettre du jeudi 23 janvier 2020, adressée au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains, elle a exprimé sa consternation face à la création de nouvelles restrictions à l'encontre des adeptes des minorités religieuses par la République islamique, et a exigé l'utilisation de toutes les voies légales pour améliorer les conditions des droits humains en Iran. Elle a précisé que près de 350 000 bahaïs vivent en Iran, ainsi que des yarsans, des yazidis et de nombreux athées. En vertu de cette nouvelle interdiction, ces groupes sont privés de leurs droits civils.
Mme Ebadi a terminé sa lettre en déclarant que « chaque protestation dans ce pays reçoit une réponse par balle ou la prison » et qu'en dépit des nombreux avertissements internationaux et protestations nationales, la situation des droits humains en Iran continue de se détériorer régulièrement et se rapproche d'une crise.
Des copies de la lettre de Mme Ebadi ont également été envoyées au Secrétaire général des Nations Unies, au Rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Iran, au Rapporteur sur la liberté de religion, au Rapporteur sur la liberté d’expression et au Rapporteur sur la détention arbitraire.
Vendredi 8 novembre 2019, lors d'une réunion périodique pour examiner la situation des droits de l'homme en Iran, des représentants de 33 pays, dont les États-Unis, ont critiqué la violation des droits des minorités ethniques et religieuses en Iran, y compris les Bahaïs, et a exigé que le régime iranien respecte leurs droits.
Plusieurs organisations internationales défendant les droits humains, ainsi que le gouvernement des États-Unis, ont condamné à plusieurs reprises la persécution et l'emprisonnement des adeptes des minorités religieuses en Iran.
Javaid Rehman, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains en Iran, en juillet dernier, dans son deuxième rapport sur la situation des droits de l'homme en Iran, a déclaré que si la République islamique n'exécute plus les bahaïs uniquement pour leur croyance religieuse, ils sont toujours menacés de perquisition, de détention et d’emprisonnement. Depuis août 2005, plus de 1 168 bahaïs ont été arrêtés sur des accusations vagues et ambiguës.
Sam Brownback, ambassadeur extraordinaire des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, a déclaré à Voice of America : « Parmi les pays impliqués dans la persécution des minorités religieuses, l'Iran a le record le plus haineux du département d'État américain. Ce régime persécutera et opprimera toute minorité religieuse qu'il jugera inappropriée. »
Source : Iran Press Watch

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