Maltraitance de deux prisonnières incarcérées pour leur militantisme contre le voile
La source s’est entretenue avec VOA Persan lors d’une interview réalisée le 16 octobre en Iran. Plusieurs exemples récents d’autorités de la prison Evine de Téhéran sont décrits. On apprend qu’elles ont infligé un traitement sévère à la militante de 22 ans Saba Kord Afshari et à sa mère, Raheleh Ahmadi. VOA n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le récit de la source car elle ne peut pas faire de reportages en Iran.
Saba Kord Afshari privée de soins médicaux absolument nécessaires
La source a déclaré que si les autorités iraniennes ont permis à Mme Kord Afshari d’être hospitalisée pour des affections graves à trois reprises au cours des derniers mois. Elles l’ont empêchée de recevoir le traitement dont elle avait besoin avant son retour à Evine.
L’organisation de défense des droits humains Amnesty International, basée à Londres, a déclaré que les autorités iraniennes ont forcé Mme Kord Afshari à attendre un an après son arrestation en juin 2019 avant de l’autoriser à effectuer sa première visite à l’hôpital le 29 juin pour des problèmes gastro-intestinaux. Ils étaient préexistants et ils ont été exacerbés en prison.
Amnesty a déclaré que le médecin n’avait pas procédé à un examen complet de Mme Kord Afshari et l’avait envoyée subir une coloscopie, une endoscopie et une échographie.
Mais Mme Kord Afshari n’a pas pu faire ses examens médicaux en raison de son arrivée tardive à l’hôpital. De plus, elle n’avait pas d’argent pour payer. En conséquence, les problèmes de santé de Mme Kord Afshari se sont aggravés depuis son transfert à Evine en août 2019, a ajouté la source.
Des frais médicaux à la charge des prisonniers malgré ce que stipule les règlements carcéraux
Front Line Defenders, un groupe de défense des droits basé à Dublin, a déclaré que les règlements de l’Organisation des prisons iraniennes stipulent que les frais médicaux des prisonniers doivent être payés par le gouvernement. Le groupe a également déclaré que lorsque les autorités ont autorisé Mme Kord Afshari à aller à l’hôpital le 19 septembre, elles ont trompé sa famille en disant qu’elle était dans un autre hôpital pour s’assurer que ses proches ne la rencontreraient pas et ne paieraient pas son traitement.
La sœur de Saba Kord Afshari, Sogand, a rapporté sur Twitter que Saba avait été hospitalisée à nouveau fin septembre pour une blessure à la cheville. Mais elle avait été renvoyée à Evine sans IRM et avec seulement un plâtre à la jambe. Sogand a déclaré que lorsque Saba n’a pas obtenu de rendez-vous de suivi à l’hôpital deux semaines plus tard, elle a ouvert le plâtre elle-même. Son pied était enflé et meurtri.
La source de VOA a déclaré que l’avocat de Mme Kord Afshari, Hosein Taj, a également intensifié son combat pour faire acquitter l’activiste en novembre 2019 par une cour d’appel pour l’accusation d’ « incitation et facilitation de la corruption et de la prostitution » en favorisant le « dévoilement ».
Le « dévoilement » au coeur des poursuites
Un tribunal de première instance avait initialement condamné Kord Afshari en août 2019 pour cette accusation et deux autres – « rassemblement et conspiration contre la sécurité nationale » et diffusion de propagande antigouvernementale – pour avoir retiré son hijab en public dans le cadre d’une campagne de défense des droits des femmes contre les lois iraniennes sur le port obligatoire du voile en public pour les femmes, dirigées par les islamistes.
Le tribunal inférieur a condamné Mme Kord Afshari à 15 ans de prison pour « corruption et prostitution », 7,5 ans pour « rassemblement et conspiration » et 1 an et demi pour diffusion de propagande. La cour d’appel l’a ensuite acquittée de l’accusation de corruption et de prostitution. Cela signifie qu’elle n’aura à purger que la plus longue peine restante, soit 7 ans et demi.
Mais Taj a déclaré dans un tweet en mai qu’il avait découvert que le système judiciaire iranien avait inexplicablement rétabli la condamnation pour corruption et prostitution de sa cliente. Cela signifie qu’elle devrait purger 15 ans de prison au lieu de 7 ans et demi.
La source de VOA a déclaré que Taj avait demandé à la Cour suprême iranienne, fin septembre, de rétablir l’acquittement de Mme Kord Afshari et qu’il attendait une réponse.
La mère privée de permission de sortie
Raheleh Ahmadi, la mère de Saba Kord Afshari, a été arrêtée en juillet 2019. Le régime l’a détenue pendant plusieurs jours pour avoir défendu sa fille. Il a ensuite condamné Ahmadi à deux ans et sept mois de prison pour atteinte à la sécurité nationale. Elle a commencé à purger sa peine à Evine le 20 février.
Pourtant des permissions sont accordées à certains prisonniers
En mars, l’Iran a déclaré qu’il accordait des libérations temporaires ou des permissions de sortie à des dizaines de milliers de prisonniers. Ces prisonniers purgeaient une peine de cinq ans de prison ou moins. Le but était de freiner la propagation du coronavirus dans ses prisons surpeuplées et insalubres.
Selon la source de VOA, Mme Ahmadi n’a pas bénéficié d’une seule permission de sortie depuis son incarcération. Pourtant, elle y avait droit en purgeant une peine de moins de cinq ans. Les membres de la famille de Mme Ahmadi et de sa fille emprisonnée ont demandé à plusieurs reprises au procureur d’Evine des permissions de sortie aux deux femmes. Cependant, le procureur a rejeté les appels, a ajouté la source.
« Lorsqu’une mère est maintenue en prison avec son enfant malade et quand elle voit que son enfant ne peut pas manger à cause d’une maladie gastro-intestinale, elle est tourmentée », a déclaré la source. « Les autorités veulent juste infliger des tortures psychologiques aux prisonniers politiques et aux membres de leur famille. »
Les médias officiels n’ont fait aucun commentaire sur les cas des deux femmes depuis le mois de mai, lorsque des rapports ont confirmé que l’acquittement de Mme Kord Afshari était rejeté.
Les autorités iraniennes ont arrêté Mme Kord Afshari en août 2018. Elles l’ont accusé d’avoir participé à des manifestations de rue anti-gouvernementales. Elles l’ont ensuite condamnée à un an de prison pour avoir prétendument perturbé l’ordre public. Les autorités l’ont libérée en février 2019 dans le cadre d’une grâce générale, à l’occasion du 40e anniversaire de la révolution islamique iranienne de 1979, avant de la réarrêter en juin de la même année.
Source : VOA
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