d’un procès manifestement inique, et le libérer immédiatement.
Les circonstances de la grâce accordée à Hamid Nouri par le gouvernement suédois et de son retour en Iran le 15 juin 2024 confirment les inquiétudes d’Amnesty International, à savoir que les autorités iraniennes ont retenu des ressortissants suédois en otage pour les échanger contre Hamid Nouri. Les Suédois Johan Floderus et Saeed Azizi, également de nationalité iranienne, sont rentrés chez eux le 15 juin après avoir été victimes d’une longue liste de violations des droits humains en Iran. D’après de précédentes conclusions d’Amnesty International, la décision du gouvernement suédois de libérer Hamid Nouri contribue à la crise de l’impunité en Iran et encourage également les autorités iraniennes à commettre de nouveaux crimes en vertu du droit international, y compris la prise d’otages, sans crainte de conséquences, porte atteinte au droit à la justice et à des réparations pour les victimes et leurs familles, et soulève des inquiétudes quant à la détermination du gouvernement suédois à respecter ses obligations en vertu du droit international.
Amnesty International a déjà mis en garde contre le fait que les autorités iraniennes ont pris Ahmadreza Djalali en otage et menacé de l’exécuter pour contraindre des tierces parties à l’échanger contre d’anciens responsables iraniens déclarés coupables et/ou en cours de jugement à l’étranger, mais aussi pour faire barrage à d’éventuelles poursuites contre d’autres responsables iraniens. Le 19 décembre 2023, la Cour d’appel de Svea Hovrätt a confirmé la condamnation et la peine de réclusion à perpétuité d’Hamid Nouri, prononcées par le tribunal de district de Stockholm le 14 juillet 2022. Le lendemain, le 20 décembre, les médias officiels iraniens ont diffusé une vidéo de propagande présentant les « aveux » forcés d’Ahmadreza Djalali, qui a entre autres reconnu être un espion pour le compte d’Israël. Dans une lettre rédigée en prison en août 2017, Ahmadreza Djalali indiquait que
pendant cette période, il avait subi des actes de torture et des mauvais traitements destinés à le contraindre à « avouer » qu’il était un espion. Les agents ont notamment menacé de l’exécuter et de blesser, voire tuer, ses enfants, qui vivent en Suède, et sa mère, qui vivait en Iran et est décédée en 2021. Dans cette même lettre de 2017, Ahmadreza Djalali disait être détenu uniquement pour avoir refusé de mettre à profit ses relations universitaires au sein des institutions européennes pour espionner pour le compte de l’Iran. La vidéo de propagande du 20 décembre 2023 comprenait les « aveux » forcés de Habib Chaab, un ressortissant irano suédois exécuté arbitrairement en secret le 6 mai 2023 par les autorités.
Ahmadreza Djalali est un médecin et universitaire qui vivait en Suède et était également professeur invité spécialisé dans la médecine de catastrophe à l’Université Vrije de Bruxelles. Il a été arrêté arbitrairement le 26 avril 2016, alors qu’il se trouvait en Iran pour des raisons professionnelles. Il a été détenu à la section 209 de la prison d’Evin, qui dépend du ministère du Renseignement, durant sept mois, dont trois à l’isolement prolongé, sans pouvoir consulter un avocat. En novembre 2017, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a demandé à l’Iran de libérer Ahmadreza Djalali immédiatement et de lui accorder le droit d’obtenir réparation, notamment sous la forme d’une indemnisation. Il a aussi conclu que le non-respect de son droit à un procès équitable avait été d’une gravité telle « qu’il confér[ait] à la privation de liberté de M. Djalali un caractère arbitraire ». De fin novembre 2020 à début avril 2021, des agents du ministère du Renseignement ont soumis Ahmadreza Djalali à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements alors qu’il était détenu au secret à l’isolement prolongé dans la section 209 de la prison d’Evine. Pendant cette période, ils ont laissé une lumière vive allumée dans sa cellule 24 heures sur 24, ce qui, a-t-il indiqué, a eu un fort retentissement sur sa santé mentale, et l’ont fait dormir par terre sur une mince couverture durant plus de cinq mois.
Tout au long de sa détention arbitraire, les autorités iraniennes lui ont refusé l’accès à des soins de santé adéquats et en temps opportun. Le 3 juillet 2024, alors qu’il était en grève de la faim, il a été brièvement transféré à la clinique de la prison d’Evine, après avoir été malade avec un pouls faible, et on lui a administré des liquides par voie intraveineuse.
À la suite du soulèvement « Femme, Vie, Liberté » de septembre à décembre 2022, les autorités iraniennes ont renforcé leur recours à la peine capitale dans le but de répandre la peur au sein de la population et de resserrer leur emprise sur le pouvoir. En 2023, les autorités iraniennes ont procédé à au moins 853 exécutions et, en 2024, elles ont poursuivi les exécutions et procédé à au moins 274 exécutions au 30 juin, selon le Centre Abdorrahman Boroumand pour les droits humains en Iran.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.
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