lundi 27 janvier 2020

Devenir porteur, l'ultime recours de plus en plus de femmes


femmes porteurs iranCSDHI - Le nombre de femmes et de jeunes travaillant comme porteurs en Iran (ou porteurs de dos) a considérablement augmenté dans les provinces frontalières iraniennes du Kurdistan, de l'Azerbaïdjan occidental et de Kermanshah.

Cela a été rapporté par le quotidien d'Etat Hamshahri le 22 janvier. La crise du chômage en Iran est l'une des raisons pour lesquelles les femmes ont été entraînées vers cet emploi. Les femmes doivent porter de lourdes charges sur les chemins montagneux difficiles des frontières occidentales de l'Iran, pour subvenir à une partie de leurs besoins économiques.
Le nombre de femmes travaillant comme porteurs et portant de lourdes charges sur le dos a rapidement augmenté de sorte que ce travail n'est plus un emploi exclusivement masculin, et les hommes se sont habitués à la présence des femmes comme porteuses.
Les porteurs de manière général font face à une pléthore de dangers et de menaces dans la région frontalière. La menace devient encore plus importante si l'on considère la présence d'un nombre croissant de femmes.
Halaleh Amini, représentante de la province du Kurdistan iranien au Conseil suprême des provinces, a déclaré : « Il est très regrettable que nous soyons confrontés à des femmes et des filles qui doivent se déguiser en hommes et rejoindre la longue file des porteurs. » (Agence de presse Tasnim - 10 octobre 2019)
Beaucoup de ces femmes craignent de perdre leur emploi si elles parlent aux médias et seules quelques-unes parlent de leurs souffrances.
Une jeune femme au fort accent kurde s'est présentée comme Hiva. Son père était également porteur et elle marchait avec lui jusqu'au pied de la montagne.
Hiva dit : « Chaque fois que mon père allait au travail, je ne pouvais pas dormir avant le matin. Et je l'attendais tant qu’il n’était pas rentré… Nous étions cinq sœurs et notre père travaillait comme porteur et faisait tout ce qu'il pouvait pour payer de quoi nous nourrir. »
Hiva a ajouté : « Un jour, il y a sept ans, mon père est allé en montagne et il n'est jamais revenu. Nous n'avions plus de soutien de famille, nous avons donc dû faire quelque chose pour sauver nos vies. »
« Malheureusement, je ne suis pas très forte et je ne peux pas aller (au travail) très souvent. Chaque fois que je transporte les marchandises et que je reviens, je souffre de maux de dos pendant plusieurs jours. »
Maryam est une jeune femme qui travaille comme porteuse pour gagner sa vie et celle de sa fille. Elle a divorcé de son mari parce qu'il était toxicomane.
Maryam dit : « Je n'ai pas d'autre choix pour payer les dépenses de ma fille. Depuis huit ans que je travaille comme porteuse, j'ai rencontré de nombreuses personnes différentes. Chacun choisit ce travail en fonction de certaines circonstances. Certains ont une maîtrise, mais ne trouvent pas d’emploi. Certaines personnes sont vieilles. À 65 ans, elles n'ont pas d’assurance pour les aider. Elles doivent donc emprunter des chemins difficiles pour subvenir aux dépenses de leur famille. Leurs épaules se brisent tellement qu'elles doivent traverser ces montagnes. »
Une vieille femme ne peut pas parler le farsi. Elle parle de ses douleurs au fil des ans et sa fille traduit. Elle a vu un homme marcher sur une mine juste devant ses yeux. Elle et d'autres porteurs abandonnent leurs charges et emmènent le blessé à la clinique du village le plus proche par une mule. Leurs vêtements étaient trempés de sang et ils pleuraient.
La vieille femme dit : « Chaque fois, après avoir dit au revoir à mes enfants, je pense à la possibilité que je ne revienne pas, alors je me demande, qu’arrivera-t-il à mes enfants ? »
Elle a également parlé des jours où elle a économisé de l'argent pour acheter des marchandises, mais au milieu du chemin, les forces de sécurité ont saisi ses marchandises et l'ont renvoyée chez elle les mains vides.
Source : Iran HRM

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