Une conférence en ligne intitulée «Perspectives iraniennes : pour une politique avisée» a été organisée le 15 avril par le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID), avec la participation de parlementaires français et Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). La députée Michèle de Vaucouleurs, présidente du CPID, a présidé la réunion.
Voici un extrait de l’intervention du député de la Manche et vice-président du CPID, Philippe Gosselin :
On doit en effet noter une date très particulière qui restera comme une date fondatrice : c’est celle du 4 février 2021. C’est un jugement assez extraordinaire qui a été rendu par un tribunal d’un pays membre de l’Union européenne, une union dont les standards juridiques sont respectés, où les droits de la défense sont évidemment respectés. Et c’est donc une juridiction démocratique qui a condamné – une condamnation claire et sans appel – un diplomate terroriste et ses acolytes, à 20 ans de prison.
Premier point. Ce n’est pas au bénéfice du doute. Ce n’est pas une peine secondaire, c’est une lourde condamnation.
Second point. C’est une condamnation d’un diplomate.
Et troisièmement, condamnation d’un diplomate qui est accrédité par les grands pays. Il y a donc des liens évidents, des liens officiels entre ce diplomate. Le pays en question ? l’Iran, qui et donc le commanditaire, forcément.
Duplicité
C’est la démonstration d’une forme de duplicité. Une duplicité de ce régime qui se prétend ami, qui prétend vouloir entretenir de bonnes relations avec le monde entier, mais qui, en réalité, transpose sur le sol européen et sur des territoires de pays qu’il considère quand même plutôt comme ennemis. En tout cas, en ayant loué des relations diplomatiques, qui transpose le visage de la violence de ce régime, au risque énorme d’entraîner la mort de dizaines, voire de centaines de personnes. Car au mois de juin 2018, nous étions très nombreux à Villepinte. La présidente de Vaucouleurs, comme d’autres collègues et moi-même, pouvons évidemment personnellement en témoigner, aux côtés de la présidente et de nos amis de la résistance iranienne.
Et si cet attentat n’avait pas été déjoué, c’eut été un véritable carnage. Le mot, n’est pas trop fort. Les liens sont établis, y compris avec des entreprises de déstabilisation de renseignement clairement organisées, alors Il faut les dénoncer.
Réactions françaises tièdes
Je trouve, comme d’autres collègues, comme d’autres intervenants, que les réactions françaises ont été relativement tièdes, timorée.
On s’est bien sûr contenté…Je dis, bien sûr, parce que j’attendais plus que se contenter a minima d’expulsion parce qu’on ne pouvait pas faire moins. Mais je n’ai pas vu ni entendu de grandes protestations avec force. C’est tout fait. Tout se passe comme si, finalement, il ne fallait pas brusquer les choses. Oui, il y a un jugement, mais voilà. En gros, c’est en Belgique et ce n’était pas en France. Oui, sauf que Villepinte, c’est bien en France et on devrait tirer toutes les conclusions qui s’imposent. Et si on a un régime qui manie la duplicité en Iran, Il ne faudrait pas que nos propres réactions françaises et européennes elles-mêmes, soient empreintes d’une forme de duplicité.
On nous balade sur le nucléaire
D’autant moins qu’un autre sujet est important. Il a déjà bien sûr été évoqué c’est le nucléaire iranien. On nous balade depuis suffisamment de temps. Nous exigeons de rester vigilants. Il ne faut absolument pas pour la stabilité, la sécurité dans la région et ailleurs dans le monde que le feu Nucléaire, soit dans les mains des mollahs, il ne le faut pas.
On voit les tentatives de déstabilisation qui existent déjà et sans la bombe. Des pays sont aujourd’hui au bord du gouffre, notamment dans le bassin méditerranéen, parce que l’influence est très forte. Je pense au Liban, il y a bien sûr d’autres facteurs, mais le facteur iranien est aussi très présent et chacun le sait bien sans se cacher derrière son petit doigt.
Les masques sont tombés
Alors, pas de duplicité, un regard clair. Et je crois que si nous devons poursuivre nos relations avec l’Iran, cela me paraît nécessaire, indispensable, nous devons très clairement davantage les conditionner parce que les masques sont réellement tombés. Nous devons les conditionner. Nous devons être davantage exigeants, évidemment, à l’égard du ministre Zarif, à l’égard des dirigeants et évidemment, Khameneï et Rohani, à l’égard de toutes celles et tous ceux qui représentent l’Iran partout dans nos ambassades. Nous devons être vigilants avec ce corps des Gardiens de la révolution qui a clairement énoncé ce qu’il était par la condamnation d’Assadi. Nous devons donc participer à cette montée de protestations, de contrôle et je souhaiterais, en ce qui me concerne en tant qu’élus français, parlementaires français, que la France, sans enfourcher un cheval de guerre dont on ne mesure pas toujours bien les conséquences, soit à la pointe de la vigilance, de la contestation et qu’elle puisse montrer la voie en Europe.
Le diplomate Assad venait de Vienne, il a été jugé en Belgique. Il y a d’autres ramifications. L’attentat a été lui-même fomenté pour viser des Français et plus largement, mais en tout cas sur le sol français. Il y a donc bien des implications européennes d’un grand ensemble qui est cohérent et qui est lié par des standards démocratiques que nous connaissons.
Donc aucune naïveté. Je crois encore une fois que les masques sont tombés puisque Madame la présidente, vous preniez les paroles du général de Gaulle. Effectivement, il faut souhaiter que la résistance ne s’éteigne pas, que la résistance soit toujours bien vaillante, mais pour cela, elle a besoin qu’on puisse l’aider à entretenir la flamme que les Iraniens qui sont encore en Iran, qui sont aujourd’hui dans la souffrance, bien sûr, de la Covid, mais aussi la souffrance du quotidien, de l’approvisionnement, parfois de la vie dans les villes et dans les campagnes.
Je pense aussi à tous ces étudiants qui ont une approche culturelle intellectuelle extraordinaire parce que votre histoire, votre avenir, est aussi très grand. Je pense à tout ce peuple iranien qui nous oblige. Et encore une fois, effectivement, et au-delà des paroles du général de Gaulle que nous faisons notre bien évidemment, nous voulons vous réaffirmer notre totale soutien, notre engagement à vos côtés et notre foi dans votre plan en dix points qui rejoint ce que nous attendons d’un Etat démocratique où chacun pourrait vivre et s’exprimer dignement.
Je crois que tout cela n’est pas nécessairement pour demain matin. Je le dis avec regret, mais réellement, nous avançons jour après jour. Nous n’étions pas en mesure de pouvoir imaginer, il y a encore quelques temps, que certains développements de justice, comme ce tribunal d’Anvers et d’actualité, pourraient aussi nous rattraper. Donc, à vos côtés dans la durée ? Parce que si ce n’est pas demain, cela ne peut être qu’après demain et donc très rapidement. Vive l’Iran !
Vive le peuple iranien ! Et merci à tous ces amis qui ont foi dans ce beau et noble et grand pays, beau et noble, grand peuple.
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