jeudi 28 octobre 2021

Iran : Le refus de criminaliser les crimes d’honneur est un permis de tuer

 CSDHI – Les crimes d’honneur en Iran sont en augmentation, malgré les protestations et l’activisme, actuels.

Encouragement des mollahs à la violence envers les femmes

En fait, le régime clérical perpétue et encourage systématiquement diverses formes de violence à l’égard des femmes. Il n’existe pas de statistiques exactes sur les crimes d’honneur en Iran. Toutefois, ces derniers mois, les médias et le cyberespace ont signalé de nombreux cas.

En décembre 2019, l’agence de presse officielle ISNA a écrit à ce sujet dans un document se référant à des recherches universitaires. En effet, il est dit qu' »entre 375 et 450 cas de crimes d’honneur se produisent chaque année en Iran ». L’agence ajoute que « les crimes d’honneur en Iran » représentent environ 20 % de tous les meurtres et 50 % des meurtres familiaux.

L’Iran est l’un des quatre pays qui n’ont pas adhéré à la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Les lois du régime clérical ne considèrent pas, un père ayant tué son enfant, comme un meurtrier. Ainsi, pour lui, la justice n’envisage pas la peine pour meurtre.

Galaleh Sheikhi, Faezeh Maleki, Mobina Souri, Sargol Habibi font partie des dernières victimes des crimes d’honneur en Iran.

La non-criminalisation des crimes d’honneur en Iran

Dans de nombreux crimes d’honneur commis contre des jeunes femmes, la police et le système judiciaire agissent avec négligence. Ce qui revient à un permis de tuer. Ainsi en témoignent les cas de Romina Ashrafi, tuée par son père à Gilan. Sargol Habibi, tuée par son mari à Sanandaj. Et les meurtres de Bayan et Sahar Moradi. En dernier lieu, le meurtre de Mobina Souri, 14 ans, assassinée par son mari.

Le meurtre de Faezeh Maleki, 22 ans, début octobre, a déclenché un débat cinglant sur la tragédie des crimes d’honneur en Iran.

Faezeh Maleki, 22 ans, est morte dans un hôpital de Sanandaj, le dimanche 3 octobre 2021. Un jour plus tôt, un incendie avait brûlé son corps à plus de 85%.

Faezeh Maleki était une veuve qui avait l’intention de se remarier avec l’homme de son choix. Cependant, son père n’était pas d’accord avec son mariage. Selon les dernières informations, il l’a emprisonnée dans les toilettes d’un jardin. Par la suite, il l’a aspergée d’essence et l’a immolé par le feu, dans la nuit du samedi 2 octobre 2021.

Le chirurgien de Faezeh, Iman Navvabi a diffusé la nouvelle de l’état de sa patiente sur les médias sociaux. Elle avait confié au médecin que son père lui avait mis le feu.

Le jour suivant, on a retiré le post du Dr Navvabi des médias sociaux.

Le père de Faezeh a déclaré que sa fille s’était auto-immolée et qu’il s’était brûlé les mains en essayant d’éteindre le feu.

Le bureau du médecin légiste n’a pas pratiqué d’autopsie sur le corps de Faezeh ni délivré de document mentionnant légalement la raison de son décès.

Les organismes gouvernementaux ou judiciaires ne se sont pas saisis de l’affaire. Ainsi, personne n’a interrogé son père. Certains responsables ont déclaré à la presse et aux médias officiels que l’affaire n’avait pas de plaignant privé et qu’il s’agissait apparemment d’un cas d’auto-immolation.

La famille de Faezeh a empêché un militant des droits des femmes d’interroger la jeune sœur de Faezeh qui accompagnait son père et sa sœur dans le jardin le jour de l’incident.

L’homme qui allait épouser Faezeh a déclaré qu’elle était pleine d’espoir. « Je ne crois pas que Faezeh se soit suicidée », a-t-il déclaré, ajoutant : « Deux jours avant l’incident, on était sans nouvelles de Faezeh. Son père l’avait retenue dans les toilettes du jardin. On ne peut pas fermer la porte des toilettes de l’intérieur. De toute évidence, quelqu’un avait fermé la porte de l’extérieur. »

Le 4 octobre 2021, le procureur général et public de Sanandaj, Mohammad Jabbari, a annoncé qu’il allait sanctionner le médecin qui a rendu l’affaire publique .

Quelle est la raison des crimes d’honneur en Iran ?

Différentes analyses s’appuient sur les lois misogynes du régime clérical et la culture patriarcale institutionnalisée dans la société et les familles iraniennes.

Selon une militante des droits des femmes, les crimes d’honneur en Iran sont publiquement expliqués comme étant dus à des « divergences familiales ».

Rezvan Moghaddam, qui a documenté les crimes d’honneur en Iran au cours des dernières décennies, remet en question cette justification. Elle déclare : « Il s’agit simplement d’un effort pour dissimuler la vérité. Par exemple, quelle pourrait être la divergence familiale entre un père et sa fille de 13 ans ou entre un frère et sa sœur aînée ? Il y a d’autres raisons derrière ces différends.

« Dans d’autres cas, les familles considèrent le divorce comme un déshonneur. Pour protéger la dignité de la famille, les parents masculins assassinent une femme qui demande le divorce. Encore une fois, ceci est expliqué sous le titre de ‘divergences familiales’.

« Leurs fiancés tuent certaines femmes pour avoir dit non à leurs propositions. Ces meurtres ont lieu parce que l’homme croit que le corps de sa fiancée lui appartient. Il considère sa réponse négative comme une insulte pour lui-même. Je crois que les crimes d’honneur sont ancrés dans le sentiment de « posséder le corps et la vie d’une femme », et tout meurtre ancré dans ce sentiment de propriété est considéré comme un crime d’honneur. »

Rezvan Moghaddam déclare : « En général, le gouvernement iranien sanctionne la violence contre les femmes. Les médias officiels déforment les informations sur les meurtres de femmes. La violence à l’égard des femmes n’est pas criminalisée. Le manque d’abris sûrs pour les femmes battues et l’absence d’enquêtes judiciaires sérieuses ont rendu la vie des femmes très difficile. Les statistiques sur la violence augmentent de jour en jour. On peut voir de manière palpable la collaboration entre les régimes politiques, juridiques et patriarcaux contre les femmes. »

Les lois iraniennes ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains indépendants

Un coup d’œil à la collection de lois iraniennes sur les femmes révèle que le régime juridique iranien ne considère pas les femmes comme des êtres humains indépendants en raison de leur sexe. Ce point de vue fournit systématiquement une autorisation légale pour la violence sous toutes ses formes et en particulier pour le meurtre d’une femme, a déclaré Moghaddam.

La structure juridique aide l’ordre patriarcal et les traditions réactionnaires à convaincre la société que les femmes doivent être possédées.

En examinant l’article 301 et le grand nombre de filles tuées par leur père, on découvre que la plupart de ces meurtres ont pour but de protéger la dignité du père.

Les articles 612 et 630 de la loi islamique sur les châtiments concernent les femmes. Dans ces articles, le pouvoir judiciaire n’est pas responsable. Il accorde la décision légale au meurtrier. Ainsi, la violence à l’égard des femmes trouve ses justifications légales et sa licence. Elle est mise en œuvre sur la base de vues patriarcales et de traditions réactionnaires.

Source : Iran HRM

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