Le samedi 10 septembre 2016, Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence de Colombie, intervenait au siège du Conseil national de la Résistance iranienne à Auvers-sur-Oise, pour célébrer le succès de la réinstallation des résidents du camp Liberty qui ont quitté l'Irak pour rejoindre l'Europe.
Lors de cette cérémonie en présence de personnalités françaises, européennes et arabes, et de la présidente élue de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi, elle a exprimé son parcours aux côtés de la Résistance iranienne.
Voici l’intervention d’Ingrid Betancourt :
Hier soir, j'ai passé des moments extraordinaires à regarder la vidéo qui m'a été envoyée avec les premières images des résidents d'Achraf, les derniers à quitter l'horrible camp de Liberty et à arriver à la liberté. À la liberté en Albanie.
Et c'est vrai qu'en regardant ces images, j'ai eu une profonde émotion parce que je me suis sentie revivre ma propre libération. Je pouvais tout à fait comprendre les sentiments souvent très contradictoires de ces hommes et de ces femmes qui arrivaient dans ce monde tellement espéré, tellement extraordinaire, le monde de la liberté et en même temps avoir l'angoisse de se dire et maintenant qu'est-ce qui nous attend ?
Ces émotions, je dois le confesser, m'ont fait pleurer hier soir parce que évidemment je revivais ma propre vie. Je revivais d'autant plus ma propre vie que durant toutes ces années où je vous ai accompagnés, je me suis promenée, main dans la main, avec beaucoup d'entre vous dans les pays d'Europe, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre et évidemment ici en France, pour faire comprendre, pour défendre, pour expliquer, pour obtenir le soutien de beaucoup de gens dont nous avions besoin pour que ce miracle d'aujourd'hui soit possible. Et c'est là que j'ai rencontré ces familles, les enfants, les frères, des sœurs, des parents de ceux qui étaient dans le camp Liberty. Et chaque fois que je les embrassais, j’embrassais à travers eux mes enfants et ma mère qui, alors que j'étais en captivité, faisaient ce que eux étaient en train de faire : frapper aux portes, appeler au secours, parler.
Donc hier soir en regardant ces images, je pensais à eux, à ces familles, à leur soulagement, à leur profonde joie. Et je sais que vous êtes là. Il y a ici parmi nous de ces personnes qui sont dans le bonheur de savoir que ça y est, leur père, leur mère, leur sœur, leur tante, maintenant sont à l'abri, sont sains et saufs et que bientôt vous pourrez les embrasser. C'est une profonde joie que je partage avec vous.
Mais peut-être ce qui m'a le plus émue depuis hier soir, je dois le dire avec beaucoup de tendresse, c'est le sourire de victoire de Maryam. Comme Alejo Vidal-Quadras l’a très bien dit, c'est aussi ma présidente, c'est notre présidente. C'est celle qui a gagné notre cœur.
Faire face à l'ignominie.
Évidemment je voudrais remercier tous ceux qui nous ont aidés à parcourir ce chemin si difficile, mais c’est vers Maryam que je dois me tourner aujourd'hui. Parce que j'ai vu son combat, j'ai vu cette femme fragile et si belle faire face aux plus viles des commentaires et des attaques qui étaient lancés sur Internet pour dire des infamies cruelles et dangereuses. Je me rappelle combien j'ai dû me battre avec autant d'entre vous, pour convaincre par exemple les fonctionnaires de l'ONU que Maryam n'était pas cette femme qui voulait administrer une secte de fous en sa propre faveur. J'ai vu comment avec son humilité, avec sa bonté, avec son intelligence, avec sa prudence, elle a conquis un à un tous les cœurs.
C'est vrai que ce combat nous l’avons fait contre des millions et des millions de dollars qui ont été versés en cadeaux ou en pression à toutes sortes d’officiels, partout dans le monde, en Europe, aux États-Unis, pour fermer la porte d'abord à la crédibilité de Maryam, mais aussi à la possibilité que l'OMPI puisse survivre comme organisation de résistance aux ayatollahs de l'Iran. Et elle a réussi, juste avec sa foi, son courage, sa force, à faire face à l'ignominie.
Donc, quand j'ai vu le sourire de Maryam - que nous avons tous vu et qui nous a chauffé le cœur - j'avais en contraste ses larmes, quand pendant tellement d'années nous avons vu sur les écrans, nous tous réunis, les images des horreurs qu'ont subies les résidents, d'abord à Achraf ; lorsque la nuit avec des chars de mitrailleuse, avec des haut-parleurs ils sont venus pour les chasser. Une attaque de haine, une attaque de vengeance, une attaque dans le mensonge, en disant en plus que c'était en réponse à une attaque des Achrafiens. Rappelons-nous, c'était ces images d'hommes et de femmes ensanglantés qui sont morts dans les bras de leurs amis, parce qu’on leur a interdit d’être transportés à l'hôpital.
Rappelons-nous les nuits, mais c’était hier encore, lorsque nous savions que les derniers allaient sortir du camp Liberty et que notre cœur palpitait, en croisant les doigts, en priant Dieu pour que le régime d'Iran ne réussisse pas à envoyer une dernière bombe, à organiser un dernier événement pour empêcher que les derniers d'Achraf puissent arriver à la véritable liberté. Et ça c'est Maryam, c'est son combat et c'est sa victoire.
Parce que si hier et avant-hier et il y a un mois, et il y a un an, soudain la communauté internationale a commencé à comprendre ce qu'était le combat des Moudjahidine du peuple, c'est grâce à elle. Si le département d'État américain qui, rappelez-vous, avait fait des pieds et des mains pour empêcher que la justice américaine puisse enlever et exiger que l'OMPI soit retirée de la liste des terroristes, c'est ce même département d'État qui hier prenait les mesures dans son intelligence et dans son expérience pour obtenir que nos frères et sœurs d'Achraf arrivent sains et saufs en Albanie. Et ce changement, c'est plus qu'un changement de politique, c'est un changement de cœur. Et ça, c'est l'œuvre de Maryam Radjavi.
Maryam Radjavi est la seule à montrer le véritable visage d'un islam respectueux des droits de l'homme
Ainsi donc, si je dois nous féliciter aujourd'hui, je dois nous féliciter du leader qui est le nôtre. Parce que ce combat n'est pas seulement le combat des Iraniens, il n'est pas seulement le combat des Moudjahidine du peuple, ce combat est le combat des Français et des Françaises qui ont été victimes du terrorisme ici en France et des Belges et des Allemands, et de tout ceux qui en Syrie et au Moyen-Orient doivent se battre contre la folie meurtrière du fondamentalisme islamique.
Maryam Radjavi est la seule à montrer en ce moment le véritable visage d'un islam respectueux des droits de l'homme, d'un islam qu’elle a qualifié de façon extraordinaire, en disant que c'était l'islam de l'émancipation et de la compassion. Et c'est à cet Islam là que nous devons faire appel partout dans le monde, car c'est en unissant les cœurs de ceux qui, faisant de la vérité, de l'humanité, de la générosité et de l'amour, la force de notre vie, c'est tous ensemble – nous sommes la majorité dans le monde, j'en suis convaincue – c’est cette majorité silencieuse mais puissante qui va aider Maryam à rendre la liberté, la dignité et l'amour au peuple iranien. Merci Maryam.
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