Tribune de Genève - par Massoumeh Raouf*- Depuis plusieurs semaines, la diffusion sur les réseaux sociaux d’une bande audio bouleversante de la rencontre, le 15 août 1988, entre Montazeri, le dauphin déchu de Khomeiny, et des membres de la «commission de la mort», lève le voile sur l’ampleur du massacre des prisonniers politiques en Iran.
L’ayatollah Montazeri interpelle les responsables chargés de ce génocide: «Le plus grand crime commis sous le règne de la République islamique, pour laquelle l’histoire nous condamnera, a été commis par vous. Vos (noms) seront gravés dans les annales de l’histoire comme des criminels.»
Mon frère cadet Ahmad Raouf Bachari-doust fait partie des 30 000 victimes de cette folie meurtrière en été 88. Une plaie restée ouverte, puisque vingt-huit ans après, nous n’avons pu faire notre deuil, les bourreaux n’ont jamais dit à ma famille ni aux autres où ils avaient enterré les corps.
Ahmad n’avait que 16 ans, en 1982, alors qu’il s’est fait arrêter chez nous, dans un raid des gardiens de la révolution, pour avoir participé à des meetings des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Il a été condamné à 5 ans de prison et fut torturé.
Je n’ai reçu une lettre d’Ahmad qu’en mars 1988: «Si je voulais te raconter tout ce que j’ai vécu durant ces années, je pourrais écrire des volumes.»
Il avait été libéré et s’apprêtait à quitter le pays pour rejoindre la résistance.
J’attendais son arrivée. Des jours d’attente qui n’en finissaient pas. J’ai appelé mon père qui m’a déclaré avec surprise: «Mais il n’est pas avec toi? Il nous a dit adieu pour venir te voir. Où est-il alors?» Mon père est allé à sa recherche de prison en prison. Il n’a trouvé ni nom, ni trace, ni tombe.
En 1991, le régime a enfin avoué qu’il l’avait exécuté dans la prison d’Oroumieh. Ahmad avait été arrêté près de la frontière et exécuté.
Quant aux membres de la commission de la mort, ils n’ont toujours pas été punis et continuent d’occuper des postes clés: Pour-Mohammadi est ministre de la Justice de Rohani, Nayyeri est l’actuel chef de la Cour suprême chargé du clergé, Raïssi est nommé par le Guide suprême à la tête de la puissante fondation AstanéQods après avoir été procureur général…
Mais «le peuple iranien ne renoncera jamais à sa demande de poursuite de chacun des dirigeants du régime impliqué dans ce massacre» comme l’a si bien dit la présidente élue de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi.
Les Nations Unies doivent prendre les dispositions politiques et juridiques nécessaires en ce qui concerne les poursuites internationales des dirigeants du régime pour ce crime contre l’humanité.
* Membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI)
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