Les membres du gouvernement de Rohani ont choisi quels prisonniers politiques allaient être exécutes. Pourrait-il y avoir des arguments sérieux qui retiennent la vérité concernant le bilan des droits de l’Homme du gouvernement Rohani avant et après que Rohani ait pris ses fonctions en 2013 ? Sinon, pourquoi est-il enterré sous le succès supposé de l’accord sur le nucléaire et l’échange de prisonniers en janvier ? Gulio Terzi, l’ancien ministre des Affaires étrangères répond à ces questions et plus dans son article publié dansNewsWeek le 23 septembre.
Voici l’article complet :
Les États-Unis affirment que les 400 millions de dollars payé à l’Iran étaient un « levier » pour la libération de prisonniers.
Le président Hassan Rohani a assisté à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York jeudi. Une fois encore, cela a amené le président iranien et son homologue américain dans des endroits très proches, cette fois-ci, plus d’un an après l’accord sur le nucléaire.
La visite attendue de Rohani et de ses collègues pose une question essentielle : est-ce que le gouvernement Obama et ses alliés politiques défieront finalement le gouvernement iranien sur ses abus des droits de l’Homme qui ont été ignorés alors que le dénouement des négociations sur le nucléaire restait incertain ?
Le plan global d’action conjoint a été mis en place en janvier, et à ce moment-là, il était toujours montré par ses soutiens occidentaux comme une porte vers un Iran modéré à l’avenir.
Cette déclaration a été renforcée par le fait que l’Iran a accepté, dans la même période, de relâcher cinq Américains qui avaient été emprisonnés sous de fausses accusations par le pouvoir judiciaire iranien.
Plus récemment, cependant, il est apparu que cette libération avait été facilitée non seulement par des contacts diplomatiques renoués entre l’Iran et les États-Unis, mais surtout par le fait que le gouvernement Obama a accepté de payer « un acte de dettes » de 1,7 milliard de dollars, que beaucoup de critiques décrivent comme une rançon.
De plus, de nouveaux faits mettent à jour le fait que l’Iran n’aurait pas rempli ses parts de l’accord sur le nucléaire au moment où celui-ci a été mis en œuvre. La levée des sanctions économiques, alors, était une concession spéciale du président Obama et d’autres législateurs occidentaux impatients de commencer une nouvelle ère de relations avec la République islamique, peu importe si le régime iranien méritait un tel changement.
Comment Téhéran a-t-il remercié un tel changement ? Il a continué ses mêmes provocations, en les intensifiant même sous certains aspects.
En août, les forces navales du corps des gardiens de la révolution islamique ont entrepris des manœuvres pour menacer des navires de guerre américains qui passaient dans le Golfe Persique. Dans au moins un incident, un bateau américain a été contraint de tirer des missiles d’avertissement dans l’eau pour que les navires qui approchaient partent et arrêtent leur démonstration de « déferlement de tactiques » de l’Iran.
Plus tôt ce mois-ci, les médias d’État ont également diffusé la propagande des Pasdarans décrivant les navires et l’aéronef américain comme ayant été détruits dans les zones maritimes iraniennes. Pratiquement toutes les nouvelles déclarations ou actions émanant de Téhéran semblent être plus agressives les unes que les autres.
Il est difficile de dire à quel point la séduction des supposés modérés iraniens par les gouvernements occidentaux a été justifiée par l’ignorance et combien elle l’a été par la déception. Mais il est clair qu’aucune de ces justifications ne peut rester intacte plus longtemps – pas même par l’assemblée générale de l’ONU.
Le catalogue en augmentation des provocations iraniennes suggère que le temps est venu pour la communauté internationale de défier sérieusement ces soi-disant modérés qui ne se mettent pas en travers de ces activités dangereuses.
Mais cela souligne également le fait que la communauté internationale doit depuis longtemps défier le gouvernement Rohani sur d’autres sujets.
Sur le fait que le bilan du gouvernement sur les droits de l’Homme a toujours sous-estimé les déclarations modérées, et c’est peut-être pour cette raison que la Maison-Blanche et ses alliés enterrent les droits de l’Homme sous le succès supposé de l’accord sur le nucléaire et l’échange de prisonniers en janvier.
Aujourd’hui cela devrait être clair qu’il n’y a pas de telle modération. Il n’y a plus d’argument sérieux pour retenir la vérité sur le gouvernement de Rohani et son bilan sur les droits de l’Homme avant et après que Rohani soit rentré en fonction en 2013.
Il n’y a plus de raison de croire que Rohani est différent de tous ses autres collègues au sein du régime iranien jusqu’à maintenant, et notamment au moment du massacre de 30 000 prisonniers politiques pendant l’été 1988, des membres de l’organisation des moudjahidines du peuple d’Iran.
Une information récente sur le massacre montre que tous ces fonctionnaires qui ont montré une opposition sur ce sujet ou les droits de l’Homme ont été évincés du régime. Ceux qui ont participé, et notamment ceux qui ont participé activement, ont été généreusement récompensés et sont généralement devenus des membres du régime d’aujourd’hui.
Cela comprend des membres du gouvernement Rohani comme le ministre de la Justice, Mostafa Pourmohammadi, qui était le représentant du ministère des Renseignements en 1988 à Téhéran dans le « comité de la mort », et qui avait pour mission de sélectionner les prisonniers politiques pour les exécutions.
La prévalence de telles personnes dans le gouvernement iranien d’aujourd’hui est une indication claire que les attentes de modération sont et ont toujours été basée sur une illusion.
On ne peut pas attendre que la vérité sur les agressions à l’étranger du régime et la violence domestique vienne de l’intérieur du régime. Elle ne peut que venir des militants iraniens et de la communauté internationale.
Giulio Terzi est l’ancien ministre des Affaires étrangères italien
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