lundi 4 juin 2018

#Iranprotests, Atena Daemi se fait l’écho des revendications de son peuple depuis la section féminine de la prison d’Evine en Iran


Atena Daemi min Atena Daemi, prisonnière politique et défenseuse des droits de l'homme, a récemment envoyé une lettre de la prison d'Evine, en Iran, le 25 mai 2018. Dans cette lettre, elle a condamné la peine de mort et toutes les formes de violence.
Elle a parlé du prisonnier politique, Ramin Hossein Panahi, qui se trouve dans le couloir de la mort et de la souffrance de sa famille.
 C’est la première lettre qu’elle envoie à l’extérieur de la prison d’Evine, après avoir réintégrer ses quartiers, après son exil dans la prison de Qarchak, là où elle et son amie, la prisonnière politique, Golrokh Iraee, opposèrent une résistance farouche et ont commencé une grève de la faim pendant 81 jours.
 Voici le texte de sa lettre :

« La révolution n'a atteint aucun de ses objectifs.
Il y a quarante et un ans, les manifestants descendaient dans les rues pour lutter contre la pauvreté, la dépendance, la différence de classe, la corruption des autorités, etc. Ils organisaient des réunions secrètes, distribuaient secrètement des cassettes audio et des pamphlets, dans la nuit noire, écrivaient sur les murs, organisaient des rassemblements et des grèves, brisaient des fenêtres, mettaient le feu à des propriétés publiques, des bus et des banques, se procuraient des armes et bombes artisanales, assassinaient de hauts responsables, ce qui en fin de compte, a mené à la Révolution (1979). J'ai étudié tout cela pendant les 107 jours où j'étais en exil dans la prison de Qarchak. Ce sont les mémoires de personnes qui ont parlé avec fierté de ce qu'ils ont fait, et maintenant, beaucoup d'entre eux sont de hauts responsables de ce régime.
Mais aucun des problèmes qui étaient censés être déracinés par ces actions honorifiques n'a été éliminé ; ils ont plutôt empiré par rapport au passé et se sont cumulés avec des massacres et des charniers.
Au cours des 40 dernières années, les critiques et les protestations de notre peuple en colère et fatigué ont été réprimées de la manière la plus cruelle possible ; ils ont été emprisonnés, exécutés, envoyés en exil et ont (par la force) disparu.A l’identique des méthodes d’ISIS, ils ont été écrasés par des voitures. Même leurs convictions religieuses ont été sérieusement sapées par ce régime islamique. La prison de Qarchak et ses détenus ne sont qu'une petite partie des accomplissements de la révolution.
 Plus déterminé à s'opposer à toutes les formes de violence
 « Vengeance » est ce qu'on voit et entend le plus dans notre pays islamique ! En tant qu'activiste des droits de l'homme et opposante farouche à la peine de mort, je suis contre toute forme de violence.
 Cependant, au cours des années de mon militantisme, mes croyances et opinions ont été rejetées. On m'a dit que la « Loi du Talion » était juste, selon l'Islam et le Coran ! Mais je ne comprends pas pourquoi seules certaines personnes peuvent exercer ce droit. Et ceux qui ont souffert injustement pendant 40 ans, et leurs proches qui ont été tués ou emprisonnés, ne sont pas autorisés à exercer leur droit à la « loi du Talion » contre les détenteurs du pouvoir, et encore moins exiger le respect de leurs propres droits fondamentaux.
 Par exemple, en même temps qu’ils fabriquaient une nouvelle affaire contre moi et ma condamnation à une peine de prison injuste, ils ont également constitué une affaire contre mon père et mes deux soeurs. Puis, après m'avoir battu et insulté, ils m'ont illégalement banni à Qarchak sans aucune raison. Le pire de tout était le passage à tabac sauvage de ma mère malade et de ma soeur et la privation de son dernier de bonheur la nuit de son mariage ...
 Et pourtant, après tant de douleur et de souffrance imposées à ma famille uniquement à cause de moi et de mes croyances, de mes critiques, protestations et activités pacifiques, ma famille n'a pas le droit de protester. Les autorités s'attendent à ce que je considère leurs actions comme justes ; ils s'attendent à ce que j'abandonne mes propres croyances, reste silencieuse et respecte leurs ordres.
 Mais Atena Daemi est aujourd'hui plus déterminée et plus préoccupée qu'elle ne l'a jamais été à lutter pour atteindre ses objectifs, bien qu'elle ait été tant maltraitée et harcelée.
 Affaire de Ramin Hossein Panahi
 Je veux parler de Ramin et de la famille d’Hossein Panahi qui, jeune et plus âgé, n'ont jamais connu le calme ou la sécurité au cours des 40 dernières années. Huit ans de prison pour le frère aîné emprisonné dans une situation indéterminée. Ensuite, pour le faire libérer, un autre frère a été tué dans un accident suspect sur le chemin pour lui rendre visite. Au moins deux fois par an, un membre de leur famille est convoqué et arrêté. Leur maison a été attaquée et saccagée à plusieurs reprises pour les terroriser et ils ont été menacés, sans fin.
 Ramin a été témoin de cette oppression depuis son plus jeune âge. Il a compris la vérité comme des milliers d'autres et a marché sur une route que les personnes qu’ils aime ont suivie. Une route qui mène à l'indépendance et pour laquelle des centaines de personnes ont été emprisonnées et exécutées. Des personnes proches comme Farzad Kamangar, Shirin Alam Houli, Ehsan Fattahian, Shirkou Ma'arefi et la femme emprisonnée pendant la plus longue période, Zeinab Jalalian.
 En plus de sa cause et de son grand dessein, Ramin a été témoin à plusieurs reprises de la façon dont les familles et ses compatriotes ont été vicieusement réprimés pour leurs activités pacifiques. Il a vu sa vieille mère dire au Procureur après les arrestations répétées de ses enfants qu'elle se tuerait s’ils ne relâchaient pas ses enfants.
 Il a vu tous les membres de sa famille subir des pressions pour qu’ils poussent son autre frère Amjad, à abandonner ses activités en faveur de la défense des droits de l'homme en Europe. Je peux très bien ressentir ce que ressent Amjad.
 Ramin a été témoin de tout cela et il est devenu plus déterminé à atteindre son objectif. Aujourd'hui, cependant, il est accusé d'être un terroriste et condamné à mort sur la base des mêmes scénarios usés !
 Et son honorable nièce, qui a également été témoin de toutes ces situations catastrophiques et qui, elle-même, subissait une pression énorme de la part des forces de sécurité, a préféré mourir plutôt que de vivre sous le joug de la tyrannie. Puisse-t-elle reposer en paix.
 Ceux qui préfèrent mourir plutôt que de se rendre
 Oui, sachez que plus vous recourez à la violence et à la répression, plus nombreux sont ceux qui préféreraient mourir plutôt que de céder à l'oppression, comme les filles de Koubani qui ont sauté du haut des montagnes de Koubani et sont mortes pour se protéger d’ISIS. Maintenant, au lieu de torturer, d'enregistrer des aveux forcés et de prononcer des condamnations à mort, vous devriez penser aux raisons pour lesquelles les gens sont devenus des critiques, des manifestants, des opposants et enfin des ennemis jurés. Pour découvrir pourquoi, vous devez examiner votre propre comportement et vos actions.
 Je rejette personnellement toutes les formes de violence. Je condamne l'émission des peines de mort, sous n'importe quel prétexte, pour quiconque possède une croyance ou des convictions.
 Et Qarchak ! Ce fut une expérience formidable, quoique amère, pour moi. C'était en fait une super université ! Cet exil forcé m'a encore plus ouvert les yeux sur une grande partie de ma société oubliée ou dissimulée derrière une fausse propagande.
 Je crois que les conditions intolérables dans la prison de Qarchak devraient être fortement dénoncées. C'est un camp de concentration, un camp de réhabilitation, et porte le nom de Centre de la pénitence, Shahr-e Ray. Il y a beaucoup à dire à propos de ce centre « du repentir » où l'on peut trouver tout sauf de la repentance. Je parlerai bientôt de la vérité.
 Je suis reconnaissante à ceux qui ont été gentils avec nous, quelque que soit la façon, et malgré leur propre agonie et douleurs dans ce donjon sombre. Je répète que je suis humble envers chacun de ces prisonniers, même s'ils ont été forcés de nous insulter ou de nous frapper !
 Je suis également reconnaissante à tous ceux qui ne nous ont pas oublié malgré notre absence. En fin de compte, je voudrais exprimer ma gratitude à ma chère famille qui ne m'a jamais abandonnée, même pendant un moment pendant ces années, en dépit des coups, par électrochocs et bâtons.
 Atena Daemi, le 25 mai 2018, de la prison d'Evine.
 Source : Les droits de l’homme en Iran

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