Le 22 janvier 2019, l’avocat des droits humains emprisonné, Mohammad Najafi, a été condamné à deux années de plus de prison en Iran, ce qui porte à 19 le nombre total d'années d’emprisonnement qu'il doit purger.
Les peines ont été prononcées au cours de plusieurs procès qui ont eu lieu, ces derniers mois. Lors du dernier procès devant la chambre 102 du tribunal pénal de Shazand, dans la province de Markazi, l’homme âgé de 43 ans a également été condamné à une amende de quatre millions de tomans (environ 830 €), a déclaré son avocat Payam Derafshan au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
Derafshan a noté que la peine était basée sur les commentaires que Najafi avait publiés sur Instagram et pour lesquels il avait déjà été reconnu coupable et condamné.
Outre la peine de trois ans d'emprisonnement que Najafi purge depuis octobre 2018, il a également été condamné à des peines péliminaires, ce qui portait à 14 le nombre d’années d'emprisonnement au total.
Le 11 décembre 2018, Najafi a été condamné à 13 ans de prison pour « collaboration avec des États ennemis via la communication d'informations et d'actualités lors d'interviews » (10 ans), « propagande contre l'État » (deux ans) et « insultes du Guide suprême » (un an) par la première chambre du tribunal révolutionnaire d’Arak.
Le 15 décembre, la chambre 102 du tribunal pénal de Shazand a également condamné Najafi à un an de prison pour « publication de mensonges sur le cyberespace à l'aide d'un téléphone et d'un ordinateur dans l'intention de troubler l'opinion publique ».
Le 15 janvier 2019, Najafi a été transféré de la prison centrale d'Arak à la ville voisine de Shazand, accusé d'avoir « troublé l'opinion publique », en lien avec une lettre qu'il a publiée sur Facebook, le 8 septembre 2018, critiquant le Guide suprême, Ali Khamenei.
La lettre disait : « M. Khamenei ! Notre génération est écrasée sous vos pieds brûlants ! Nos jours sont aussi noirs que votre turban. Retirez votre domination des pays voisins. Ne dépensez pas nos ressources pour votre idéologie chiite. Nous avons suffisamment de problèmes de pots-de-vin et de corruption dans le pays. N’essayez pas d’empiéter sur les leaders mondiaux. Nous sommes figés dans le temps depuis 40 ans et nous luttons contre le monde en des temps sensibles, alors que beaucoup de nos pauvres ne peuvent pas se vêtir ni acheter du pain ».
En dépit de l'affirmation du Guide suprême Ali Khamenei selon laquelle « personne sous la République islamique n'est poursuivi ou soumis à des pressions pour son opposition au gouvernement », de nombreux militants, dissidents et autres citoyens sont emprisonnés en Iran depuis la révolution islamique de 1979 pour avoir critiqué les politiques de l'État.
Najafi est actuellement emprisonné à la prison centrale d'Arak, à Arak, la capitale de la province de Markazi.
Dans son entretien avec le CDHI, l'avocat de Najafi a exprimé sa crainte que de multiples condamnations ne réduisent les chances de sa libération anticipée, conformément à l'article 134 du code pénal islamique iranien, qui stipule que « les prisonniers condamnés pour un maximum de trois accusations devront purger « seulement la peine maximale prévue pour chaque infraction ».
Toutefois, l'article ajoute que « si le nombre d'infractions commises est supérieur à trois, le tribunal imposera plus que la peine maximale prévue pour chaque crime, à condition qu'elle ne dépasse pas le maximum plus la moitié de chaque peine infligée ».
Najafi est emprisonné depuis le 28 octobre 2018, quatorze mois après avoir informé les médias du cas suspect de Vahid Heydari, 22 ans, mort en détention au 12ème commissariat d'Arak entre fin décembre 2017 et début janvier 2018.
Najafi a déclaré aux médias à l'époque que les autorités tentaient de dissimuler la véritable raison de la mort de Heydari en affirmant qu'il s'était suicidé.
Les autorités iraniennes ont affirmé qu'au moins deux autres détenus s'étaient « suicidés » en détention en 2018 : l'écologiste irano-canadien Kavous Seyed-Emami et Sina Ghanbari.
L’Organisation pénitentiaire iranienne et le pouvoir judiciaire sont responsables de la sécurité et du bien-être de tous les détenus placés en détention provisoire, mais personne n’a fait l’objet d’une enquête ni n’a assumé la responsabilité de ces décès. Au lieu de cela, le pouvoir judiciaire iranien s’est efforcé de faire taire ceux qui ont demandé justice, notamment des militants et des avocats spécialisés dans la défense des droits humains.
Najafi est l'un des deux avocats actuellement emprisonnés en Iran pour s'être acquittés de leurs devoirs juridiques. Au moins six autres avocats ont été emprisonnés en 2018, dont l'avocate célèbre, Nasrin Sotoudeh, pour avoir défendu des prisonniers politiques ou son travail de défense dans des affaires délicates sur le plan politique et pour avoir rejeté l'obligation imposée par l'État aux détenus politiques de ne choisir que parmi une courte liste d'avocats agréés par les autorités.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran
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