mercredi 23 janvier 2019

L’Iran condamne les hommes qui ont soutenu les manifestations des femmes contre le hijab obligatoire


reza khandan farhad meysami emprisonnés iran L'iran a prononcé des condamnations de 6 ans d'emprisonnement contre Reza Khandan et Farhad Meysami et leur a interdit de quitter le pays ou de participer à des activités sur internet pendant deux ans pour avoir manifesté pacifiquement contre la loi iranienne sur le hijab.

« L'Iran veut faire taire ces hommes en les incarcérant pour avoir soutenu les femmes qui veulent que le hijab soit un choix et non une obligation », a déclaré Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
« Le seul crime qu'ils ont commis est d'avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté de parole et d'expression », a déclaré Ghaemi. « Le pouvoir judiciaire iranien devrait répondre à leurs appels en faveur d'un procès public et équitable et les libérer ».
Dans une interview avec le CDHI, Khandan, le mari de l'avocate des droits humains emprisonnée, Nasrin Sotoudeh, a déclaré qu’on lui avait illégalement refusé un procès public.
Le 22 janvier 2019, Meysami et lui ont tous deux été reconnus coupables de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et de « propagande contre l'État » par la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Abolqasem Salavati – célèbre en Iran pour répondre aux souhaits des agences de sécurité.
« La loi dit que les affaires politiques doivent être jugées publiquement devant un tribunal pénal en présence d'un jury », a déclaré Khandan. « Mais pendant des années, le pouvoir judiciaire a transformé des affaires politiques en affaires de sécurité nationale afin de les juger via le système judiciaire révolutionnaire »
En vertu de l’article 168 de la Constitution iranienne, « les infractions politiques et de la presse seront jugées ouvertement et en présence d’un jury devant les tribunaux ».
Mais d'innombrables militants, dissidents et autres personnes incarcérées pour des motifs politiques ont été condamnés à une peine de prison sans procédure régulière, au cours d’audiences qui n’ont duré que 10 minutes devant le système judiciaire révolutionnaire iranien.
Après avoir publié plusieurs mises à jour en ligne sur l’arrestation de son épouse en juin 2018, Khandan a également été arrêté le 4 septembre 2018 et transféré à la prison d’Evine, à Téhéran. Il a été libéré sous caution le 24 décembre.
Sotoudeh, l’une des principales avocates du pays dans le domaine de la défense des droits humains, a été arrêtée pour avoir défendu des femmes poursuivies pour avoir manifesté pacifiquement contre la loi iranienne sur le hijab en la contestant en public. Elle fait face à plusieurs accusations.
Meysami est toujours dans la prison d'Evine, où il est détenu depuis son arrestation le 31 juillet 2018. Les agents, qui ont perquisitionné son domicile, ont confisqué des badges sur lesquels il était écrit : « Je suis contre le hijab obligatoire », et qui ont, ensuite, été utilisés pour le condamner devant un tribunal.
« En plus de la peine de six ans d'emprisonnement, il m'a été interdit d'exercer une activité en ligne pendant deux ans », a déclaré Khandan au CDHI. « Cela signifie que je ne pourrai pas informer le public de la situation de ma femme, ni même échanger des messages de bienvenue avec un ami ou acheter des choses en ligne ».
Khandan et Meysami avaient protesté contre le refus des autorités de leur permettre d’avoir un procès public en refusant de se présenter à trois de leurs quatre audiences.
« Ils m'ont dit que si je comparaissais à la dernière session du tribunal, je serais libéré sous caution », a déclaré Khandan. « J’y ai donc assisté à cause de ma situation et de celle de mes enfants, même si je ne croyais pas en la légitimité du tribunal. M. Meysami était également présent ».
Khandan et Sotoudeh ont deux enfants, dont l'un est à l'école primaire. Les responsables de la prison ont à plusieurs reprises refusé à Sotoudeh la possibilité de voir ses enfants.
Il reste à voir ce qu'il adviendra des enfants si leurs deux parents sont emprisonnés au même moment.
Meysami, qui est également médecin, a été maintenu de force dans la clinique de la prison et a été perfusé en août 2018 après avoir entamé une grève de la faim prolongée pour demander justice pour lui-même, ainsi que pour Sotoudeh et Khandan.
Soulignant les cas des trois activistes, des experts des droits humains des Nations Unies ont appelé l'Iran à garantir les droits des défenseurs des droits humains et des avocats qui ont été emprisonnés pour avoir publiquement soutenu des manifestations contre le hijab obligatoire.
« Les autorités judiciaires tentent de présenter leur cas comme une question de sécurité nationale quand il est clairement question du droit des Iraniens à la liberté d'expression », a déclaré Ghaemi. "Aucun moyen de dissimuler ce fait ».
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran

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