mardi 22 janvier 2019

Iran : La mère d'un prisonnier politique se joint à la campagne, « J'ai aussi été torturé »


Farangis Mazloumi torture iran Farangis Mazloumi, mère du prisonnier politique Soheil Arabi, victime de torture dans les centres de détention en Iran, raconte son expérience de la torture quotidienne et affirme qu'elle a été torturée tous les jours et toutes les nuits.
Farangis Mazloumi a décrit sa visite à son fils, Soheil Arabi, prisonnier politique, le 16 janvier 2019, comme suit :

« Soheil était encore plus faible et plus maigre qu'avant. Des saignements et des douleurs nasales le tourmentaient, ainsi que des maux de dents et le froid. Il n'y a toujours aucun signe de médecin et d'hôpital.
Le dossier médical de son nez cassé a été complètement détruit, pour qu'il n'y ait aucune preuve, mais il est évident que cela se voit sur lui.
Tous les mercredis, je suis aussi torturée, et même tout au long de la semaine. Nous sommes privés d’appels téléphoniques jusqu’au jour des visites auxquelles je me rends à chaque fois avec peur, craignant que les visites ne soient de nouveau interdites.
Je suis torturée tous les jours et toutes les nuits. Vivrais-je encore 11 ans ? Comment puis-je supporter cette souffrance ? Mon coeur peut-il supporter toute cette torture ? La vie et la jeunesse de nos enfants ne valent-elles rien ? Chaque fois que je suis allée au tribunal, ils m'ont donné une réponse négative. Même M. Rostami et Vaziri ne veulent pas me voir non plus. Alors, à qui suis-je censé demander justice ? Qui va répondre à mon appel sur toute cette oppression ? »
La lettre du militant syndical iranien, Esmail Bakhshi, concernant la torture, la persécution et les mauvais traitements dans les prisons du pays a provoqué une vague de révélations sur les actes de torture perpétrés contre des prisonniers politiques et des prisonniers d’opinion.
Sous le hashtag en farsi, « J'ai aussi été torturé », de nombreux militants se sont joints au dirigeant syndical torturé pour dénoncer les abus commis dans les prisons.
Le prisonnier politique Soheil Arabi, détenu dans le Grand Pénitencier de Téhéran, s'est joint à la campagne. Il a expliqué comment il souffrait de saignements abondants en raison d'une fracture du nez, et que les autorités refusaient de le laisser se faire soigner.
Pendant des mois, Arabi a été privé de tout traitement médical et d’opération chirurgicale, le plaçant littéralement dans une situation de torture depuis plusieurs mois maintenant.
Il convient de noter que Haj Moradi, directeur du Grand Pénitencier de Téhéran, a donné l’ordre en juin dernier de faire transférer le prisonnier politique Soheil Arabi dans le quartier 2A de la tristement célèbre prison d’Evine à Téhéran, la capitale du pays. Ce quartier est sous le contrôle direct des pasdarans (IRGC) et Arabi a été soumis à un interrogatoire constant.
Les interrogateurs ont torturé ce prisonnier politique et il a eu le nez cassé. Il est contraint de supporter cette douleur depuis. Arabi a d'abord été emmené à l'hôpital de Khomeiny pour être ensuite renvoyé au Grand Pénitencier de Téhéran sans avoir été autorisé à subir une intervention chirurgicale.
Le régime nie la torture
Le régime iranien nie le recours à la torture malgré des milliers de rapports datant des années 80 qui prouvent qu’il utilise la torture pour soustraire des aveux forcés à des prisonniers ou briser le mental des prisonniers politiques.
En dépit des affirmations du régime selon lesquelles la torture est illégale en Iran, les citoyens iraniens ordinaires ne peuvent pas porter plainte quand ils sont maltraités en prison. Si un Iranien ose défier l'État avec des allégations de torture, tout est fait pour qu’il regrette d’avoir accusé le gouvernement de torture.
La torture sous la tutelle de la justice islamique, ou Vilayat-e Faqih en persan, n'est comparable à la torture d’aucun autre pays. L'étendue de la brutalité de la torture est intimement liée à l'essence et à l'idéologie de l'État, qu'il définit comme le « Tazir », inventé par le fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeini.
L’article 38 de la Constitution iranienne dispose que « toutes les formes de torture servant à obtenir des aveux ou à obtenir des informations sont interdites. Il est interdit de contraindre des personnes à témoigner, à avouer ou à prêter serment et tout témoignage, confession ou serment obtenu sous la contrainte est dépourvu de valeur et de crédit. La violation de cet article est punissable conformément à la loi ».
Malgré cela, la torture sous toutes ses formes a été utilisée pendant presque 40 ans d’existence de la République islamique. Le recours à la torture est tellement répandu que l’ONU a adopté 65 résolutions condamnant l’utilisation par l’Iran de la torture et d’autres violations des droits humains.

Source : Les droits de l’homme en Iran

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