mardi 8 janvier 2019

Iran : Un syndicaliste iranien victime de pressions pour retirer ses accusations de torture


esmail bakhshi torturé ministère renseignement iranLe département du renseignement a fait pression sur un syndicaliste pour qu'il retire ses accusations de torture, a déclaré son avocat.
Diverses sources, dont l’avocat du représentant des employés de la Compagnie de canne à sucre, Haft Tappeh, ont confirmé que Bakhshi et sa famille étaient sous pression.

« Après avoir été torturé, les pressions sur Esmail Bakhshi se sont intensifiées et certaines preuves suggèrent que mon client est victime de pressions et qu'il existe un climat psychologique qui lui est défavorable », a déclaré aujourd'hui son avocat Farzaneh Zilani dans un entretien avec un site iranien.
Une chaîne Telegram, appartenant aux employés de l'usine Haft Tappeh, située dans le sud de l'Iran, a également confirmé les pressions exercées sur le militant syndical iranien pour qu'il nie les actes de torture.
« Après la publication d’Esmail Bakhshi d’une lettre détaillant les actes de torture dont il a été victime, dans lequel il mentionnait que Mme Qelian avait également été battue, il y a quelques jours, Esmail Bakhshi et sa famille ont subi des pressions intenses et constantes pour pour renier la lettre », ont écrit les ouvriers.
Le militant iranien Esmail Bakhshi est sorti de prison depuis un mois, mais il affirme qu'il porte toujours les séquelles physiques et psychologiques des tortures, « à en mourir », qui lui ont été infligées, lors de son séjour de 25 jours en prison dans la province du Khouzistan.
Dans une lettre publiée sur Instagram par Bakhshi, il a décrit les tortures et les blessures qui en ont résulté. « Au cours des premiers jours, sans raison ni conversation, ils m'ont torturé et battu avec leurs poings et m'ont donné des coups de pied extrêmement violents. Ils m'ont tellement battu que je n'ai pas pu bouger dans ma cellule pendant 72 heures. J'avais tellement mal que je ne pouvais même pas dormir sans souffrir », a écrit Bakhshi dans sa lettre ouverte.
Balkhshi a défié le ministre du renseignement, Mahmud Alavi, un ecclésiastique de rang moyen, lors d'un débat télévisé en direct sur les allégations de torture à l'encontre des détenus. « M. Alavi, je subis encore les terribles conséquences des 25 jours de détention injuste ordonnés par le ministère du renseignement… mais ces deux questions fondamentales me dévorent la tête et vous seul pouvez y répondre. Le peuple iranien et moi-même avons le droit de connaître les réponses ... Par conséquent, moi Esmail Bakhshi, je vous lance un défi, Monsieur Alavi : nous confronter lors d’un débat télévisé en direct pour entendre votre réponse ».
Bakhshi a été arrêté le 20 novembre pour son rôle dans des manifestations qui duraient depuis plusieurs semaines au sujet des salaires impayés dans sucrerie locale. Accusé de troubles à l’ordre public et de collusion avec la sécurité nationale, il a passé des semaines en prison avant sa libération sous caution, le 12 décembre.
Tollé général sur les tortures infligées à l'activiste
La révélation publique des violences physiques infligées à Bakhshi par des agents de la sécurité et des services judiciaires a suscité un tollé général sur les médias sociaux en Iran. Des centaines de journalistes et de militants ont réclamé l'ouverture d'une enquête et la sanction des responsables des violations du droit national et international.
En signe de protestation, 34 associations d'étudiants ont signé une lettre adressée au ministre du renseignement déclarant leur soutien à Ismael Bakhshi et l'appelant à participer à un débat public à la télévision. Esmail Bakhshi est un syndicaliste représentant les travailleurs de Haft Tappeh. Il a été emprisonné en novembre et torturé avant d'être libéré pour une détention à domicile.
Les étudiants ont écrit au ministre du renseignement, Seyed Mahmoud Alavi, qu'ils s'attendaient à ce que le régime donne à un travailleur l'occasion de critiquer le gouvernement et d'exiger des comptes en tant que citoyen. Les associations étudiantes se sont également déclarées prêtes à accueillir le débat.
« Source de honte »
Lors d’une réunion avec des représentants de la justice le 7 janvier, le président de la cour suprême iranien a répondu aux accusations du militant syndical.
Selon des agences de presse officielles, Amoli Larijani a ordonné l'envoi d'une équipe « indépendante » dans la région pour « examiner les différentes dimensions de la question et présenter un rapport à la population le plus rapidement possible ».
« Ce genre de problèmes est très important pour nous car il n’y a jamais eu de telles infractions dans les fondements de la République islamique, de la justice, des agences de sécurité et de renseignement », a déclaré l’ecclésiastique.
« Nous considérons que cela est légalement et religieusement interdit », a déclaré Larijani.
Le président de la cour suprême iranienne a déclaré que l’ « un des éléments de la prétendue inconduite d'un interrogateur ne devrait pas être imputé à l'ensemble du système ».
M. Larijani a également indiqué que les iraniens ne devraient pas répandre de telles rumeurs, qui « profiteraient à l’ennemi ».
Ali Motahari, un député iranien, a écrit dans une chronique du quotidien gouvernemental Etemad, le 6 janvier, dans laquelle il affirme que les affirmations de Bakhshi constituent une « source de honte » et exige des réponses du ministère du renseignement.
Gholamreza Shariati, gouverneur du Khouzistan, a démenti les affirmations de Bakhshi. « J'ai vérifié auprès des organes compétents et les allégations de torture ont été fermement démenties », a-t-il déclaré au site d’informations, Jamaran.
Mauvais traitements et torture dans les centres de détention iraniens
Des groupes internationaux de défense des droits humains affirment depuis longtemps que les actes de torture sont très répandus lors des interrogatoires de détenus en Iran, notamment des viols et autres violences sexuelles, des décharges électriques et des amputations.
Avant Esmail Bakhshi, d'autres travailleurs ont également été torturés, notamment Reza Shahabi et Mahmoud Salehi, qui a perdu ses reins au centre de détention du ministère du renseignement.
Au cours des manifestations qui ont ravagé l'Iran en décembre 2017-janvier 2018 et qui se sont poursuivies par intermittence, même si de manière moins intense depuis, de nombreuses informations font état de passages à tabac de détenus sans inculpation et de la mort suspecte de plusieurs d'entre eux. Aucune d'entre elles n'a jamais fait l'objet d'une enquête indépendante.
Source : Les droits de l’homme en Iran

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