mardi 29 janvier 2019

Iran : Les prisonniers soufis, gravement blessés, laissés sans soins


prisonniers soufis prison iran Un responsable de la prison : « Nous tirons pour vous tuer, pas pour vous soigner ». Deux musulmans soufis emprisonnés dans le grand pénitencier de Téhéran (GTP) se voient privés de traitement médical pour des blessures infectées par balle, faites par les forces de sécurité, il y a 11 mois.

Hassan Shahreza et Vahid Khamoushi n'ont pas été autorisés à recevoir un traitement de l’hôpital contre l'avis des médecins qui les ont examinés, a déclaré une source informée de leurs cas au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI) le 20 janvier 2019.
« Shahreza a été touché par des balles de plomb dans les poumons, l'estomac, la poitrine et les pieds. Son corps contient environ 200 projectiles et certains ont provoqué des infections », a déclaré la source qui a demandé à ne pas être identifiée pour des raisons de sécurité.
« Il a été emmené à l'hôpital et on lui a dit qu'il devait être opéré, mais ils ne l'ont pas opéré et il a été renvoyé en prison le même jour », a ajouté la source.
La source a poursuivi : « Il y a eu des excroissances autour de certains plombs et d'autres sont logés dans ses poumons, ce qui est dangereux. Ils ne sont pas emmenés à l’hôpital, même si les médecins de la prison ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas les enlever. Il a dû retirer une partie des plombs lui-même, logés sous sa peau à l'aide d'objets pointus comme des couvercles de boîtes de conserve ».
Shahreza, un agriculteur et chauffeur de camion âgé de 55 ans, a été violemment arrêté, le 19 février 2018, lors d'un affrontement entre des manifestants soufis et les forces de sécurité, à Téhéran.
Les deux hommes appartiennent à l'Ordre soufi des Gonabadi, appelé les Derviches Gonabadi, une minorité religieuse particulièrement persécutée en Iran.
À la fin du mois de juin 2018, Shahreza a été condamné à sept ans de prison, à 74 coups de fouet et à deux années d'interdiction d'activité politique et de sortie du pays. La peine a été confirmée en appel.
« Lors d'une conversation téléphonique, il m'a dit que la douleur était devenue insupportable et l’empêchait de dormir certaines nuits », a déclaré la source. « Ses poumons se sont infectés à cause des balles de plomb et cela empire de jour en jour ».
« Lorsqu'il a déclaré à un responsable qu'il avait besoin d'une opération, on lui a répondu : « Nous tirons sur vous pour vous tuer, pas pour vous soigner », a ajouté la source.
La police iranienne utilise des pistolets à air comprimé munis de plombs pour réprimer les manifestations. À chaque explosion, les pistolets tirent des centaines de minuscules balles de plomb qui se logent sous la peau et peuvent causer de graves problèmes médicaux, en particulier lorsqu'ils sont tirés de près.
La source a déclaré au CDHI que Shahreza n’avait pas reçu de visites de sa famille au cours des 11 derniers mois, ses parents âgés n’étant pas au courant de son incarcération et que d’autres membres de sa famille ne pouvaient pas parcourir la longue distance qui les séparait de la prison où il est détenu.
La source a également indiqué au CDHI qu'un autre derviche, Vahid Khamoushi, n'avait pas eu de traitement spécialisé pour une fracture de la cheville, en plus des blessures causées par les plombs qu'il avait reçus lors de son arrestation en février 2018.
« L'un des plombs s'est logé dans son testicule et a provoqué une infection et une inflammation parce qu'il n'a pas été emmené à l'hôpital », a déclaré la source. « Il a dû inciser la plaie sur son testicule pour enlever le pus, mais le culot est toujours à l'intérieur et pourrait causer une nouvelle infection ».
Début juillet 2018, un géomêtre de 28 ans, qui avait refusé de comparaître devant le tribunal pour protester contre les accusations portées contre lui, a été condamné par un tribunal préliminaire à 12 ans de prison et à deux ans d'exil dans la ville éloignée de Rayen, dans la province de Kerman, car il a participé aux manifestations de février 2018.
Avec une capacité officielle de 15 000 détenus, le GTP, situé dans le district de Fashafouyeh, dans la province de Téhéran, à 20 kilomètres au sud-est de la capitale, est le plus grand centre de détention du pays.
Reconnue pour ses conditions de vie « inhumaines », la prison a été construite en 2015 principalement pour emprisonner des suspects et détenus condamnés pour des infractions liées à la drogue. La justice iranienne l’a également utilisée pour incarcérer des militants et des dissidents.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran

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