Dix militants politiques et écologistes arrêtés dans la province iranienne du Kurdistan entre le 31 décembre 2018 et le 6 janvier 2019, sont actuellement détenus au centre de détention du ministère du renseignement à Sanandaj, en Iran.
On leur a refusé l'accès à un avocat et des contacts avec les membres de leur famille.
Depuis le 5 février, ils n'ont été autorisés à passer qu'un seul appel à leurs familles, a déclaré la source qui a demandé à ne pas être identifiée pour des raisons de sécurité.
« Cela a commencé le 31 janvier avec l'arrestation de trois personnes. Le 6 janvier, dix personnes avaient été arrêtées à Sanandaj et Kamyaran », a déclaré la source.
La source a ajouté : « Nous n'avons rien entendu pendant une semaine, jusqu'à ce qu'ils appellent brièvement leurs familles pour leur dire qu'ils avaient été arrêtés et qu'ils allaient bien. Depuis lors, ils n’ont pas rencontré leurs avocats ni les membres de leur famille et on ignore de quoi ils sont accusés. Les autorités ne répondent pas aux demandes de la famille ».
La nouvelle de leurs arrestations a été publiée pour la première fois sur le site Web du Réseau kurde des droits de l’homme en Iran. Parmi les personnes placées en détention figurent Farhad Mohammadi, secrétaire de la branche kurde de l’INUP à Sanandaj ; Zanyar Zamiran, ancien secrétaire adjoint du parti à Sanandaj ; Hadi Kamangar, haut responsable du parti à Kamyaran ; Fazel Gheytasi, membre du parti à Kamyaran ; Reza Asadi, membre du parti à Kamyaran ; Amanj Ghorbani, président du comité environnemental du parti régional et responsable dans le département de l’environnement à Kamyaran ; Issa Feyzi, membre du comité environnemental du parti à Kamyaran ; et Rashed Montazeri, un ancien membre du parti à Kamyaran.
En outre, Hossein Kamangar et Bakhtiar Kamangar, deux militants politiques qui s’occupent principalement de questions environnementales, ont été arrêtés au cours de la même période à Kamyaran et conduits au centre de détention du ministère du renseignement à Sanandaj, selon une source du CDHI.
La branche kurde de l’INUP a été créée en 2015 avec une licence du ministère de l’intérieur. Sa déclaration de mission indique : « Le pays iranien… est en train de passer d'une société traditionnelle à une société moderne. Dans le cadre de notre devoir national en tant qu’enfants de ce pays, nous avons décidé de créer une institution civile appelée Parti de l’unité nationale iranienne afin de protéger notre précieux patrimoine et de mettre en place une société heureuse, dynamique et prospère, capable de rassembler les besoins matériels et spirituels de nos compatriotes ».
La source du CDHI a déclaré que le parti avait organisé des cours d’éducation publique sur des questions telles que la société civile, l’environnement, les bouleversements sociaux et les catastrophes naturelles.
Les membres du parti ont été parmi les premiers intervenants après le séisme qui a frappé la région en novembre 2018, a ajouté la source.
Hossein Khosheghbal, vice-gouverneur du Kurdistan chargé de la sécurité, a affirmé que, sous le couvert d'activités environnementales, les détenus s'étaient livrés à des activités criminelles, en particulier lors du meurtre d'un chauffeur d'ambulance en juillet 2018.
« À la suite de nos enquêtes et des pistes de sécurité menées par les agences du renseignement, un certain nombre de contacts et d’agents de groupes anti-révolutionnaires qui agissaient sous le couvert d’activités environnementales ont été identifiés et arrêtés et tenus pour responsables du martyre du conducteur de l’ambulance du Croissant-Rouge et seront jugés conformément à la loi », a déclaré M. Khosheghbal dans une interview accordée à l'agence de presse officielle, IRNA, le 8 janvier.
Le 27 janvier, l'INUP a nié les affirmations dans une déclaration.
« Des responsables et des membres de la branche kurde de l'INUP ont été arrêtés sans une véritable compréhension des activités du parti et sans tenir compte des droits garantis par la société », a-t-il déclaré. « L'INUP condamne fermement les arrestations et la manière dont l'État considère le parti, c’est-à-dire comme une menace pour la sécurité ».
Le 25 janvier, un groupe de 59 avocats en Iran a publié un communiqué appelant à la libération immédiate des détenus, notamment de Farhad Mohammadi, un avocat très connu dans la province.
« Il est illégal de convoquer et d'arrêter une personne sans motif suffisant », indique le communiqué. « Nous appelons les membres de l'ordre des avocats et les conseillers juridiques à ne pas garder le silence et à s'acquitter de leur devoir de défendre les avocats emprisonnés ».
« Deuxièmement, nous exhortons les autorités judiciaires qui ont émis les mandats d'arrêt à suspendre leur décision en tenant compte de tous les aspects de la procédure judiciaire équitable… et en prenant des mesures pour libérer les avocats détenus ».
Les forces de sécurité en Iran, notamment les pasdarans et le ministère du renseignement, ont lancé plusieurs mesures de répression contre des avocats, des militants de l'environnement et des dissidents en 2018.
Au moins huit avocats qui ont travaillé sur des questions relatives aux droits de l'homme en Iran, dont l'avocat Nasrin Sotoudeh, ont été emprisonnés cette année-là, ainsi que neuf membres de la Persian Wildlife Heritage Foundation.
Nombre d'entre eux risquent des années d'emprisonnement pour leurs activités pacifiques.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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