Le syndicat des travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh de la ville iranienne de Shush, dans la province du Khouzistan, a appelé des particuliers et des organisations internationales à demander la libération du syndicaliste Esmail Bakshi et de la journaliste indépendante Sepideh Qoliyan, du centre de détention du ministère du renseignement à Ahvaz.
« Nous sommes conscients qu'au cours de ces derniers jours et au moment de leur arrestation, ils ont été possés à mentir et à faire des aveux contre leur volonté devant une caméra qu’aucune torture n'avait jamais été effectuée contre eux et que toute l'histoire leur avait été dictée par de soi-disant adversaires et médias anti-révolutionnaires », a déclaré le syndicat dans un message posté sur sa chaîne d'applications, Telegram, le 11 février 2019.
« Nous sommes conscients qu'ils subissent une pression intense pour exprimer leurs remords et écrire des déclarations contre eux-mêmes », ajoute le texte.
Dans sa déclaration, le syndicat a appelé « tous les militants syndicaux, défenseurs des droits humains et journalistes à traduire cette déclaration, à porter plainte auprès des organisations concernées et à leur demander de faire le nécessaire ».
« Nous voulons qu'une affaire soit ouverte contre le gouvernement iranien pour la violation des droits de ces deux personnes et demandons instamment que cessent les pressions sur Bakhshi et Qoliyan (également orthographié Gholian) en vue d’obtenir des aveux forcés et signer des promesses contre leur volonté », a ajouté le syndicat.
Bakshi et Qoliyan, deux défenseurs pacifiques des droits des travailleurs en Iran, ont été arrêtés le 18 novembre 2018 et détenus pendant environ un mois dans un centre de détention contrôlé par le ministère du renseignement à Ahwaz.
Après avoir été libérés sous caution, ils ont tous deux déclaré qu'ils avaient été torturés et ils ont posté des déclarations en ligne qui ont ensuite été confirmées par des témoins oculaires.
Le 20 janvier, deux semaines après la publication de leurs déclarations sur les médias sociaux, Bakhshi et Qoliyan ont été à nouveau arrêtés par des agents du ministère du renseignement.
Dix jours après que Bakhshi ait déclaré qu'il avait été battu à plusieurs reprises au cours de ses 25 jours de détention et abandonné dans sa cellule du centre de détention du ministère du renseignement à Ahwaz sans soins médicaux, le pouvoir judiciaire a ouvert une enquête fictive « de deux jours », qui a exclu les témoins oculaires et innocenté le ministère du renseignement.
Bakhshi a été arrêté de nouveau le 20 janvier avec Qoliyan. Les deux personnes risquent fort de subir de nouveaux torts alors que les représentants du gouvernement continuent de s’efforcer d’empêcher que des déclarations comme la leur ne soient rendues publiques sur les médias sociaux.
Au cours des deux dernières années, les travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh ont lancé plusieurs grèves réclamant des mois de salaires impayés.
En Iran, l'activisme syndical est considéré comme une atteinte à la sécurité nationale. Les grévistes sont souvent licenciés et risquent d'être arrêtés. Les dirigeants syndicaux sont poursuivis sur des accusations de sécurité nationale et condamnés à de longues peines de prison.
« Nous voulons que Bakhshi et Qoliyan soient libérés sans condition et que les poursuites contre eux, ainsi que contre Ali Nejati, Mohammad Khoneyfar et le frère de Sepideh, Mehdi Qoliyan, soient abandonnées », a déclaré le syndicat dans une déclaration.
Hossein Raeesi, ancien avocat basé en Iran et résidant maintenant au Canada, a déclaré au Centre pour les droits de l'homme en Iran que les activistes pouvaient adresser une requête aux Nations Unies et à l'Organisation internationale du Travail au nom des détenus.
« Certaines ONG de défense des droits humains jouent un rôle consultatif auprès de l'ONU », a-t-il déclaré. « Ils ont plus d'expérience et sont dans une meilleure position pour déposer une requête et en assurer le suivi ».
« Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains en Iran, Javaid Rehman, peut également prendre les mesures nécessaires », a-t-il déclaré.
Le 22 janvier, le CDHI a appelé les autorités iraniennes à libérer Bakhshi et Qoliyan, à assurer leur protection et à rouvrir une enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture.
Le CDHI a également appelé toutes les instances des Nations Unies compétentes en matière de droits humains ainsi que les pays de l'Union Européenne avec lesquels l'Iran entretient des relations à prendre des mesures coordonnées pour demander la libération immédiate des militants et demander une enquête exhaustive et impartiale sur leurs tortures présumées.
Source : Le Centre des droits de l’homme en Iran
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