Des gardiens de prison en tenue antiémeute ont battu des prisonnières et utilisé des gaz lacrymogènes, des armes à feu et du gaz poivré lors de raids à l'intérieur de la prison pour femmes de Qarchak, à l'est de Téhéran, ont rapporté les membres des familles des prisonnières détenues.
Ce raid, qui a eu lieu jeudi soir, concernait des unités équipées de gaz poivré et de gaz lacrymogène qui ont attaqué les halls 1 et 2 où sont détenues des prisonnières reconnues coupables de drogue.
Selon les membres de la famille d’une des prisonnières, l’attaque s’est poursuivie vendredi, renforcée par des unités anti-émeutes qui ont frappé des prisonnières. Au cours de l'attaque, plusieurs détenues ont été battues et blessées.
Des rapports publiés sur les médias sociaux indiquent qu’après, les détenues des quartiers 1 et 2 ont tenté de sensibiliser le public sur le fait que l'une d'entre elles avait besoin de soins médicaux.
Les forces de sécurité ont riposté par la violence en lançant des gaz lacrymogènes et des toxines non identifiées.
Les prisonnières ont mis le feu à leurs lits et à leurs draps afin de neutraliser les effets des gaz poiuvrés et lacrymogènes projettés dans la zone fermée.
Les autorités pénitentiaires de Qarchak ont utilisé un camion de pompiers pour éteindre l'incendie alors que les femmes étaient toujours prises au piège dans leur quartier.
Les prisonnières ont rapporté que la fumée avait envahi la prison et que les forces ont continué à frapper les femmes.
Les autorités pénitentiaires ont retiré les bancs et le matériel d’exercice du premier pavillon afin que les femmes ne puissent pas les utiliser pour se défendre.
Répondant aux informations faisant état de l'attaque qui a débuté jeudi soir, Philip Luther, directeur de la recherche et de la défense pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré :
« Les informations selon lesquelles les gardiens de la prison iraniens ont réagi de manière imprudente et brutale lors des manifestations à la prison de Shahr-e-Rey sont extrêmement alarmantes.
De nombreux prisonniers auraient été hospitalisés pour les effets des gaz lacrymogènes ».
De nombreux prisonniers auraient été hospitalisés pour les effets des gaz lacrymogènes ».
« Les autorités carcérales doivent s'abstenir de recourir à une force inutile et excessive contre les prisonniers. Au lieu de procéder à de violents raids contre les prisonniers, ils devraient s’attaquer aux conditions inhumaines et sordides de la prison de Shahr-e Rey ».
La prison de Qarchak est une ferme d’élevage de poulets désaffectée qui abrite des centaines de femmes condamnées pour des infractions violentes dans des conditions largement inférieures à l'ensemble des règles minimum pour le traitement des détenus de l'ONU (Règles Nelson Mandela). Les plaintes les plus courantes incluent des sols souillés d’urine, un manque de ventilation, des installations sanitaires insuffisantes et sales, la prévalence de maladies contagieuses, des aliments de mauvaise qualité contenant des petits morceaux de pierre et de l’eau salée.
Les témoins oculaires décrivent la situation dans cet établissement comme « la fin du monde ».
Un grand nombre de femmes ont été détenues dans une petite zone où les conditions d'hygiène sont horribles. La pénurie de lits oblige les femmes à dormir comme des sardines par terre.
La prison ne dispose que de quatre douches pour environ 200 détenues. L'eau est salée et cause de nombreuses maladies de la peau et d'autres problèmes de santé aux détenus.
Les prisonniers ne reçoivent ni nourriture ni médicaments appropriés. L'absence de soins médicaux pour les malades provoque de dangereuses épidémies en prison et un nombre élevé de détenus contractant l'hépatite et le sida.
A la moindre protestation quant à l'état de la nourriture ou d'autres problèmes, le prisonnier se retrouvera placé en isolement en compagnie de dangereux criminels de droit commun. Cette menace s’est révélée efficace pour réduire au silence les prisonniers.
Source : Les droits de l’homme en Iran
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