Le ministère du renseignement de la ville de Shush, dans le sud-ouest de l'Iran, a convoqué les familles du militant syndical détenu, Esmail Bakhshi et de la journaliste indépendante, Sepideh Qoliyan et les a menacées de ne pas parler aux médias, a annoncé le syndicat des travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh, le 21 février 2019.
« Les responsables des services du renseignement ont informé les familles que les deux prisonniers avaient menti sur le fait qu’ils avaient été torturés et leur ont demandé de calmer les médias », a indiqué les informations sur l'application de messagerie Telegram du syndicat. « Les familles ont également été menacées de poursuites ».
Il est courant en Iran de soumettre les amis, les membres de la famille et les avocats des accusés incarcérés dans des affaires politiquement sensibles à diverses formes de harcèlement et d'intimidation pour les empêcher de s'adresser aux médias.
Bakhshi et Qoliyan, deux défenseurs pacifiques des droits des travailleurs en Iran, ont été arrêtés le 18 novembre 2018 et détenus pendant environ un mois dans un centre de détention géré par le ministère du renseignement à Ahwaz. Après avoir été libérés sous caution, ils ont tous deux déclaré qu'ils avaient été torturés et ils ont posté des déclarations en ligne qui ont ensuite été confirmées par des témoins oculaires.
Le 20 janvier, deux semaines après la publication de leurs déclarations sur les médias sociaux, Bakhshi et Qoliyan ont été à nouveau arrêtés par des agents du ministère du renseignement.
Des membres de la famille de Bakhshi avaient récemment rejoint les manifestations d’un groupe de travailleurs de Haft Tappeh devant le bureau du pouvoir judiciaire à Shush, demandant la libération de Bakhshi et de Qoliyan.
Le 17 février, la mère de Bakhshi (nom inconnu) a été brièvement hospitalisée après que des agents de du département de sécurité du système judiciaire aient tenté de l’arrêter de manière violente.
Bakhshi, un représentant du syndicat Haft Tappeh, fait face à trois chefs d’accusation pour « trouble de l’opinion publique », « propagande contre l’État » et « insultes envers des autorités » car il a protesté contre ses salaires impayés et déclaré publiquement qu’il avait été torturé pendant sa garde à vue par le ministère du renseignement.
Au cours des deux dernières années, les travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh ont fait plusieurs grèves réclamant des mois de salaires impayés.
En Iran, l'activisme syndical est considéré comme une atteinte à la sécurité nationale. Les grévistes sont souvent licenciés et risquent d'être arrêtés. Les dirigeants syndicaux sont poursuivis pour des accusations de sécurité nationale et condamnés à de longues peines de prison.
Le 22 janvier, le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI) a appelé les autorités iraniennes à libérer Bakhshi et Qoliyan, à assurer leur protection et à rouvrir une enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture.
Le CDHI a également appelé toutes les instances des droits humains des Nations unies concernées ainsi que les pays de l'Union Européenne avec lesquels l'Iran entretient des relations à prendre des mesures coordonnées pour demander la libération immédiate des militants et demander une enquête exhaustive et impartiale sur les allégations de torture.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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