Un concert du populaire groupe de pop persan Hoorosh a été annulé par ordonnance judiciaire le 20 février 2019 à Firouzeh, dans le nord-est de l'Iran, une heure avant l'heure du spectacle, après qu'un puissant ayatollah local ait exercé des pressions sur les autorités.
À Semnan, à 110 km à l’est de Téhéran, certains journalistes ont également été empêchés de couvrir le concert d’un autre groupe, Rastak, car un responsable de l’Etat estime que leur musique est trop « joyeuse ».
Le gouverneur par intérim de Firouzeh, Abolfazl Hakimpour, a déclaré le 20 février à l’agence de presse iranienne IRNA que le concert de Hoorosh avait été annulé alors même que « tous les permis nécessaires avaient été obtenus et que le spectacle ne posait aucun problème ».
Firouzeh, qui compte 43 000 habitants, est située à 91 km à l’ouest de Mashhad, chef-lieu de la province iranienne du Khorasan Razavi, où de puissants conservateurs religieux ont, à plusieurs reprises, bloqué des événements musicaux officiellement autorisés en affirmant qu’ils violaient les principes islamiques.
« L'islam interdit le genre de musique vaniteuse et inutile qui répand la vulgarité », a déclaré l'ayatollah Ahmad Alamolhoda, dirigeant ultra-conservateur de la prière du vendredi à Mashhad, lors d'une réunion avec les directeurs d'instituts autofinancés de musique persane « authentique », le 31 janvier 2019.
« Le problème est la manière dont la musique est jouée », a déclaré Alamolhoda, ajoutant qu'il ne s'opposait pas à la musique « qui n'est pas vaniteuse ».
« Mais nous devons garder à l'esprit que les tyrans de l'histoire ont utilisé la musique pour diffuser la vulgarité », a-t-il déclaré.
Les législateurs réformistes ont reproché à Alamolhoda d’avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour bloquer les événements musicaux approuvés par le ministère de la culture et de l'orientation islamique.
« Lors d'une réunion que nous avons organisée à Mashhad le mois dernier, il a été convenu que nous devrions définir des procédures pour les concerts organisés partout dans le pays ... et une fois les permis accordés, personne ne peut les arrêter », a déclaré Fatemeh Zolghadr, membre de la commission parlementaire sur les affaires culturelles, en août 2018.
Mais à ce jour, aucune procédure de ce type n'a été mise en place et Mashhad reste une zone où aucun concert n’a lieu.
Entre le 13 et le 14 janvier 2019, le chanteur populaire Ali Zand Vakili devait, avec l'autorisation du ministère de l'orientation, faire quatre représentations à l'hôtel Borj Sefid (Tour blanche) de Mashhad. Mais tous les événements ont été annulés pour des raisons inconnues.
« Compte tenu du climat qui entoure ce concert, la raison de son annulation est évidente, mais je ne peux pas en révéler les raisons », a déclaré le producteur de l'événement, Vahid Mahmoudi.
A Semnan, Sima Rajabi, directrice adjointe du ministère de la culture et de l'orientation islamique, a déclaré que la couverture médiatique d'un concert de Rastak n'était pas autorisée, à l’occasion du 34e Festival de musique de Fajr, le 20 février, parce qu'il avait interprété son spectacle avec trop de gaîté.
« Ce groupe joue une musique joyeuse et si des extraits de sa performance sont publiés sur les réseaux sociaux, l'ennemi en profitera », a déclaré Rajabi dans une interview accordée à IRNA le jour du concert.
« Il y a aussi des femmes qui jouent des instruments dans ce groupe et par conséquent, il est absolument interdit aux médias de prendre des photos ou de filmer », a-t-elle ajouté.
Cependant, au moins un média officiel, l'Agence de presse des étudiants iraniens (ISNA), a fini par publier des photos du concert.
Depuis la Révolution islamique d’Iran en 1979, les autorités interdisent aux femmes solistes de se produire devant un public mixte. La politique a été fortement soutenue par les chefs religieux conservateurs chiites qui croient que de tels spectacles violent les principes islamiques.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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