jeudi 15 octobre 2020

Dénoncer les exécutions politiques qui se multiplient en Iran est une urgence (personnalités françaises)

Des personnalités françaises ont fermement condamné les violations des droits humains en Iran. Ces interventions ont été diffusées en ligne, le 28 septembre, lors d’une conférence organisée sur la toile par le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID) en partenariat avec le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI). Au cour de cette conférence en ligne des parlementaires français ainsi que d’autres personnalités françaises ont pris la parole.

Au début de la conférence, Mme Azadeh Alemi de l’Association des femmes iraniennes en France a déclaré :

Nous nous sommes réunis une fois de plus sur cette question grave et sensible, que constitue les violations des droits humains en Iran.

Les violations des droits humains dont les Iraniens souffrent depuis plus de 41 ans. Le régime, qui a procédé à des milliers d’exécutions, dont le massacre de prisonniers politiques en 1988, l’arrestation arbitraire de dissidents et de manifestants, en particulier lors des manifestations durant les deux dernières années, entrainant la mort de 1500 personnes et la condamnation à mort de détenus, sont ahurissants. Plus de 100000 morts causés par Covid-19 en raison de la stratégie du régime sauvage qui a envoyé les gens devant la mort et finalement l’exécution inhumaine de deux jeunes manifestants, dont un champion de lutte qui a secoué le monde entier.

Dans son rapport de juillet 2020, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Iran a exprimé sa vive préoccupation face à la répression sans précédent des manifestants en novembre 2019.

C’est pourquoi cette situation inquiétante sonne l’alarme sur le sort d’autres prisonniers politiques arrêtés et condamnés à mort, comme Navid.
Par la suite, M. Hervé Saulignac député socialiste de l’Ardèche et membre du CPID a déclaré :

Les violations de liberté, les violences ; la torture et les fusillades sont devenues une réalité quotidienne pour le régime iranien, et toutes ces violations des droits de l’homme sont accueillies avec le mépris du public. Tout le monde se souvient du soulèvement de novembre 2018 en Iran, lorsque les gens sont descendus dans la rue avec de grands espoirs et ont exigé la liberté. Selon une enquête d’Amnesty International, 7 000 hommes, femmes et adolescents ont été arrêtés ; Ils ont été torturés ou fusillés. C’est pourquoi j’appelle la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, l’Union européenne et les autres institutions à ne pas garder le silence, à signaler et à exprimer leur dégoût face à ce qui se passe en Iran, à exiger la libération des prisonniers politiques et à faire ce qu’elles peuvent pour garantir que l’Iran respecte les droits de l’homme et les libertés.

M. Gerard Vespierre géopoliticien et directeur de recherche à la Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient (FEMO) a projeté un regard sur la crise en Iran.
« Nous sommes effectivement très émus de la situation qui se déroule depuis de nombreuses années en Iran et encore récemment avec cette sanguinaire exécution de ce jeune Navid Afkari. Je pense que nous pouvons aussi avoir une pensée pour une franco-iranienne chercheuse à Sciences-po et qui est détenue maintenant depuis un peu plus de deux ans, dans les prisons en Iran. Nous devons avoir une pensée pour tous ceux qui résistent.

Depuis l’extérieur de l’Iran, quelles sont les informations que nous chercheurs nous pouvons communiquer ? Eh bien le système religieux lui-même est tout-à-fait conscient de la crise dans laquelle il s’est installé depuis de nombreuses années. Je ne veux citer qu’un ayatollah très important, Javodi Amoli qui était l’ancien prédicateur de la prière de vendredi à Qom : à 71 ans, il a fait tout le parcours religieux et il a connu tous les évènements de la révolution. Il y a deux ans, il déclarait déjà « si la nation iranienne se soulève, nous religieux, nous serons tous jetés à la mer ». Voilà l’état des choses à l’intérieur même du régime, dans la tête des religieux.

Gérard Vespierre a également évoqué les lettres d’insultes que s’envoyaient mutuellement l’ancien responsable du système judiciaire, Mohammad Yazdi, et l’ancien responsable du Conseil de discernement des intérêts de l’Etat, se traitant publiquement de voleur et de corrompu.

M. Vespierre poursuit : « Il y a même un député qui a déclaré, au Majlis (au Parlement) : « le cancer de la corruption a gagné tout notre pays. Nous avons besoin d’une chimiothérapie généralisée ». Vous voyez donc : la corruption est là, la corruption fait son œuvre aussi bien dans les fondations religieuses que dans l’organisation des Gardiens de la révolution. Donc ce sont deux grands corps de l’Etat iranien qui sont corrompus. Et donc tout cela aboutit à ce que la jeunesse se lève et se révolte, d’où la création des unités de résistance et des actions de ces unités de résistance. Depuis le mois de janvier il ne se passe pas une semaine en Iran où il n’y ait des attaques contre des bâtiments du ministère de la justice, ou bien des bâtiments de la milice du bassidjs, ou bien des bâtiments des fondations religieuses, menés donc par ces unités de résistance pour faire comprendre au système, eh bien que le peuple en a assez.

Je pense que fort de ces évènements, fort de ces situations, nous avons là un message qui nous vient de l’intérieur de l’Iran ? Nous sommes très proches d’une grande révolte de la population iranienne contre ce régime sanguinaire, conclut Gérard Vespierre.

Le député socialiste Jean-Michel Clément, membre de la commission des affaires étrangères et membre du CPID a déclaré :

Le régime des mollahs en Iran continue de violer non seulement le droit international et les droits de l’homme, mais pire encore, il viole la dignité humaine. Ces violations répétées existent et devraient rendre des comptes à l’ONU. Le monde doit reconnaitre le régime iranien pour ce qu’il est aujourd’hui. Il n’est plus temps d’attendre. De quel régime s’agit-il ? Un régime qui promu le terrorisme et la répression, nous le savons désormais. Son comportement ne laisse aucun doute sur le fait que la communauté internationale doit faire davantage pour forcer Téhéran à mettre fin à des comportements indigne, et mes mots sont faibles. Le régime qui poursuit son règne de terreur, dans toute la région, mais plus grave, au-delà, aujourd’hui aussi. C’est pourquoi, l’embargo mondial sur les armes est une nécessité absolue pour étouffer la capacité de Téhéran d’armer tous les mandataires qui sont les siens. Le moment est venu de donner la priorité à une défense très forte des droits de l’homme du peuple iranien.

Navid Afkari a été pendu, il y a deux semaines. Ce sportif, qui a été soutenu par les fédérations sportives et mondiales, était un exemple de lutte mais aussi de torture. Le monde du sport a exprimé son désarroi. C’était un sportif exemplaire qui donnait aussi espoir à son pays. C’est aussi pour ça qu’il a dû être éliminé. Ces derniers jours, ont vu aussi de nouveaux procès et de nouvelles tortures, des exécutions de prisonniers politiques. Ils sont placés dans les couloirs de la mort notoires. Parce que le corps des Gardiens de la révolution a mis un réseau de centres de torture secrets, à travers l’Iran. La communauté internationale le sait. Nous sommes très préoccupés, par tous ces prisonniers politiques qui sont sous la torture la plus sévère en Iran. Les défenseurs des droits humains ont fait une longue grève de la faim pour défendre les prisonniers politiques, et demandent leur libération. Nous protestons vivement parce qu’il s’agit de crime contre l’humanité.
Les exécutions se poursuivent alors que les dirigeants de la communauté internationale ne sont pas prêts à demander au régime iranien, de rendre des comptes. Trop c’est trop. C’est un échec de la communauté internationale tout entière, qui devrait tenir le régime iranien responsable de ces crimes, et notamment du massacre de 30000 prisonniers politiques, en 1988. Le 19 juillet marquait l’anniversaire de la formation de soi-disant commissions de la mort. Sur ordres de Khomeiny, ont commencé ces exécutions extrajudiciaires de milliers de prisonniers politiques dissidents. L’actuel chef du pouvoir judiciaire et l’actuel ministre de la justice étaient tous deux identifiés comme d’anciens membres de ces commissions. Tous les responsables iraniens qui ont commis des violations des droits de l’homme devraient être tenus pour responsables. Il n’y a pas place à la prescription pour crimes contre l’humanité. Je voudrais ici rappeler que l’ONU et de nombreux gouvernement européens, en particulier le gouvernement français, appellent la communauté internationale à mener des enquêtes indépendantes sur le massacre de 1988, et à rendre des comptes et à rendre justice. D’ailleurs, le Secrétaire général des Nations Unies a reçu un rapport détaillé d’Amnesty International et du haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme. Je Suis de ceux qui demandent au secrétaire général des Nations unies de charger une mission d’enquête indépendante pour visiter les prisonniers politiques en Iran et d’exiger leur libération immédiate. Ce drame a aujourd’hui trop duré.»

M. Jean-Pierre Béquet, ancien maire d’Auvers sur Oise et membre du Comité Français pour un Iran démocratique, a qualifié l’Iran d’une des dictatures des plus sanguinaires : des arrestations, des tortures, des incarcérations, des pendaisons. Tout cela est absolument insupportable. C’est insupportable bien sûr pour le peuple iranien. C’est insupportable pour la conscience de l’Humanité tout entier.

Jean-Pierre Béquet poursuit « Je trouve que la France, pays des droits de l’homme, la France qui devrait être le premier porte-parole des droits de l’homme du monde, ne dénonce pas ces exactions. Notre Président de la République a effectivement dénoncé récemment ce qui se passe, les atteintes aux libertés très graves en Biélorussie et au Liban. C’est très bien qu’il le fasse. Mais on devrait en faire au moins autant pour le peuple iranien, pour ce qui s’y passe chaque jour, car les attaques sont là, les prisonniers sont là.
Nous devrions tous ensemble d’abord exiger la libération des prisonniers politiques. Il y en a tant et tant qui souffrent, qui sont torturés chaque jour. Donc nous devrions le dénoncer et exiger tous ensemble. Tous les sphères politiques, nous pourrions être en même temps tous contre ces exactions et contre ces incarcérations. Dénoncer cet usage de la peine de mort qu’utilise le gouvernement iranien au mépris de toutes les lois internationales. Donc j’attends du Président de la République qu’il saisisse officiellement les organes internationaux, bien sûr l’ONU, la Commission des droits de l’homme et toutes les instances internationales pour qu’il y ait enfin une vraie mobilisation. Il faut que les gouvernements et notamment le gouvernement français, le Président de la République française, portent l’étendard de ce que doit être ce grand mouvement de libérer les prisonniers politiques et doit faire cesser immédiatement les exécutions publiques en Iran. C’est un fait aujourd’hui qui devrait être dans la mobilisation de tous les esprits, de tous les mouvements, pour que ce grand mouvement de liberté et de dénonciation des crimes se produisent en Iran.

M. Jean-François Legaret, conseiller régional d’Ile-de-France et coprésident du comité des Maires de France pour un Iran démocratique, a déclaré:
On est confronté dans tout le monde occidental et encore davantage en France, à une désinformation, à un véritable déni. Qu’attend-on pour montrer la réalité des choses en Iran? Les violations du droit international, les violations des droits de l’homme, ces exécutions en nombre terrifiant, la torture qui est appliquée de manière, je dirai dramatique et inhumaine pour les prisonniers.

Alors en France on a effectivement la presse qui s’est fait l’écho de l’exécution horrible de Navid Afkari, qui a parlé aussi du sort de Nasrin Sotoudeh, et d’ailleurs une motion a été adoptée par le Conseil régional d’Ile-de-France la semaine dernière à l’unanimité pour soutenir Mme Sotoudeh, mais ça n’est pas suffisant. Il faut que la réalité apparaisse. Qu’attend-on pour reconnaître cette réalité ?

Amnesty International a publié des rapports qui sont incontestables. Dix-sept prix Nobel ont signé un appel et leur autorité moral est absolument incontestable.

Pendant ce temps-là, malheureusement les malheurs du peuple iranien ont encore été aggravés par la gestion dramatique de la crise de covid et qui a été opérée par le régime des mollahs, et les exécutions, les arrestations, les tortures se poursuivent à un rythme effréné.

Il faut absolument que l’Europe, et la France, se mobilisent et dénoncent. Moi je dois dire avec tristesse que je constate en tant qu’élu français que le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est mobilisé encore au cours des derniers jours, pour parler de la situation en Biélorussie, pour parler de la situation en Liban, et il n’a jamais eu un mot pour condamner ce qui se passe en Iran ? Il a même malheureusement invité Javad Zarif à Biarritz lors d’un sommet, et ce fait est malheureusement inexcusable.

Je demande en tant qu’élu français au Président de la République française, que le gouvernement de notre pays se mobilisent, dénoncent, prennent en compte la réalité des choses.

A partir de cela il appartient aux gouvernements de la France et des pays européens d’exiger qu’une commission d’enquête internationale se rende en Iran et confirment les faits que vous avez montrés. Ils sont incontestables bien entendu, mais il faut que la voix d’une commission d’enquête internationale se fasse entendre et qu’on puisse avoir une conscience universelle du fait que ce qui se produit en Iran tous les jours et depuis de nombreuses années, c’est une violation permanente et intolérable du droit international. Il appartient donc à toute la communauté des Etats de se mobiliser, de dire la vérité et de dénoncer.

M. Brune Mase, le maire de Villa Adam, a commencé son discours en disant:
J’avais envie d’évoquer avec vous le cœur de la résistance qui existe depuis plus de quarante ans maintenant et qui a été tout d’abord à Achraf en Irak, puis à Liberty et enfin depuis 2016 en Albanie. Les camps Achraf précédents étaient victimes d’attaques tout aussi insupportables et ignobles, et aujourd’hui la résistance iranienne peut, dans un contexte pacifié, être à la pointe de son action pour mettre à mal ce régime.
Achraf 3 (en Albanie – cité de la Résistance iranienne) est un lieu extraordinaire ; parce que c’est un lieu d’espoir avec son rond-point de la flamme éternel et de la liberté. C’est un lieu de vie et c’est un lieu de mémoire.

Pour ceux qui ont eu la chance, je dirai, d’aller à Achtaf 3, autre lieu fort et bouleversant c’est le Musée qui est votre atout : une manière tout-à-fait criante et réaliste ; ce que peut être la vie dans les geôles iraniennes. Il fait dénoncer cela. C’est important de le faire savoir et Achraf est une ville ouverte qui permet à nombre de personnes de prendre connaissance et conscience de ce qui se passe. Il y a peu d’informations de l’intérieur de l’Iran.

Donc ce Musée de mémorial pour les 30 000 prisonniers politiques exécutés en 88, mais aussi pour les 120 000 exécutés tout au long de cette période de résistance, ne doit pas rester vaine et doit argumenter et être la base d’un vrai discours auprès de tous les responsables politiques qui ont la capacité, qui ont la possibilité de faire connaître ce massacre, de faire connaître ce régime insupportable et intolérable pour y mettre fin dans les meilleurs délais, car pour moi la limite est déjà largement dépassée. Il faut vous aider, nous aider, et ensemble mettre fin à ce régime dictatorial.

Le dernier orateur de ce programme était M. Behzad Naziri, membre de la commission des affaires étrangère du Conseil national de la résistance iranienne.

Il a notamment déclaré que l’escalade de la répression et des exécutions publiques, et la récente exécution de deux manifestants en moins de trois semaines ; montre tout d’abord la fragilité de ce régime. Ce régime a toujours essayé de cacher cette fragilité interne à l’opinion publique et à la presse internationale. Mais on avance, plus le régime a de problèmes pour dissimuler cette instabilité interne. Voilà donc la raison de ces répressions croissantes. L’analyse interne des services de renseignement du régime et des gardiens de la révolution, est persuadé que dans les mois à venir, le régime devrait s’attendre à un soulèvement populaire général. Autrement dit, ce n’est qu’une question de temps.

Cependant, le régime surveille les élections américaines. Mais ils savent eux-mêmes que cela ne servira pas de remède à leur fragilité. Toutes les factions du régime conviennent que leur pouvoir est au bord d’un soulèvement général.

Cette fragilité interne que vous voyez dans l’augmentation de la répression et des exécutions; se reflète également dans les protestations de la population et dans l’unanimité contre ces exécutions. Vous avez vu certaines de ces manifestations sur ces images qui ont été diffusées. Vous verrez également dans des campagnes internationales sans précédent que des millions de personnes ont protesté contre la condamnation à mort de trois jeunes manifestants du régime. Le régime a renoncé mais d’autres manifestants ont été exécutés à Chiraz et dans d’autres villes. C’est le paradoxe de ce régime. D’une part, il ne peut pas arrêter l’exécution des manifestants – parce que son but est d’intimider et de créer une atmosphère de terreur et de panique parmi les gens – mais d’un autre côté, il voit que les exécutions versent de l’huile sur le feu et augmenter la colère du peuple.

Je terminerai en disant que le régime lui-même donne l’adresse de son alternative. Car notez que bien que confronté à une situation terrible en Iran, vous n’êtes pas confronté à une situation de désespoir. Parce qu’il existe une alternative. Une alternative démocratique. Cependant, les gouvernements qui sont dans une politique de complaisance avec le régime ne le reconnaissent pas. Il y a une forte campagne mondiale qui terrifie le régime, le cœur de cette campagne est à Ashraf-3. Le cœur de la résistance est là-bas. La nouvelle des activités de unités de résistance se répand dans l’opinion internationale. Ces unités de résistance se sont répandues dans tout l’Iran au cours des deux dernières années. Le régime les considère comme une menace pour sa propre survie.

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