jeudi 15 octobre 2020

L’Iran refuse par malveillance les soins hospitaliers de Nasrin Sotoudeh

 CSDHI – Nasrin Sotoudeh est une célèbre avocate iranienne des droits humains emprisonnée.  Nous venons d’apprendre qu’elle a eu des complications de santé à la suite de sa récente grève de la faim. C’est ce qu’a déclaré son mari à VOA Persian dans une interview du 13 octobre 2020.

Le mari de Nasrin Sotoudeh dénonce le refus des autorités à soigner son épouse

Dans une interview avec VOA mardi, Reza Khandan a accusé les responsables judiciaires iraniens d’agir avec entêtement. Ils ne répondent pas aux multiples demandes que lui et sa femme, Nasrin Sotoudeh, ont formulées pour qu’elle obtienne une permission de sortie de la prison d’Evine de Téhéran. En effet, les autorités doivent la soigner dans un hôpital extérieur fiable.

Mme Sotoudeh n’ a pas été libérée en mars 2020

« Les autorités judiciaires ont accordé des permissions de sortie à quelques prisonniers politiques afin de réduire la pression internationale sur l’Iran », a déclaré M. Khandan. « Mais ce n’est pas le cas de Nasrin et de quelques autres prisonniers politiques. Ils sont traités différemment par malveillance », a-t-il déclaré.

Peu de prisonniers politiques ont été inclus dans les dizaines de milliers à qui l’Iran a accordé des libérations temporaires en mars. Il s’agissait pour le régime de freiner la propagation du coronavirus dans ses prisons surpeuplées et insalubres.

Ces permissions de sortie ont exclu les dissidents, tels que Mme Sotoudeh. L’Iran l’a condamnée à des peines de plus de cinq ans pour des activités pacifiques considérées comme des infractions à la sécurité nationale.

Mme Sotoudeh est emprisonnée à Evine depuis juin 2018. Le pouvoir judiciaire l’a condamnée parce qu’elle a défendu des femmes qui avaient retiré leurs hijabs au mépris des lois islamistes iraniennes. Les militants des droits humains ont déclaré que Sotoudeh purge une peine de prison de plus de 30 ans. Elle doit purger 12 ans avant de pouvoir bénéficier d’une libération conditionnelle.

Khandan a précédemment déclaré aux médias occidentaux et réseaux sociaux que Mme Sotoudeh a fait une deuxième grève de la faim de 45 jours, d’août à septembre. Elle proteste contre le refus de l’Iran de libérer les prisonniers politiques. Le risque d’exposition au coronavirus en prison est très important.

De graves problèmes cardiaques

Selon les médias officiels iraniens, Khandan a déclaré que la grève de la faim prolongée avait tellement affaibli la santé de son épouse que les autorités carcérales l’ont envoyée à l’hôpital Taleghani de Téhéran. Elle y est restée cinq jours, fin septembre, pour un traitement d’urgence. Khandan a déclaré qu’elle avait mis fin à la grève de la faim deux jours plus tard. Elle était alors en isolement carcéral.

Dans une déclaration publique, mardi, Khandan a déclaré que les autorités ont transféré Mme Sotoudeh de l’isolement vers le quartier des femmes « sans aucune surveillance médicale.  » Pourtant, elle avait une « respiration restreinte » et de « graves » problèmes cardiaques. Il a déclaré que les médecins extérieurs qui ont examiné les tests médicaux de Mme Sotoudeh considèrent son retour à Evine comme une « tentative délibérée de mettre sa vie en danger. »

Dans son interview à VOA, Khandan a déclaré que la santé de sa femme s’est améliorée. En effet, elle a recommencé à manger. Toutefois, elle a toujours besoin d’un traitement hospitalier. Car elle a eu des complications dues à sa grève de la faim.

La malveillance des autorités iraniennes à l’égard de Nasrin Sotoudeh

« L’obstination des responsables iraniens à refuser les demandes de permission de Nasrin n’est pas seulement une réaction à sa grève de la faim », a déclaré Khandan. « Elle est également cohérente avec la longue histoire de l’Iran qui s’oppose aux demandes des défenseurs des droits humains. »

Dans un article, le site officiel Tehran News a déclaré que le système judiciaire et l’organisation pénitentiaire de l’Iran « s’acquittent de leur devoir de lutter contre la corruption et les crimes de sécurité nationale face à la guerre psychologique menée par l’ennemi ». Il a également accusé Mme Sotoudeh de plaider pour des demandes « illégales » de prisonniers.

Les responsables américains et onusiens ont longtemps exprimé leur soutien à Mme Sotoudeh. Ils ont appelé à sa libération.

Dans une déclaration du 6 octobre, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Michelle Bachelet, s’est exprimée au sujet de Mme Sotoudeh. « C’est une avocate persistante et courageuse pour les droits de ses compatriotes iraniens. Il est temps que le gouvernement cesse de violer ses propres droits en raison des efforts qu’elle a faits au nom des autres. »

Le mois dernier, le porte-parole du Département d’Etat américain, Morgan Ortagus, a publié un tweet disant que Washington était aux côtés de Sotoudeh. Elle la soutient « dans son combat inébranlable pour les droits de l’homme en Iran. » Elle a également condamné ce qu’elle a appelé « l’utilisation barbare de l’emprisonnement injuste en Iran. »

Source : VOA

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