L'Iran est le seul pays au monde à interdire aux femmes d’entrer dans les stades de football.
Un organe des droits humains de la FIFA recommande d'utiliser « l'effet de levier existant » pour que l'Iran se conforme aux lois sur les droits humains.
Dans son nouveau rapport, le conseil consultatif de la FIFA a demandé à la FIFA, dans le cadre d'un nouveau rapport, de donner à la République islamique un délai pour lever son interdiction concernant la présence des femmes dans les stades de football.
La campagne Open Stadiums, qui se décrit comme un « mouvement de femmes iraniennes cherchant à mettre fin aux discriminations et à permettre aux femmes d’entrer dans les stades », a salué les recommandations du conseil d’administration sur « l’Iran » comme une « grande réussite pour les femmes iraniennes, fans de football qui se battent pour leur droit d'entrer dans les stades depuis plus de 13 ans ».
Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI), qui plaide contre cette interdiction, depuis plusieurs années, a également accueilli favorablement les recommandations, tout en ajoutant que les femmes iraniennes restaient « bien conscientes du fait que leur bataille pacifique pour que l'égalité des droits soit garantie, n’est pas encore finie ».
« Pendant ces années, l'Iran a éludé la pression internationale de lever cette interdiction discriminatoire en l'assouplissant temporairement », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi il est crucial que la FIFA mette en œuvre les recommandations de son conseil d’administration et prenne toutes les mesures nécessaires pour que l’Iran se conforme aux lois sur les droits humains ».
Certaines militantes iraniennes des droits des femmes qui ne sont pas affiliées à la campagne Open Stadiums ont également publié leur approbation sur les médias sociaux.
« La FIFA soutient les droits des femmes iraniennes en lançant un ultimatum autorisant les femmes à entrer dans les stades », a tweeté Azam Jangravi, l'une des dizaines de femmes arrêtées en Iran en 2018 pour avoir manifesté pacifiquement contre la loi du régime sur le hijab, en retirant leur foulard en public.
« C’est à notre tour de montrer notre puissance sociale », a ajouté Jangravi, qui a été arrêtée en février et qui a depuis quitté le pays. « N'oublions pas que nous sommes innombrables et que les dictateurs tirent leur force de notre désunion et de notre silence ».
Le rapport du Comité consultatif des droits de l'homme de la FIFA, publié le 26 novembre 2018, recommande à la FIFA d'être explicite sur le calendrier dans lequel elle s'attend à ce que son association membre (l’Iran) s'aligne sur les attentes de la FIFA en matière de droits humains et sur les sanctions prévues, y compris dans les statuts, le code disciplinaire et le code d'éthique de la FIFA ».
Composé de huit experts indépendants issus des Nations Unies, des syndicats, de la société civile et des sponsors de la FIFA, le conseil recommande également d'utiliser « la force de levier existante » de la FIFA concernant les décisions relatives aux « tournois à venir auxquels la Fédération de football iranienne soumissionne, ce qui représenterait par définition défis pour la FIFA de s’acquitter de ses propres responsabilités en matière de droits humains ».
L’Iran est le seul pays au monde à interdire aux femmes l’entrée des stades de sport. La politique non officielle est soutenue par les conservateurs religieux et les extrémistes politiques en Iran depuis 1980, un an après la création de la République islamique.
Mais l’interdiction imposée par l’Iran est une violation des propres règles de la FIFA pour les équipes participant à des événements internationaux du football. L’article 4 des statuts de la FIFA dispose que toute forme de discrimination à l’égard d’un groupe de personnes est « strictement interdite et passible de la suspension ou de l’expulsion ».
Les activistes font face à une bataille acharnée contre l'interdiction qui dure depuis plusieurs décennies
Jusqu'à présent, l'Iran a assoupli son interdiction à quatre reprises en 2018, en autorisant un nombre limité de femmes à regarder les matches de la Coupe du monde télévisés dans le stade Azadi de Téhéran en été et en autorisant un nombre limité de femmes à assister aux matches de football masculin dans le stade en octobre et novembre.
Le conseil a noté ces « développements positifs » tout en avertissant que « ces décisions ad hoc ne sont évidemment pas la même chose que la fin officielle de l'interdiction ».
La lutte pacifique contre l'interdiction a progressé lentement au cours des décennies en Iran malgré la menace d'arrestations et d'emprisonnements, faisant l'objet de diverses actions de protestation et de campagne, notamment de la part de femmes entrant dans le stade Azadi habillées en hommes et de célébrités appelant les autorités à lever l'interdiction.
Le 2 mars, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a déclaré que le président iranien, Hassan Rohani, avait « promis » lors d'une réunion à Téhéran que les femmes en Iran seraient « bientôt » autorisées à entrer dans les stades. Un jour auparavant, 35 femmes avaient été arrêtées pour avoir tenté d’entrer dans le stade Azadi de Téhéran, où Infantino avait assisté à un match de football.
En dépit de cette promesse, le président Rohani n'a pas appelé à la levée de l'interdiction. Dans le même temps, les autorités conservatrices et intransigeantes se sont opposées à ce que les femmes puissent assister aux matches de football dans le même stade que les hommes.
Immédiatement après l’accès d’un nombre limité de femmes au stade Azadi pour assister à un match à domicile, en octobre 2018, le procureur général de l’Iran, Jafar Montazeri, a menacé de « confronter » toute personne qui permet à la « tendance » de se poursuivre.
« C’est problématique quand les femmes regardent les corps à moitié nus des hommes », a-t-il déclaré. « Cela mine les normes islamiques du pays ».
« Les médias qui soutiennent la présence des femmes dans les stades devraient apporter une réponse convaincante à ce problème », a-t-il ajouté. « Je préviens les responsables que si cette tendance se maintient, nous nous y opposerons car nous ne devrions pas promouvoir le péché et l'immoralité ».
Mais certains Iraniens ont eu recours aux médias sociaux pour exprimer un point de vue opposé, notamment des célébrités iraniennes qui devraient éviter de faire des déclarations contre la politique de l'État.
« Dans l’espoir du jour où la moitié d’Azadi (stade de Téhéran) sera à vous », a tweeté le footballeur Hossein Mahini, membre de l’équipe nationale iranienne Melli.
« Les responsables iraniens ont fait diverses déclarations ridicules pour justifier l’interdiction, y compris l’affirmation déjà réfutée selon laquelle les stades iraniens ne sont pas sans danger pour les femmes », a déclaré Ghaemi.
« Quelles que soient leurs opinions personnelles, ces responsables devraient accepter le fait que le peuple iranien, en particulier les femmes, est déterminé à revendiquer pacifiquement ses droits et qu’il ne reculera pas », a-t-il ajouté.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire