CSDHI – Les experts des droits humains de l’ONU ont exprimé aujourd’hui leur inquiétude quant à la condition du défenseur des droits humains emprisonné Mohammad Nourizad. Ils ont appelé à sa libération immédiate. Voici la déclaration complète :
Genève, le 4 mai 2021 – Les experts des droits de l’homme des Nations Unies ont exprimé aujourd’hui leur vive inquiétude quant à l’état de santé du cinéaste et militant politique iranien Mohammad Nourizad, emprisonné. Ils ont demandé sa libération immédiate. Sa santé se serait détériorée à tel point qu’il risque de graves complications, voire la mort, s’il reste en prison et ne reçoit pas les soins médicaux appropriés.
« Nous sommes gravement préoccupés par les mauvais traitements infligés à Mohammad Nourizad et par son maintien en prison pour avoir exprimé son opinion », ont déclaré les experts. « En outre, son maintien en détention alors que des professionnels de la santé ont constaté qu’il ne pouvait pas rester en prison compte tenu de son état de santé grave, et le refus de soins médicaux appropriés qui en résulte, peuvent s’apparenter à de la torture et à d’autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants. »
« Son cas est emblématique de la situation à laquelle sont confrontés de nombreux militants politiques iraniens en détention. Il doit être immédiatement libéré. »
En février 2020, le régime a condamné Nourizad à plusieurs peines, dont une de sept ans et demi d’emprisonnement, après l’avoir reconnu coupable de charges liées à une lettre ouverte qu’il a signée avec d’autres personnes. Celle-demandait la démission du guide suprême et des changements constitutionnels.
Pendant sa détention, Nourizad a mené des grèves de la faim. Il a aussi refusé de prendre des médicaments, la dernière fois le 10 mars 2021, pour protester contre son emprisonnement et les mauvais traitements infligés à sa famille par les autorités. Il aurait également tenté de se suicider en prison. Et il aurait commencé à s’automutiler en guise de protestation, le 19 février 2021.
Nourizad a été diagnostiqué comme souffrant de problèmes cardiaques. Ila souvent perdu connaissance pendant sa détention. Le 14 avril 2021, on l’a transféré à l’hôpital éducatif Loghman Hakim de Téhéran, après un évanouissement. Lorsqu’il a repris connaissance, il s’est trouvé face à quelqu’un qui lui injectait huit ampoules d’une substance à laquelle il n’a pas consenti et dont il n’a pas été informé du contenu. Nourizad a demandé que les autorités l’informent des substances qu’elles lui avaient injectées et qu’une enquête soit menée sur les raisons pour lesquelles il a reçu ces injections. Il n’a pas encore reçu ces informations ni de réponse à sa demande d’enquête.
« Il est clair que Mohammad Nourizad n’est pas en état de rester en prison pour des raisons médicales », ont déclaré les experts. « L’Organisation médicale légale du pouvoir judiciaire et d’autres professionnels de la santé auraient estimé qu’il devrait être libéré pour des raisons médicales. Les autorités iraniennes doivent le libérer immédiatement conformément à ces avis médicaux et lui donner libre accès aux soins et traitements médicaux requis. »
Les experts ont souligné que de nombreuses personnes en République islamique d’Iran sont détenues pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression. Ils ont rappelé au gouvernement que la détention sur une telle base constitue une violation manifeste de plusieurs de ses obligations en matière de droits humains au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
« Nous demeurons extrêmement préoccupés par les informations persistantes selon lesquelles des détenus, y compris ceux qui sont emprisonnés pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, se voient refuser un traitement ou des soins médicaux adéquats ou sont inutilement empêchés de les recevoir », ont déclaré les experts. « Dans des cas extrêmes, le refus d’un traitement adéquat a entraîné la mort. Le gouvernement et le pouvoir judiciaire iraniens ont l’obligation de veiller à ce que tous les détenus reçoivent un traitement approprié, comme le prescrivent non seulement le droit interne, mais aussi ses obligations internationales en matière de droits humains et les Règles Mandela sur les normes minimales pour le traitement des prisonniers. »
Les experts ont déjà fait part de leurs préoccupations au gouvernement de la République islamique d’Iran concernant la détention de Mohammad Nourizad. Le gouvernement a envoyé des commentaires en réponse aux préoccupations exprimées. Les experts ont également fait part de leurs préoccupations concernant l’accès aux soins médicaux en détention.
Source : IHR
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