Le soulèvement de 2022 marque un phénomène significatif et sans précédent dans l’histoire de notre lutte pour la liberté. Tout a commencé avec la mort tragique de Mahsa Amini. Cependant, l’attention est rapidement passée de la protestation contre la police des mœurs ou le port obligatoire du hijab à la résolution des problèmes fondamentaux pour lesquels le peuple iranien se bat depuis des décennies. Le cœur du problème consiste à renverser le régime oppressif des mollahs et le dictateur Ali Khamenei.
Cette question a des dimensions à la fois quantitatives et qualitatives. Jusqu’à la douzième semaine du soulèvement, il y avait jusqu’à 2 345 mouvements de protestation dans les divers villes d’Iran. Cela montre la nature généralisée du soulèvement, avec des manifestations et des affrontements entre le peuple et les forces répressives qui se déroulaient dans 246 villes. Nous avons vécu quotidiennement près de 200 mouvements de protestation sur une période de trois mois.
Les universités ont également joué un rôle important dans le soulèvement, avec 992 grèves, sit-in, rassemblements ou affrontements avec les forces de sécurité survenus au cours de la même période. De plus, les syndicats ont participé au mouvement, avec 635 grèves organisées au cours des trois premiers mois du soulèvement.
Comparativement, lors des manifestations de 2017, qui n’ont duré que 12 jours. De même, les manifestations de 2019 ne se sont pas prolongées au-delà d’une semaine en raison de la violente répression du régime. Cependant, le soulèvement de 2022 a non seulement dépassé les périodes précédentes, qui a duré plusieurs mois, il est également entré dans une phase différente alors même que le régime prétend avoir le contrôle de la situation. Actuellement, on ne peut pas affirmer que le soulèvement est terminé tant que les revendications du peuple iranien et les raisons sous-jacentes du soulèvement restent sans réponse.
Ce soulèvement visait le principal problème de la société iranienne, à savoir le régime clérical lui-même. Lors des soulèvements précédents, les slogans se sont concentrés sur Khamenei et ses acolytes. Les manifestations l’ont constamment ciblé chaque fois que les gens ont eu l’occasion de se rassembler et d’exprimer leurs griefs.
Les racines de ce soulèvement remontent au 20 juin 1981. Avant cette date, toutes les tentatives d’opposition civile et pacifique à la dictature religieuse avaient été mises à l’épreuve. Cependant, tous les efforts de divers groupes iraniens en quête de réforme et de changement non radical se sont heurtés à une répression brutale. Rouhollah Khomeiny a ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir le feu sur une manifestation pacifique de 500 000 personnes à Téhéran, ce qui a marqué la fin des efforts pacifiques, et son règne est devenu illégitime à partir de ce jour. La seule voie vers le changement pour le peuple iranien était un changement de régime.
De 1980 à 1988, Khomeiny a réussi à supprimer le moindre signe de dissidence et de revendications populaires en les attribuant à l’Irak, alors en guerre contre le régime. Mais après une série d’opérations militaires écrasantes de l’Armée de libération nationale iranienne, il s’est rendu compte que cette guerre conduirait à la chute du régime. Peu de temps après, dans les années 1990, avec des soulèvements à Qazvin, Islamshahr et dans d’autres villes, le régime a ressenti la menace d’un renversement interne.
En 1999, une manifestation a commencé à l’Université de Téhéran, poursuivant les mêmes demandes de changement de régime, mais elle a été sévèrement réprimée. Cependant, ces dernières années, suite aux soulèvements de 2017, 2019, 2020 et 2022, ce dernier a représenté une avancée qualitative et quantitative par rapport à tous les mouvements précédents.
Khomeiny et Khamenei ont toujours essayé de se présenter comme les dirigeants des opprimés du monde, affirmant qu’ils visaient à relever la situation des classes marginalisées de la société. Pendant des décennies, ils ont cherché à faire des démunis une arme et ont même enrôlé certains d’entre eux dans leurs forces répressives.
Cependant, la caractéristique la plus importante du soulèvement de 2017 était que la population s’est soulevée contre le régime en raison de la pauvreté, des inégalités et de la discrimination, exigeant le renversement du régime de Khamenei.
Dans ce soulèvement, les gens ont scandé des slogans comme « Réformistes, concervateur, le jeu est terminé », envoyant un message à Khamenei qu’ils ne se laisseraient plus trompés par des manœuvres politiques sous couvert de réforme, et qu’ils ne se contentaient de rien de moins que le changement régime.
Après ce soulèvement, Khamenei a admis que l’OMPI avait joué un rôle clé, faisant référence aux Unités de résistance, dont le réseau a commencé à s’étendre dans le pays en 2013. Bien que le soulèvement de 12 jours soit terminé, les manifestations se sont poursuivies sporadiquement dans diverses villes.
La pandémie de Covid-19 s’est transformée en un « cadeau du ciel » pour le régime, et Khamenei a effectivement cherché à exploiter l’horrible tragédie pour reporter l’inévitable, en noyant des millions de mécontents dans plus de misère. Cependant, alors que la pandémie a finalement été maîtrisée à l’échelle mondiale, les Iraniens ont trouvé encore plus de raisons de renverser le régime qui avait causé la perte de leurs familles et de leurs proches.
Le régime et ses affiliés à l’étranger ont également tenté sans relâche de détourner le soulèvement de 2022 et de le réduire à une tension sociale superficielle. Cependant, le peuple iranien et sa Résistance organisée ont rapidement fait progresser le mouvement au-delà des revendications initiales et l’ont élevé à un appel au changement pure et simple de régime.
Des slogans tels que « A bas Khamenei », « Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le Guide » et « Je vengerai le sang de mon frère » ont résonné dans tout le pays et continuent de résonner aujourd’hui. Contrairement à ceux qui prétendaient vouloir travailler avec des éléments au sein de l’establishment au pouvoir et les pasdaran (CGRI) dans l’espoir d’une transition du pouvoir, la jeunesse révolutionnaire iranienne a prouvé qu’elle était prête à se battre à tout prix pour la démocratie et la liberté en utilisant tous les moyens nécessaires.
Le soulèvement de 2022 a fait un nombre sans précédent de victimes parmi les forces de sécurité, avec plus de 200 tués et plus de 7 000 blessés. La révolte a également porté un coup sérieux à la position de Khamenei au sein du régime. Des milliers de personnes, y compris des membres de la famille et des connaissances des forces de sécurité actuelles ou anciennes, ont été arrêtées lors des manifestations, ce qui a entraîné un problème important pour le régime, alors que les combats pénétraient dans les maisons des troupes mêmes qui sont censées sauver le régime de la chute. Cela pose un problème majeur à Khamenei, l’empêchant d’ordonner le massacre des manifestants comme auparavant.
Karimi, un commandant du CGRI, a déclaré que 25 % des personnes arrêtées étaient des membres des unités paramilitaires Basij, 6 % étaient des membres du CGRI et 5 % étaient des proches d’anciens combattants de la guerre Iran-Irak. Cela signifie qu’un total de 36% des personnes arrêtées servaient autrefois les troupes du régime.
Au lendemain du soulèvement, il y a eu une absence notable de déclarations flatteuses ou de soutien à Khamenei de la part des responsables actuels ou anciens, même des mois plus tard. Ce manque de soutien public s’est fait remarquer dans un discours de Khamenei qui a exhorté ses partisans à éviter la confrontation avec ceux qui le critiquent ou lui manquent de respect.
Un autre problème majeur auquel Khamenei est confronté est le soutien décroissant du séminaire religieux de Qom. Le clergé, autrefois un pilier de l’État, a été clairement mis à l’écart en faveur du CGRI et de ses affiliés, sapant la base de soutien supposée de Khamenei.
Malgré les efforts du régime pour imposer Khamenei en tant qu’imam (chefs religieux chiites) et le comparer à son prédécesseur Rouhollah Khomeiny, les vagues constantes de protestations et d’appels à sa destitution ont affaibli sa position, et il a été mis à mal.
Aujourd’hui, les médias et les responsables du régime expriment ouvertement leurs inquiétudes quant à la possibilité d’une nouvelle vague de soulèvements, qu’on juge inévitable.
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