vendredi 2 septembre 2016

 Le général Hugh Shelton, ancien président du comité des chefs d’état-major interarmées, a écrit dans la Washington Times que les fuites historiques récentes sur les exécutions collectives de prisonniers politiques en 1988 en Iran ne présentent pas seulement une opportunité pour faire justice aux 30 000 victimes et leurs familles, mais il pourrait et devrait également déterminer un des débats les plus importants dans la politique extérieure aujourd’hui.

Pendant l’été 1988, le régime iranien a exécuté sommairement et sans procès des dizaines de milliers de prisonniers politiques dans les prisons en Iran. Le massacre a été mis en œuvre après la fatwa lancée par le Guide suprême de l’époque, le Rouhollah Khomeiny.
Plus de 30 000 prisonniers politiques ont été massacrés en Iran au cours de l’été 1988. La fatwa de Khomeiny a mené à ce massacre. La plupart des victimes étaient des militants du groupe d’opposition, l’OMPI (MEK).
Le 9 août 2016, un enregistrement audio de l’ancien héritier de Khomeiny a été publié pour la première fois, reconnaissant que le massacre avait eu lieu et avait été ordonné par des personnalités importantes.
Voici ci-dessous l’article du général Hugh Shelton publié le 31 août 2016 dans le Washington Times :
Tenir responsables les mollahs pour crimes contre l’humanité
Les théocrates en Iran sont responsables du massacre de milliers de chrétiens – et de musulmans
Hugh Shelton – mercredi 31 août 2016
Analyse/opinion :
En août, des preuves accablantes ont été rendues publiques sur ceux responsables du plus grand massacre de prisonniers politiques depuis la Seconde Guerre mondiale. Le massacre a eu lieu en Iran, qui est désormais décrit comme étant dirigé par des modérés.
L’idéologie brutale et radicale qui guide les exécutions collectives de 1988 est vivante et en bonne santé. Demandez vous-même aux Iraniens, tout comme aux Syriens, aux Irakiens et aux autres populations de la région. Comment se fait-il que cette fuite historique ait été, avec peu d’exceptions, accueillies dans l’indifférence ? Cela ne représente pas seulement une opportunité pour faire justice aux 30 000 victimes et leurs familles, mais cela pourrait et devrait déterminer un des débats les plus importants dans la politique extérieure aujourd’hui.
Le grand ayatollah Hossein-Ali Montazeri n’était pas quelqu’un que vous pouviez appeler libéral, ou même modéré. Il détestait la démocratie, préférant l’idéologie du Velayat-e Faqih (régime iranien), qui donne des pouvoirs illimités au clergé pour décider du sort et de la vie quotidienne des Iraniens. Montazeri pressenti autrefois pour succéder à l’ayatollah rouhollah Khomeiny, était un disciple du dogme chiite qui mènera au massacre de 30 000 hommes, femmes (même enceinte) et enfants innocents. Cependant, comme le montre clairement le récent enregistrement, même Montazeri s’est senti obligé de prendre position contre ce bain de sang. 
Le massacre avait pour cible les opposants que le régime avait déjà condamnés, les militants de l'Organisation des Moudjahidine du Peuple d'Iran (OMPI ou MEK), qui étaient en prison et ne pouvaient plus être enfoncés avec plus de charges fabriqués par le gouvernement. Dans les paroles de Montazeri qui ont été enregistrées, « Ce genre d'exécutions massives sans procès, en particulier en ce qui concerne les prisonniers et captifs – ils sont vos prisonniers, après tout – les peines supplémentaires les favoriseront, et le monde nous condamnera et ils seront encore plus encouragés dans leur résistance.
Tuer est la mauvaise façon de résister à une pensée, une idée. Ils ont une pensée, une idée. Répondre à un processus, une logique, même une logique défectueuse, avec une tuerie ne résoudra rien. Cela ne fera qu'empirer les choses. Nous ne serons pas éternellement au pouvoir. À l'avenir, l'histoire nous jugera. »
On pourrait espérer que ce genre d'objection d'un haut dignitaire religieux et fanatique de l'extrémisme, des idéaux réactionnaires de l’institution entraînerait un changement, et que ceux qui avaient commis ces crimes innommables ne seraient pas favorisés continuellement. Il se trouve qu'il y avait eu du changement : Montazeri a été limogé et ceux qui ont assassiné des prisonniers innocents à une échelle inimaginable ont été promus.
Les membres du « comité de la mort » officient actuellement à des postes supérieurs au sein du gouvernement soi-disant modéré d’Hassan Rohani. Mostafa Pour-Mohammadi est ministre de la justice au sein du cabinet de M. Rohani. Hossein-Ali Nayyeri est l'actuel chef de la Cour suprême de discipline des juges. Ebrahim Raeesi était procureur général du régime théocratique jusqu'à il y a plusieurs mois et a été récemment nommé par le Guide Suprême, Ali Khamenei, à la tête de la fondation Astan Qods-e Razavi, qui est un conglomérat religieux, politique et économique de plusieurs milliards de dollars et l'une des puissances politiques et économiques les plus importantes dans le régime des mollahs.
Les postes actuels de ces assassins de masse ne sont pas juste une insulte à ces iraniens qui ont payé le prix fort en 1988 ; ils sont également une peine de mort pour les iraniens aujourd’hui, et un avertissement en ce qui concerne les intentions du gouvernement Rohani à l’étranger. Sur le plan interne, sous la direction « modérée » de M. Rohani, l’Iran est l’état exécuteur numéro 1 puisque pas moins de 2600 personnes, y compris beaucoup d’opposants, ont été exécutées.
Les minorités religieuses et ethniques sont en nombre disproportionné parmi les plusieurs milliers d’opposants présumés qui ont été pendus à des grues au cours des dernières années. A l'étranger, le régime est devenu de plus en plus éhonté en raison de l'inaction et des paiements de rançon Occidentaux dans le cadre des négociations nucléaires. En Syrie, en Irak et au-delà, l'ingérence iranienne et l'action directe encourage les despotes tels que Bachar el-Assad ainsi que la souffrance et la mort à une échelle massive.
Il y a quelques jours seulement, un enfant syrien de 5ans nommé Omran Daqneesh est devenu le visage de la dernière série de souffrance et de mort en Syrie, dans une campagne rendue possible par le gouvernement iranien. Contrairement aux victimes de la terreur de 1988, les victimes d'aujourd'hui sont susceptibles d'être plus d'un certain nombre, à avoir un visage humain comme celui d’Omran- couvert de poussière et de sang provenant d'un raid aérien – leur choc et leur désespoir capturés à la caméra. De telles scènes devraient agir comme un appel à la conscience ; nous ne pouvons plus rester les bras croisés puisque des innocents sont abattus. Il est temps pour nous d'élever nos voix au nom des victimes de la terreur iranienne qui ne peuvent pas se défendre, soit parce qu'ils ont été réprimés ou déjà morts.
N’est-il pas temps de réclamer la justice pour les victimes du massacre de 1988 et de tenir les auteurs responsables ?
• Hugh Shelton, général de l'armée américaine à la retraite, est un ancien président de l’Etat-major américain.








 SourceWashington Times

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