jeudi 7 juin 2018

#Iranprotests; Éditorial : Le dilemme nucléaire de Khamenei

Éditorial : Le dilemme nucléaire de Khamenei

Khamenei a ordonné à l'agence nucléaire du régime de prendre des mesures pour procéder à une augmentation majeure de l'enrichissement de l'uranium.
« L'Organisation de l'énergie atomique de l'Iran doit prendre les dispositions nécessaires pour atteindre les 190 000 UTS dans la limite autorisée par le JCPOA et doit commencer les autres travaux préparatoires que l'honorable président a ordonnés à partir de demain », a-t-il déclaré.
Il a décrit les « progrès de la technologie nucléaire et de la puissance des missiles » comme le « point fort » du régime, ajoutant que « la construction de divers types de missiles et l'acquisition de la puissance balistique garantissent la sécurité du pays ».
Il est possible que Khamenei ait décidé d'étendre les activités nucléaires du régime, et ses propos pourraient être le premier pas vers son retrait du JCPOA.
Une autre possibilité est que ses propos ne sont qu'un élément de négociation et des menaces vides visant à forcer l'UE à faire plus de concessions au régime. Ce qui rend cette éventualité plus vraisemblable, c'est que Khamenei a particulièrement souligné dans ses propos qui sont pourtant mesurés, que l'expansion de l'activité nucléaire doit se faire dans le « cadre » du JCPOA.
Les propos de Khamenei sont de nature contradictoire. Il s'efforce de paraître dur. Pourtant, il insiste sur le fait que sa décision s'inscrit dans le cadre du JCPOA. Cette contradiction découle de la faiblesse et de la vulnérabilité du régime. D'une part, pour remonter le moral de sa base, à savoir la force paramilitaire Bassij et d'autres forces répressives, Khamenei doit être vu dans une position stable. D'autre part, son régime connaît une crise profonde et a désespérément besoin d'un soutien extérieur pour sa survie. En termes simples, il ne peut pas se permettre de prendre le risque de mettre fin aux négociations avec l'Europe. Ce dilemme explique les propos contradictoires de Khamenei.
Les propos ultérieurs d'Ali Akbar Salehi, chef de l'agence nucléaire du régime, ont révélé que le JCPOA, qui est entré en vigueur en 2015, n'a en fait jamais complètement arrêté les progrès du régime en matière de capacité nucléaire. Salehi a déclaré récemment que lorsque le régime a signé l'accord pour la première fois, le Guide Suprême a recommandé que « non seulement nous ne devrions pas détruire les ponts derrière nous, mais nous devrions construire de nouveaux ponts de sorte que si l'autre partie ne respecte pas son engagement, nous serions dans une position beaucoup plus avancée qu'avant le JCPOA ».
Salehi a ajouté : « Une grande partie du travail que nous avons fait émerge progressivement, car nous n'aurions pas pu l'annoncer à l'époque. »
Il a reconnu que depuis qu'il a signé le JCPOA, le régime a fait des « centrifugeuses avancées » mais ne l'a pas « annoncé ». Cependant, il a souligné que cela aussi s'inscrivait dans le cadre du JCPOA.
Ses propos étaient tout aussi contradictoires. D'une part, il veut montrer sa force, mais d'autre part, il connaît la vulnérabilité du régime et il est donc parti en insistant sur le fait que leurs actions s'inscrivaient dans le cadre de la JCPOA.
Pourtant, la menace du régime de procéder à des niveaux plus élevés d'enrichissement de l'uranium a incité le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à lancer mercredi un avertissement à Téhéran de ne pas franchir la « ligne rouge ».
Que peut-on conclure de la position de Téhéran ?
• Si Khamenei et Salehi parlaient sérieusement et pas seulement pour remonter le moral de leurs troupes, alors le régime a déjà violé le JCPOA, ou du moins, on pourrait dire qu'il s'agissait d'un témoignage clair des lacunes du JCPOA.
• Le régime théocratique est en crise profonde. Offrir une concession au régime est contraire aux intérêts du peuple iranien et constitue une tentative pour aider un régime corrompu qui réprime son peuple et qui détient le palmarès mondiale du nombre d’exécution par habitant.
• Le moment est venu de prendre le régime au mot et de le tenir responsable de ses actions dans la région.
• Il est temps de mettre fin au silence sur les violations systématiques des droits de l'homme en Iran.
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