Alors que la Fédération internationale de football (FIFA) est sur le point d'envoyer une délégation à Téhéran pour enquêter sur le cas d'une supportrice de football qui s'est récemment suicidée par auto-immolation, la République islamique a émis un mandat d'arrêt contre une superstar du cinéma iranien en raison du soutien qu'elle a apporté à la victime.
Une agence de presse affiliée aux pasdarans (IRGC), Fars, a annoncé qu'un juge avait émis un mandat d'arrêt contre Saba Kamali, célèbre actrice de cinéma et de théâtre.
Saba Kamali avait publié un post sur sa page Instagram que, selon Fars, le procureur avait trouvé insultant pour le troisième imam chiite, Hussain ibn Ali.
Dans un article publié sur Instagram, Kamali a déclaré de manière rhétorique que la supportrice de football, Sahar Khodayari, avait subi un traitement plus impitoyable que celui de l’Imam et de ses compagnons - qui sont considérés comme des martyrs par les chiites - lorsqu'ils ont été tués à Karbala, en Irak, au 7ème siècle.
Cependant, quelques heures plus tard, Mme Kamali a supprimé le post et expliqué que ses remarques sur Instagram ne constituaient qu'un dialogue personnel et intime avec le troisième imam, mais que quelques « personnes biaisées et sectaires » l'ont mal comprise, lui attribuant des inclinations stupides.
Par conséquent, Kamali a affirmé : « J'ai supprimé le post ».
Le pouvoir judiciaire de la République islamique n'a pas encore réagi aux informations de Fars.
Khodayari, 29 ans, a été arrêtée en mars alors qu'elle tentait d'assister à un match de football masculin à Téhéran. En vertu d'une loi non écrite, les femmes ne sont pas autorisées en Iran à assister aux compétitions sportives masculines dans les stades.
L’Iran est le seul pays au monde à interdire la présence de femmes dans les stades de sport. La loi non écrite est appuyée par les conservateurs religieux et les extrémistes politiques en Iran depuis 1980, un an après la chute du monarque pro-occidental Shah Mohammad Reza Pahlavi et la création de la République islamique.
Elle a ensuite été relâchée, mais lorsqu'elle s'est rendue au bureau du procureur le 1 er septembre pour récupérer son téléphone portable, ils lui ont dit que l'affaire n'était pas finie et qu'elle risquait encore d’aller en prison. À ce moment-là, elle s'est jetée de l'essence et a allumé le feu, subissant des brûlures « sur 90 % de son corps », selon des responsables de l'hôpital.
Elle a été surnommée « The Blue Girl » en raison des couleurs de son club préféré dans la capitale, Esteghlal FC.
Sa mort a déclenché une série de gestes de soutien parmi les personnalités politiques et les célébrités.
Farah Pahlavi, la dernière reine d'Iran, a déclaré dans un communiqué : « Sahar est le symbole brûlant des rêves chéris par la moitié de la population iranienne. Les femmes iraniennes se battent depuis quarante ans pour obtenir le moindre de leurs droits absolus. »
La reine Farah a rappelé que le nom de Sahar Khodayari, symbole des femmes iraniennes à la recherche de leurs droits, ne sera jamais oublié.
Son fils et héritier du trône iranien, le prince exilé Reza Pahlavi, a également décrit la mort de Sahar comme l'un des moments les plus tristes de sa vie.
Appelant Sahar, "ma fille", le prince Reza a insisté : Les Iraniens ne doivent pas être indifférents face à la cruauté que tu as subie ». Il a ajouté que son nom brillera bientôt au sommet d’un stade en Iran.
Pendant ce temps, plusieurs clubs de football, parmi lesquels les plus populaires de la capitale, Esteqlal, et Persepolis, ont observé une minute de silence avant leur entraînement quotidien.
En outre, la mort de Sahar Khodayari a également suscité de vives réactions à l’extérieur de l'Iran.
Le département d’État américain a annoncé que « la mort de Sahar Khodayari, la fille bleue, est une autre preuve du fait que le peuple iranien est la plus grande victime du régime islamique. »
Le club espagnol du FC Barcelone a déclaré dans un communiqué : « Le FC Barcelone est désolé d'apprendre le décès de Sahar Khodayari, puisse-t-elle reposer en paix. Le football est un jeu pour tous, hommes ET femmes, et chacun devrait pouvoir profiter du beau jeu, ensemble, dans les stades. »
Hedvig Lindahl et Kosovare Asllani, deux stars suédoises du football, ont demandé à la FIFA de mettre fin à « l'apartheid des sexes » dans les stades iraniens.
Source : Radio Farda
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