Cette dernière escalade est une autre raison pour laquelle les États-Unis ne devraient pas poursuivre les négociations avec le régime.
Bloomberg - Suite à l'attaque des Houthis, samedi dernier, contre l'usine de traitement de pétrole brut de Saudi Aramco, le secrétaire d'État Mike Pompeo a fait valoir un point évident et nécessaire : blâmer l'Iran.
C'est évident parce que les rebelles Houthis au Yémen manquent de drones, de missiles ou d'expertise pour attaquer les infrastructures en Arabie Saoudite. En 2018, un groupe d'experts des Nations Unies sur le Yémen a examiné les débris de missiles tirés en Arabie saoudite à partir de zones du Yémen contrôlées par les Houthis et a conclu qu'il était fort probable que les armes expédiées soient en provenance d'Iran. Comme l'a dit un commandant du Hezbollah à deux analystes de l'université George Washington en 2016 : "Qui tire des missiles Tochka sur l'Arabie Saoudite, d'après vous ? Ce n'est pas les Houthis dans leurs sandales, c'est nous." Le Hezbollah, bien sûr, est une filiale du Corps des gardiens de la révolution en Iran.
La réponse de Pompéo est nécessaire parce que, historiquement, l'Iran prétend chercher la paix en faisant la guerre. C'est pourquoi il a envoyé le mois dernier en France le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif pour plaider auprès des grandes puissances économiques mondiales alors qu'il intensifiait sa guerre par procuration contre l'Arabie saoudite. La diplomatie iranienne dépend du fait que ses adversaires traitent l'agression de ses mandataires de façon séparée de son action politique.
Ce qui est surprenant, c'est que les remarques de Pompéo ont déjà été critiquées par les principaux ténors démocrates. Même le point de vue plus nuancé du sénateur Chris Murphy (ou du moins ce qu'un twitt permet de nuances) se trompe sur toute la ligne - et il est bon de se pencher sur la raison.
Murphy commence par déplorer la "simplification irresponsable" du secrétaire d'Etat de "Houthis=Iran." Il est assez intelligent pour reconnaître que l'Iran " soutient les Houthis et a été un mauvais acteur ". Il fait alors preuve de naïveté. "Les Saoudiens et les Houthis sont en guerre", a-t-il tweeté. "Les Saoudiens attaquent les Houthis et les Houthis ripostent."
Ce type de neutralisme est regrettable pour plusieurs raisons. Pour commencer, l'ampleur et la dévastation de l'attaque de samedi (les Saoudiens estiment que la moitié de leur production pétrolière a été supprimée) comptent comme une escalade. Les effets ne se limitent pas au Yémen ou au golfe Persique. L'économie mondiale va en souffrir.
Et si Murphy a raison de critiquer la brutalité saoudienne, comme il l'a fait dans le passé, les deux parties à ce conflit régional ne sont pas équivalentes. L'Iran est une puissance révisionniste qui remet en question le statu quo dans tout l'Orient et le Golfe. Les États-Unis et leurs alliés essaient de garder l'Iran sous contrôle. Les États-Unis ont essayé de faire pression sur l'Arabie saoudite pour qu'elle désescalade, tandis que l'Iran pousse les Houthis à en faire plus.
Heureusement, Murphy et les autres démocrates ne décideront pas comment réagir à cette nouvelle agression. Cette décision revient au président Donald Trump. Et c'est maintenant le bon moment pour réévaluer sa récente volonté de négocier avec l'Iran. Le président pourrait commencer par réaffirmer les 12 conditions de Pompéo pour l'allègement des sanctions contre l'Iran. Le mois dernier, Trump les a réduits à trois, étroitement liés à son programme nucléaire. En effet, l'attaque des Houthis contre l'Arabie saoudite montre à quel point il est important que tout accord futur engage le régime iranien à mettre fin à son aventurisme au Moyen-Orient.
Trump doit maintenant reconsidérer les options militaires pour décourager toute escalade future. Comme signalé, les services de renseignement américains ont cartographié l'emplacement précis des bases et des commandants iraniens au Yémen et au Moyen-Orient. Si Trump veut répondre militairement sans attaquer le territoire iranien, il a de nombreuses cibles en dehors du pays.
Si Trump poursuit les négociations avec le régime iranien, il invitera d'autres attaques contre les alliés de l'Amérique. C'est exactement la stratégie - et les conséquences - suivie et payée par son prédécesseur, Barack Obama, lors de son second mandat. Pendant et après les négociations sur l'accord nucléaire, l'Iran a armé et formé ses mandataires en Syrie, puis au Yémen. Le Moyen-Orient paie maintenant pour ces erreurs. Trump serait idiot de les répéter.
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