CSDHI – Le 20 septembre, le sujet du massacre de l’été 1988 de 30.000 prisonniers politiques en Iran a été examiné dans une réunion à l’ONU en marge de la 42e session du Conseil des droits de l’homme à Genève. Parrainée par plusieurs ONG, la réunion accueillait à son panel diverses personnalités venues réfléchir sur le moyen de mettre fin à l’impunité, notamment du régime des mollahs en Iran, champion toute catégorie des exécutions.
Laurence Fehlmann-Rielle, députée fédérale suisse, a pris la parole. Voici des extraits de son intervention :
Depuis le lancement de la campagne internationale pour la justice, le massacre de 1988 a été dûment documenté. Cela a été rappelé par des exemples concrets, et les auteurs ont été dénoncés. Une demande a été faite pour qu'une enquête indépendante soit instaurée dans le cadre des Nations Unies.
Je rappellerai, pour que son successeur aille de l'avant, c'est que la précédente rapporteuse des Nations Unies pour l'Iran, Asma Jahangir, en 2017 a demandé d'inscrire le massacre de 1988 à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unies.
La guerre remplacera la paix
J'aimerais aussi rappeler qu'Amnesty international s'est mobilisée pour que cet odieux crime soit dénoncé. Il y avait une déclaration qui disait : « si les auteurs du génocide et des crimes contre l'humanité ne sont pas traduits devant les tribunaux internationaux et condamnés, le monde verra davantage de crimes perpétrés, de terrorisme et la guerre remplacera la paix, la liberté et la démocratie. »
Le 4 décembre 2018, Amnesty international a encore publié un rapport détaillé sur ces massacres, dont l'intitulé était : « les secrets ensanglantés ». Le rapport était basé sur les témoignages de survivants, d'anciens prisonniers et des familles des victimes. Il relevait que ces massacres sont un crime contre l'humanité et soulignait la nécessité d'ouvrir une enquête indépendante sous l'égide des Nations unies afin de traduire en justice les responsables.
Amnesty a d'ailleurs recueilli de nombreux témoignages auprès d'une centaine de personnes dont des proches ont été éliminés afin d'éradiquer toute opposition politique.
« L'entêtement des autorités iraniennes qui refusent de reconnaitre la mort ou de révéler ce qu'il est advenu des victimes de disparitions forcées et d'homicides fait peser un lourd fardeau sur les familles toujours hantées par un sentiment de détresse, d'incertitude et d'injustice. » C'était une déclaration de Philippe Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord à Amnesty International.
Une répression inflexible
Actuellement le régime a intensifié les mesures répressives contre les libertés civiles et plus particulièrement contre les femmes. Selon des sources bien informées, on assiste au suicide de nombreuses jeunes femmes et leur nombre aurait augmenté de 65% en 5 ans.
Le régime iranien poursuit son action de répression de manière inflexible : coups de fouet, emprisonnement, torture, exécutions pour le lot des personnes qui osent s'élever contre son pouvoir inique.
La courageuse prisonnière politique iranienne Maryam Akbari Monfared a écrit une lettre ouverte à l'occasion de l'anniversaire du massacre des prisonniers politiques en Iran en 1988, critiquant l'Occident pour son silence sur la question et soulignant que les auteurs de ces massacres occupent toujours des postes importants dans le régime et affirmant que ces deux choses sont liées.
Explorer les voies
Comme l'a demandé Amnesty international, la communauté internationale doit explorer des voies concrètes vers la vérité et la justice afin de veiller à ce que les personnes soupçonnées de responsabilités, soient poursuivies dans le cadre de procès équitables et à ce que les familles des victimes obtiennent réparations conformément aux normes internationales.
Les réparations devraient inclure le retour facilité des dépouilles des victimes décédées aux membres de leur famille et de l'exécution des rites funéraires usuels.
Enfin les ONG et les militants et militantes des droits de l'homme appellent les pays européens et la Suisse à ne pas continuer à fermer les yeux sur les violations quotidiennes des droits humains et à revoir leur attitude complaisante à l'égard du régime iranien. Ils doivent œuvrer activement pour que les auteurs de ces crimes soient conduits devant des tribunaux. Il faut que les droits humains priment sur les intérêts économiques.
Commission d’enquête
Je soutiens donc la demande au Conseil des droits de l'homme de créer une commission d'enquête indépendante sur le massacre de 1988 et de rendre justice de ce crime contre l'humanité.
Je soutiens aussi l'appel au Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Michèle Bachelet à soutenir le lancement d'une mission d'enquête indépendante sur le massacre de 1988.
Je m'engage aussi à relancer le gouvernement suisse pour qu'il prenne position et soutienne ce mouvement pour la justice.
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