vendredi 3 juillet 2020

L'ONU condamne l'exécution secrète par l'Iran d'un prisonnier politique kurde


hedayatollah abdollahpour iranCSDHI – « Je paierai de ma vie le prix de la liberté afin que ma mémoire reste dans le cœur des personnes éprises de liberté et de mon peuple. » Les experts des droits humains de l'ONU ont fermement condamné l'exécution secrète par la justice iranienne du prisonnier politique kurde-iranien, âgé de 27 ans, Hedayatollah (Hedayat) Abdollahpour, qui était dans le couloir de la mort sur la base de fausses accusations depuis 2018. Voici le communiqué de presse de l'ONU.

Genève, le 3 juillet 2020 - Les experts des droits de l'homme de l'ONU ont exprimé aujourd'hui leur indignation face aux informations faisant état de l'exécution secrète par l'Iran de Hedayat Abdollahpour, membre de la minorité kurde du pays.
L'exécution aurait eu lieu le 11 mai dans une base militaire à Oshnavieh, dans la province de l'Azerbaïdjan occidental.
« Nous condamnons l'exécution de Hedayat Abdollahpour dans les termes les plus fermes », ont déclaré les experts indépendants. « Toute condamnation à mort prononcée en violation des obligations d'un État en vertu du droit international équivaut à une exécution arbitraire et donc illégale. Le fait que l'exécution ait eu lieu en secret après une disparition forcée est une circonstance aggravante supplémentaire. »
Abdollahpour a été condamné à mort en 2017 pour avoir prétendument « pris les armes contre l'État » lors d'un affrontement armé entre le Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) et des membres du Parti démocratique du Kurdistan iranien (DPIK) en 2016. Abdollahpour a été condamné en dépit des allégations selon lesquelles ses aveux lui auraient été extorqués sous la torture et son démenti d'être membre du DPIK.
La Cour suprême a ordonné un nouveau procès en raison du manque de preuves, au motif qu'Abdollahpour n'était pas en possession d'armes ni dans la région au moment des affrontements, mais il a été condamné à nouveau à mort le 18 janvier 2018.
Le 9 mai 2020, Abdollahpour aurait été transféré de sa cellule de prison vers un lieu non déclaré. Le 10 juin, malgré les assurances d'autres autorités selon lesquelles il était toujours en vie, le Centre pour l'application des peines a informé oralement les personnes proches d’Abdollahpour qu'il avait été exécuté. Le certificat de décès, mis à disposition le 24 juin, indiquait que la cause du décès était « des collisions avec des objets durs ou tranchants. »
Les experts ont déclaré que les préoccupations qu'ils avaient exprimées aux autorités iraniennes le 15 mai et le 17 juin concernant la disparition forcée et l'exécution secrète présumées d'Abdollahpour restaient sans réponse. Les autorités n'ont fourni aucune information officielle sur l'exécution et l'emplacement du corps d'Abdollahpour n'a pas été révélé.
« Nous regrettons de constater une fois de plus que même les exigences du droit interne n'ont pas été respectées, et nous soulignons l'extrême douleur et l'angoisse que l'ignorance du sort de leur parent inflige à la famille », ont déclaré les experts. « Nous demandons aux autorités de rendre le corps à la famille et de fournir des informations officielles sur l'exécution. »
Les experts ont exprimé de sérieuses préoccupations concernant les allégations selon lesquelles l'exécution a eu lieu, à la suite des pressions des pasdarans et que les autorités de poursuite et un représentant de l'unité du renseignement des pasdarans étaient présents lors de l'exécution.
« L'exécution de M. Abdollahpour s'inscrit malheureusement dans un schéma plus large d'arrestations, de disparitions forcées et d'exécutions secrètes de prisonniers politiques, en particulier de membres de groupes ethniques minoritaires. Nous appelons les autorités iraniennes à mettre fin au cycle qui consiste à répondre à la dissidence par la violence », ont déclaré les experts.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire