En 2018, ce rassemblement annuel pour un « Iran Libre » en était venu à représenter une telle menace pour le régime des mollahs que des responsables de premier plan ont comploté une attaque terroriste lors de l’événement de cette année-là. Ces conspirations ont été dirigés par l’ambassade iranienne à Vienne, où un diplomate-terroriste nommé Assadollah Assadi a mené le complot et coordonné avec trois espions iraniens en Europe. Assadi avait personnellement remis du matériel explosif et un détonateur à deux de ces agents, avec l’instruction de le faire passer clandestinement de Belgique en France, et au lieu du rassemblement à Villepinte, en banlieue parisienne.
Heureusement, ces poseurs de bombe potentiels ont été arrêtés avant de traverser la frontière, et Assadi lui-même a été appréhendé en Allemagne avant de recouvrer son immunité diplomatique dans sa bureau diplomatique. Son procès doit maintenant commencer le 27 novembre en Belgique, et les implications potentielles de ce procès ont été au centre des discours qui ont été prononcés dans le cadre de la conférence en ligne de mercredi. Alors que certains participants ont souligné que le complot terroriste rappelait l’escalade du conflit entre le régime des mollahs et la Résistance iranienne, d’autres ont souligné les échecs perçus de la politique de l’Union européenne qui a permis à Téhéran de se sentir à l’aise pour entreprendre une telle action sur le sol européen.
Ce dernier point a été souligné par Mme Maryam Radjavi, la présidente élue du CNRI. « Le régime est convaincu qu’il ne paiera pas le prix pour avoir commis un crime terroriste aussi important au cœur de l’Europe », a-t-elle déclaré dans son discours d’ouverture de la conférence de mercredi. Ceci, a-t-elle ajouté, est la conséquence d’une longue série de politiques de complaisance des gouvernements occidentaux.
Cette perspective a été approuvée par de nombreux autres participants à la conférence, dont certains ont également attiré l’attention sur leurs propres efforts pour inciter leurs propres gouvernements à prendre des mesures plus énergiques. Ces mêmes participants ont généralement exprimé leur optimisme quant à la situation actuelle et à sa capacité à provoquer un revirement international important au sujet du régime des mollahs.
Plus précisément, ces membres du Majlis (Parlement des mollahs) ont cité le procès Assadi comme pouvant exposer le chevauchement étroit entre les tendances terroristes du régime et ses institutions étatiques officielles. Assadi sera le premier diplomate à être tenu responsable de la conspiration d’un acte terroriste, bien qu’il ne soit pas le premier à être impliqué de manière certaine.
Comme l’a dit Mme Radjavi dans son discours, « les services de renseignement européens ont signalé à plusieurs reprises que les ambassades du régime sont des centres d’espionnage et d’opérations contre les dissidents ». Et ce fait a été réitéré à la suite de l’arrestation d’Assadi, quand un porte-parole des autorités belges a reconnu lors d’une conférence de presse que presque tous les agents consulaires iraniens jouent de tels rôles clandestins.
Pour certains observateurs, de telles propos soulèvent certainement des questions sur la raison pour laquelle les gouvernements européens n’ont pas encore adopté des politiques fermes pour faire face à la menace du terrorisme iranien. Mais la conférence de mercredi a apporté des réponses à ces questions, dans la mesure où elle a attribué les politiques occidentales défectueuses à une croyance erronée dans la stabilité du régime en place en Iran et à l’absence de contestation significative de sa mainmise sur le pouvoir.
Le député européen néerlandais Derk Jan Eppink, par exemple, a décrit l’UE comme « favorable [à] la propagande de l’Etat iranien » qui déforme les relations entre Téhéran, les puissances occidentales et le peuple iranien. Pendant quatre décennies, une grande partie de cette propagande s’est concentrée sur la diabolisation du CNRI et de son principal groupe constitutif, l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran, comme ayant peu de soutien populaire à l’intérieur de l’Iran. Cependant, cette affirmation fallacieuse a été définitivement sapée au début de l’année 2018, lorsqu’une autorité telle le « Guide Suprême » de l’Iran a accusé l’OMPI d’avoir mené un soulèvement national anti-régime.
Ce soulèvement, ainsi que le soutien international croissant dont jouit l’OMPI et le changement affirmé de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran, ont préparé le terrain pour la tentative du régime de réprimer le mouvement de la Résistance bien au-delà de ses propres frontières. Mais après l’échec du complot terroriste de 2018, l’Iran a conclu une période que Maryam Radjavi a décrite comme une « année pleine de soulèvements », puis a connu une autre manifestation encore plus importante à l’échelle nationale en novembre 2019.
Pendant tout ce temps, les responsables du gouvernement iranien ont continué à se mettre en garde les uns les autres contre l’influence croissante de l’OMPI et du CNRI. Ainsi, de nombreux responsables politiques occidentaux ont exprimé leur soutien en faveur de la reconnaissance de la capacité de la Résistance à conduire le changement de régime et l’établissement d’une gouvernance démocratique en Iran.
A propos de cette possibilité, l’ancien eurodéputé, Tunne Kelam, a déclaré lors de la conférence de mercredi : « Le changement en Iran est le droit souverain des Iraniens. Mais cela peut être favorisé par un changement de la politique de l’UE », en particulier en s’éloignant des politiques qui « n’ont fait qu’effleurer » des crimes tels que le complot terroriste de 2018 et les diverses mesures de répression internes par lesquelles Téhéran a cherché à réduire à néant l’activisme de la Résistance.
Le discours de Mme Radjavi était encore plus explicite sur les changements dans la politique de l’UE qui, selon le CNRI et ses partisans, pourraient accélérer l’effondrement du régime théocratique. Elle a appelé à un engagement européen pour sauvegarder les droits de l’homme en Iran, priver le régime iranien de ressources et reconnaître officiellement la légitimité des demandes de liberté et de démocratie du mouvement de Résistance.
Alejo Vidal-Quadras, ancien vice-président du Parlement européen a soulevé la même question lors de son discours et a déclaré : « De nombreux députés ont parlé aujourd’hui de la situation épouvantable des droits humains en Iran. Je sais avec certitude qu’il y a beaucoup plus de membres au Parlement européen, qui sont très préoccupés par cette situation. Ils n’ont pas pu se joindre à nous aujourd’hui, mais je sais qu’ils pensent exactement comme nous. C’était une situation similaire lorsque j’étais vice-président du Parlement européen, beaucoup d’entre nous l’ont demandé aux hauts représentants de l’époque, Lady Ashton et Mogherini. Ils leur ont demandé de ne pas ignorer les actes de barbarie du régime et d’agir avec fermeté. Malheureusement, ils ne nous ont pas écoutés et leur réaction a été la même qu’aujourd’hui, à savoir ne rien faire. »
- Vidal a remis en question l’inaction de l’UE et de l’ONU concernant la situation en Iran et a déclaré : « Aujourd’hui, l’Union européenne et les Nations Unies suivent la situation en Biélorussie. Ils protestent et demandent des mesures punitives. C’est très bien, et nous leur souhaitons beaucoup de succès. Mais la question est de savoir pourquoi ils agissent en Biélorussie, et les atrocités de Téhéran ne méritent pas la même attention, pourquoi ? Parce qu’en Biélorussie, les manifestants sont étouffés ou battus ? Oui, mais ils ne sont pas exécutés, ni emmenés à la torture, ni torturés à mort. Pourquoi la Biélorussie mérite l’attention de M. Borrell et pas l’Iran ? Quelqu’un peut-il nous expliquer ce mystère ? Les Nations Unies ont envoyé une mission d’enquête au Venezuela. Très bien. Félicitations. Pourquoi n’ont-ils pas dépêché une mission d’enquête en Iran alors que les choses vont si mal, voire pire, bien pire qu’au Venezuela ? Comment l’Union européenne et les Nations Unies peuvent-elles rester silencieuses face à tous ces meurtres sanglants en Iran juste pour sauver l’accord nucléaire ? L’accord nucléaire doit-il être payé avec un prix, qui est la vie de tant d’Iraniens innocents. »
« Rien de sérieux n’est fait pour arrêter le meurtre brutal de tous ces manifestants innocents. Ils ont le droit de protester conformément à la Charte des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Où sont nos principes européens ? Où sont-ils ? Pourquoi se taisent-ils alors que toutes ces choses terribles se produisent en Iran ? Comment les dirigeants de l’Union européenne peuvent-ils regarder en face le peuple iranien qui souffre de la tyrannie la plus barbare depuis de nombreuses années et ne rien faire ? Comment peuvent-ils regarder les yeux des deux petits enfants, les deux petits enfants de Mostafa Salehi ? Peuvent-ils regarder dans les yeux, ces deux enfants et leur dire qu’ils n’ont rien fait pendant que son père était assassiné par ce régime ?
Dans son allocution, Mme Radjavi a exhorté le Parlement européen à adopter une législation contraignante qui expulserait les agents iraniens du territoire européen, fermerait les ambassades qui pourraient servir de base à des actes terroristes, désignerait les représentants du régime comme des groupes terroristes, et enquêterait sur l’état actuel des prisons iraniennes ainsi que sur les détails des précédentes mesures de répression de la dissidence, afin de faire passer le message que Téhéran ne jouit plus du genre d’impunité qui a motivé ses efforts pour conspirer un attentat à la bombe contre la Résistance en France il y a seulement deux ans.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire