Les enseignants ont besoin de la sécurité de l’emploi et d’un salaire décent pour offrir aux prochaines générations une éducation adéquate.
Cependant, dans un Iran soumis au régime des mollahs, les conditions de vie des enseignants sont bien en deçà des normes acceptables. Le fait de ne pas être payé pendant des mois, l’injustice dans l’ajustement de leur salaire au coût de la vie et l’absence d’assurance maladie sont autant de problèmes qui rendent leur vie difficile et consument leur énergie. Au lieu de dispenser une bonne éducation, les enseignants iraniens sont préoccupés par la nécessité de s’en sortir financièrement.
Cette situation contraste fortement avec celle de pays développés comme la Suède. Là, les enseignants ont des emplois parmi les mieux rémunérés. Ils font partie des personnes les plus instruites.
La répression sévère des manifestations et la répression judiciaire et sécuritaire à l’encontre des militants se sont poursuivies. Malgré cela, les protestations des enseignants n’ont pas cessé ces dernières années.
En même temps, la justice iranienne a condamné d’éminents militants des droits des enseignants à de longues peines de prison pour leurs activités pacifiques. Celles-ci avaient pour but de défendre les droits de leurs collègues.
Conditions de vie des enseignants
En Iran, les enseignants sont confrontés à de nombreuses difficultés pour gagner leur vie en raison de leurs faibles salaires.
Les militants estiment que, compte tenu du seuil de pauvreté fixé par des économistes indépendants, les enseignants iraniens vivent pratiquement sous le seuil de pauvreté. Les écoles publiques sont gérées avec l’argent du peuple, et la qualité de l’enseignement y est insuffisante.
Le syndicat des enseignants a protesté à plusieurs reprises contre les bas salaires des enseignants en Iran.
Rien qu’au cours des deux derniers mois, trois enseignants, Hassan Chenarani, Gholamabbas Yahyapour et Amin Kianpour, se sont suicidés à cause de la pauvreté.
Amin Kianpour est un professeur de mathématiques dans un lycée. Il s’est immolé le 27 juin devant le bâtiment du pouvoir judiciaire à Ispahan, dans le centre de l’Iran. Il protestait contre une décision de justice l’obligeant à évacuer sa maison. Il est ensuite décédé des suites de ses brûlures. Selon l’agence de presse officielle ISNA, l’homme de 43 ans était le père de deux filles. Amin avait déposé une plainte contre l’ancien propriétaire de son logement. En effet, il avait vendu son appartement à deux personnes simultanément. Le tribunal a tranché en faveur du premier acheteur. Ensuite, il a informé Amin qu’il devait évacuer l’immeuble.
« Les enseignants en Iran ont la vie dure ces temps-ci. Un autre enseignant de notre école, qui a 26 ans d’expérience, vit toujours dans une maison louée et son propriétaire lui a demandé une hypothèque de 300 millions de tomans (10 222 euros). Combien pensez-vous que les enseignants gagnent ? Quand un enseignant devient enfin propriétaire de sa maison, on lui dit d’évacuer. Comment pensez-vous qu’ils se sentent ? » a déclaré un collègue d’Amin à ISNA.
Un autre professeur de mathématiques de la province de Fars, dans le sud de l’Iran, est mort le 15 septembre. Il s’est pendu à cause de la pauvreté. Qolam Abbas Yahyapour avait demandé un prêt bancaire de 50 millions de toman (1725 euros). Mais il ne pouvait pas se permettre le dépôt bancaire de 5 millions de toman (moins de 172 euros).
Trois jours seulement après la mort de Qolam Abbas Yahyapour, l’association professionnelle des enseignants iraniens a signalé le suicide de Hassan Chenarani, un enseignant de Neishabour, dans le nord-est de l’Iran.
Protestations des enseignants
Les enseignants ont organisé de nombreuses grèves et manifestations ces derniers mois pour réclamer des salaires plus élevés et de meilleures conditions de vie. Cependant, les responsables du régime iranien se sont abstenus de répondre à leurs demandes.
À l’approche du début de la nouvelle année scolaire, les enseignants iraniens ont recommencé à organiser des manifestations successives dans tout le pays tout au long du mois de septembre.
Les protestations des enseignants se sont propagées dans 40 villes de 20 provinces du pays.
Téhéran, Kermanshah, Chiraz, Abadan, Marivan, Saqqez, Bojnourd, Isfahan, Mahshahr, Sari, Kuhdasht, Ilam, Andimeshk, Ashkenan, Zanjan, Massiri, Yazd, Torbat Heydarieh, Shirvan, Behbahan, Sanandaj, Khorramshahr, Khorramabad, Arak, Ahwaz, Lamerd, Yasuj, Izeh, Aligudarz, Nourabad, Shahr-e Babak, Tabriz, Ardabil, Delfan, Bushehr, Kazeroun et Rasht sont parmi les villes où les enseignants ont organisé leurs manifestations devant les bâtiments gouvernementaux.
La répression des enseignants en Iran
Les enseignants iraniens protestent depuis des années pour défendre leurs revendications légitimes. Mais la réponse du régime, tout en promettant de résoudre leurs problèmes, a consisté à réprimer les rassemblements pacifiques et à arrêter les militants.
Les autorités iraniennes ont soumis de nombreux enseignants syndicalistes à des années de harcèlement, d’arrestations et de détentions arbitraires. On les a aussi condamnés à longues peines de prison à l’issue de procès inéquitables.
Esmail Abdi, Mohammad Hossein Sepehri, Hashem Khastar, Nahid Fath’alian, Nosrat Beheshti, Yaghoub Yazdani, Mohammad Reza Ramezanzadeh, Hossein Hassankhani, Mehdi Fathi, Aziz Ghasemzadeh et Zeinab Hamrang sont en prison pour avoir exercé pacifiquement leurs droits en tant que syndicalistes.
Dans l’un des derniers cas, les forces de sécurité ont arrêté Aziz Ghasemzadeh, le porte-parole du syndicat des enseignants de Gilan, le 26 septembre.
Le canal Telegram du Conseil de coordination des syndicats des enseignants a annoncé que des agents iraniens ont arrêté Aziz Ghasemzadeh » à son domicile dimanche après-midi et emmené dans un lieu inconnu. »
Les forces de sécurité ont violemment arrêté Mehdi Fathi, militant syndical de la province de Fars et professeur d’histoire, le 14 septembre. Il n’a eu qu’un bref contact avec sa famille depuis son arrestation. L’enseignant emprisonné se voit refuser l’accès à un traitement médical alors qu’il souffre d’un problème cardiaque. M. Fathi a également subi le harcèlement des forces de sécurité ces dernières années à cause de ses activités syndicales.
Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a sommé Mahboubeh Farahzadi de se présenter au plus tard le 2 octobre 2021. Farahzadi est une militante des droits des enseignants et membre de l’Association de la voix des femmes iraniennes (Neda-ye Zanan-e Iran).
Source : Iran HRM
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