mardi 12 octobre 2021

Les récentes exécutions en Iran indiquent une recrudescence des violations des droits humains

 Les récentes exécutions en Iran indiquent une recrudescence des violations des droits humains

PAR : Elisabetta Zamparutti

Au mois de septembre, au moins 38 personnes ont été exécutées en Iran. Au moins 12 de ces exécutions résultaient d’accusations liées à la drogue qui sont bien en deçà des normes internationales pour les « crimes les plus graves ». Ces statistiques contribuent à démontrer que l’Iran est loin de perdre sa réputation de pays avec le taux d’exécutions par habitant le plus élevé. En fait, ils indiquent que Le régime en Iran revient sur ses précédentes promesses de réforme, y compris la réforme des directives sur les peines pour les délinquants non violents liés à la drogue.

Le contexte entourant les dernières exécutions parle d’une histoire encore plus sombre. L’abus de la peine de mort par le régime iranien ne constitue qu’une fraction des problèmes qu’affligent son système de justice pénale.

D’autres aspects de son bilan épouvantable en matière de droits humains ont été mis à nu en août avec la diffusion de séquences de vidéo surveillance et de documents obtenus par des hackers activistes, qui montraient des passages à tabac et d’autres actes d’abus dans la prison d’Evine, ainsi que des cas de détenus tentant de se suicider dans le sillage de mauvais traitements systématiques et de tortures psychologiques, le tout dans des conditions extrêmes.

Même ces révélations laissent encore beaucoup à découvrir à la communauté internationale. Les images divulguées de la prison d’Evine ne montraient pas les images des pires sections, y compris les salles réservées aux prisonniers politiques et exploitées par le ministère du Renseignement et la division du renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique. Cependant, une longue histoire de divulgations d’activistes offre des indices sur ce qui se passe à huis clos dans ces sections, tandis que le récent changement politique en Iran a suscité de sérieuses inquiétudes quant à la possibilité que de tels abus s’aggravent dans un proche avenir.

To Stop Executions in Iran Permanently, World Should Hold Mullahs to Account for 1988 Massacrehttps://youtu.be/6f5tv2zu1AY

Le catalogue des exécutions de septembre n’est en aucun cas une liste exhaustive du nombre de personnes tuées en détention par les autorités iraniennes au cours de ce mois. Comme Téhéran évite souvent l’annonce formelle des condamnations à mort, ces statistiques dépendent des efforts des réseaux militants ayant des yeux et des oreilles à l’intérieur des prisons du régime.

Les informations faisant état d’exécutions non divulguées sont généralement confirmées par les organisations de défense des droits humains après avoir été corroborées par de multiples sources, mais lorsque les informations s’avèrent insaisissables, les noms de certaines victimes peuvent être perdus.

Le monde devrait demander des comptes pour le massacre de 1988 en Iran
Même si ce n’était pas le cas, les statistiques officieuses sur les exécutions ne disent toujours pas toute l’histoire. Cela n’inclue bien sûr pas les personnes qui ont été poussées au suicide comme celles qui sont apparues dans les images d’Evine et qui ont finalement réussi. Pas non plus ceux qui ont subi des coups et qui sont décédés plus tard des suites de leurs blessures ou d’urgences médicales provoquées par les tortionnaires

. Les conséquences fatales de telles situations d’urgence sont rendues d’autant plus probables par le fait que les autorités pénitentiaires iraniennes ont une longue histoire de refus de soins aux détenus malades ou blessés et en particulier aux prisonniers politiques, pour lesquels cette privation est considérée comme une punition extrajudiciaire ou une forme de pression visant à forcer des aveux.

Au fil des ans, Amnesty International, Hands off Cain et d’autres groupes de défense des droits humains ont publié un certain nombre de déclarations soulignant la prévalence de ces aveux forcés, qui sont souvent télévisés par les médias d’État iraniens. Certains exemples individuels sont devenus l’objet de vastes campagnes internationales, mais en l’absence de pression correspondante sur le régime iranien, celles-ci ont rarement suscité une réponse significative de la part de la justice.

À l’occasion, Téhéran a cherché à détourner les critiques en promettant d’examiner les cas, puis en retardant l’exécution de la peine de mort, pour l’exécuter à une date ultérieure. Ces dernières années, les autorités ont apparemment été plus enclines à procéder à des exécutions injustifiées, ce qui témoigne le sentiment d’impunité qui est le leur dans de telles affaires.

Et dans le cas de la dernière condamnation à mort très médiatisée d’un militant politique, le régime a jugé bon non seulement d’exécuter la peine rapidement, mais aussi de riposter ouvertement contre ceux qui ont attiré l’attention sur les violations des droits humains.

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