Alors qu’aucun ressortissant étranger – qu’il soit un citoyen ordinaire, un scientifique ou un responsable – n’a jamais pu faire une visite sans la surveillance la plus stricte des autorités. Dans ce contexte, la visite d’une rapporteuse de l’ONU, en particulier avec le label des droits de l’homme, est cynique.
L’histoire de tous les Rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les droits de l’Homme qui ont voulu se pencher sur la situation des droits humains après la révolution iranienne de 1979 en dit long : Andrés Aguilar (1984-1986) a démissionné alors que Téhéran continuait de saboter son travail.
Reynaldo Galindo Pohl (1986-1995) qui « avait retenu la leçon » et respectait les règles des mollahs, a réussi à se rendre trois fois en Iran entre 1990 et 1992. Bien que le massacre de 1988 ait eu lieu durant son mandat et qu’il a préféré la concession au devoir, après sa troisième visite, il s’est vu interdire de se rendre en Iran et certaines des personnes qui lui avaient parlé ont été tuées par l’État.
Suite à la démission de Galindo Pohl, le HCR a nommé Maurice Copithorne, un avocat canadien, comme Rapporteur spécial. Le 22 avril 2002, alors que Mohammad Khatami continuait de promettre des réformes et que la politique de complaisance occidentale envers le régime prospérait, le HCR a décidé que l’Iran n’avait pas besoin d’entendre les rapports de M. Copithorne sur les droits de l’homme en Iran et a voté la fin de son mandat.
M. Ahmed Shaheed (2011-2016), feu Mme Asma Jahangir (2016-2018) et M. Javaid Rehman (2018-) n’ont jamais eu la chance de mettre les pieds en Iran, encore moins de mesurer l’impact de quoi que ce soit sur les droits de l’homme dans le pays.
Comme l’histoire est un guide, Téhéran n’a pas le moindre intérêt à la transparence et les onze jours d’une tournée de Mme Douhan en Iran ne promettent aucun rapport révélateur pour le monde, sauf que cette dernière va rejoindre ses collègues devenus persona non grata par Téhéran.
Si Téhéran avait le moindre intérêt à réduire la misère du peuple, il pourrait parfaitement le faire en ouvrant les comptes bancaires des responsables du régime et en investissant les milliards de ses énormes cartels dans l’économie nationale.
Si Mme Douhan a l’intention d’apporter un réel changement, elle devrait insister pour visiter la Fondation Mostazafan, Setad Ejraiye Farmane Emam, Astan Quds Razavi, Fondation des martyrs et des anciens combattants et son affilié, l’Organization Economique Kowsar, la Foundation Barakat, la Foundation Alavi, la Fondation 15-Khordad, la Fondation pour le logement de la révolution islamique, la Fondation de secours de l’Imam Khomeiny, Siège de Khatam-ol-Anbiya, etc.
Alors que les responsables profitent de leur vie somptueuse dans des villas et des palais et envoient leurs progénitures dans les pays occidentaux, certains Iraniens vendent des parties de leurs corps et leurs bébés pour survivre à la pauvreté.
Selon Forbes, « En 2020, le nombre de personnes fortunées (HNWI) en Iran a augmenté de 21,6 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 6,3 %. La richesse collective de ces millionnaires en dollars a augmenté encore plus rapidement pour atteindre 24,3 % ».
Le 23 avril, le secrétariat du CNRI a publié une déclaration qui condamnait fermement « la manipulation par le régime des mollahs des organes de l’ONU», tout en appelant à enquêter sur les massacres et les crimes du régime au cours des dernières années.
En janvier 2018, alors que l’Iran bénéficiait d’un allégement des sanctions prévu par l’accord sur le nucléaire de 2015, des millions d’Iraniens sont descendus dans la rue et ont protesté contre la flambée des prix. Rejetant toutes les factions au pouvoir, les Iraniens ont appelé à un changement de régime.
Depuis 2018, de grands soulèvements ont éclaté et secoué les fondements du régime. Le peuple iranien continue de scander : « Notre ennemi est ici, dire que c’est l’Amérique est un mensonge ».
Alors qu’une inflation sans précédent et la flambée des prix des produits de base poussent le pays vers de nouvelles émeutes, ce contre quoi les responsables de l’État mettent désormais ouvertement en garde, Téhéran tentera d’exploiter la visite de Mme Douhan pour blâmer les sanctions internationales pour la misère qu’il a créé. La question de savoir si le régime survivra à la nouvelle vague de soulèvements est une interrogation sérieuse, mais le sort d’un rapport douteux ne l’est certainement pas.
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