Mise à jour 24 mai 2023 : La rédactrice en chef du site Internet en langue persane Iran Wire, Shima Shahrabi, a expliqué dans un article publié le même jour que son frère Sajjad Shahrabi avait été arrêté pour faire pression sur elle. Leur père et d’autres membres de leur famille ont également été convoqués par le ministère du Renseignement et interrogés sur ses activités et celles d’Iran Wire, l’un des principaux médias iraniens basés à l’étranger. L’arrestation de Sajjad Shahrabi est un nouvel exemple des tactiques d’intimidation et de pression employées par la République islamique à l’encontre des journalistes et des médias iraniens en exil.
Parmi les dernières victimes, Alieh Motalebzadeh, photojournaliste indépendante et militante des droits des femmes, a été malmenée lorsque sept policiers ont perquisitionné son domicile le 10 mai, puis lui ont ordonné de se présenter pour un interrogatoire au bureau du procureur de la prison d’Evin, à Téhéran, le 16 mai.
Elle a été prise pour cible pour avoir participé à une conférence en ligne le 21 avril intitulée « Dialogue pour sauver l’Iran », au cours de laquelle des journalistes et des universitaires ont discuté des défis posés par la corruption du gouvernement et la répression actuelle de la dissidence par le gouvernement.
Keyvan Samimi, un célèbre journaliste de 73 ans qui dirigeait le mensuel Iran Farda, a été arrêté le 20 avril, à la veille de cette conférence, après avoir annoncé son intention d’y participer. Accusé d’avoir contacté « une secte déviante à l’étranger », il a été détenu au secret pendant près de trois semaines, avant d’être finalement transféré à la prison d’Evin le 10 mai.
Sajjad Shahrabi, journaliste à la chaîne publique Republic of Iran Broadcasting (IRIB), a été arrêté le 3 mai et conduit à la prison d’Evin après une descente au domicile de son père, où il vit. Les autorités ont confisqué son téléphone et son ordinateur portable. On ne sait pas encore de quoi il est accusé.
Sur Twitter, la fille de Motalebzadeh a posté une photo de la porte d’entrée de sa mère, qui a été brisée lors de la perquisition, et a indiqué que, bien que sa mère ait été seule à ce moment-là, « l’un des officiers de police s’est battu physiquement avec elle ». Elle a ajouté qu’ils avaient pris son téléphone et tous ses appareils électroniques et qu’ils avaient « saccagé la maison pendant plus de quatre heures ».
Vice-présidente de l’Association iranienne de défense de la liberté de la presse, Motalebzadeh avait déjà été arrêtée en 2016 à la suite d’un raid violent. Elle a été libérée sous caution un mois plus tard, mais a été renvoyée à la prison d’Evin le 11 octobre 2020 pour y purger une peine de trois ans pour « activités contre la sécurité nationale ». Après une brève permission à la suite d’une négligence médicale et de menaces de mort en prison, elle a été à nouveau emprisonnée le 12 avril 2022 et a finalement été graciée en même temps que d’autres journalistes le 10 février 2023.
Samimi, connu pour son activisme, a été libéré en janvier après plus de deux ans d’emprisonnement. Il avait été arrêté le 24 août 2020 après avoir été convoqué à la prison d’Evin et condamné à une peine de trois ans d’emprisonnement. Il avait déjà passé de nombreuses années en prison avant et après la révolution de 1979 en raison de ses activités journalistiques et militantes.
Depuis le début d’une grande vague de manifestations de rue en réponse à la mort de Mahsa Amini en garde à vue le 16 septembre 2022, les autorités iraniennes ont arrêté 75 journalistes, dont 17 sont toujours en prison. Malgré une série de grâces accordées à des journalistes en mars, nombre d’entre eux sont toujours harcelés, espionnés ou menacés. RSF a appris qu’au moins une grâce accordée à un journaliste en exil a été récemment annulée.
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