Son décret visant à dissoudre les partis et à créer le parti unique Rastakhiz reflétait ses tendances despotiques. Cette décision a conduit à l’emprisonnement des dissidents ou à leur exil à l’étranger, une tendance qui continue de hanter la population iranienne.
Aujourd’hui, les citoyens sont aux prises avec l’emprise inhumaine du régime du Velayat al-Faqih, qui est le revers de la médaille de la dictature du Shah, où l’idée d’échapper à la torture, à l’emprisonnement et aux exécutions domine les esprits.
Des millions de personnes ont déjà cherché refuge ailleurs, ce qui témoigne de l’oppression implacable du régime. Cette lutte devient encore plus profonde lorsque le régime religieux s’efforce de supprimer la diversité des perspectives, des modes de vie et des croyances.
Dans ce contexte, quitter le pays est perçu comme une tentative désespérée de se mettre à l’abri, ce qui incite le régime à mettre en œuvre des mesures qui encouragent l’émigration et, en fin de compte, aident la minorité tyrannique à piller les richesses du pays. Les experts décrivent ce phénomène comme une forme de « génocide culturel », signe d’une nation en déclin.
La marche vers le contrôle absolu sous la bannière du fascisme religieux a pris un élan remarquable après l’ascension d’Ebrahim Raisi. Il s’agit d’un moment charnière où toute velléité de s’écarter du régime dominant a été accueillie par une directive de départ.
Un exode massif s’en est suivi, allant des réformistes désillusionnés aux technocrates, investisseurs et entrepreneurs accomplis. La poursuite du savoir dans les institutions académiques n’était pas non plus un sanctuaire, car les étudiants, les médecins, les infirmières et même ceux qui avaient des compétences professionnelles se sont vus contraints de chercher refuge en dehors de leur patrie.
L’année 2017 a vu la création de l’association universitaire Iran Migration Observatory, qui se consacre à l’examen de l’ampleur, de la nature, des causes et des motivations de l’émigration iranienne.
Fondée à l’université Sharif, l’association visait à tirer la sonnette d’alarme dans les cercles des chefs religieux, en mettant en garde contre l’exploitation par des « ennemis » perçus.
Cependant, les agents mêmes qui cherchaient à découvrir la vérité se sont retrouvés pris pour cible. Récemment, les portes de leurs centres de recherche ont été fermées de force, ce qui suggère que la résistance du régime à l’examen s’est intensifiée.
Le sort de l’Observatoire des migrations en Iran est emblématique des tactiques du régime pour supprimer les voix dissidentes. Bahram Salavati, son directeur, a révélé une dure réalité : les coupes budgétaires et les ordres d’expulsion ont effectivement réduit au silence les efforts de recherche de l’Observatoire.
M. Salavati a fait part d’une statistique stupéfiante : 67 % des entreprises fondées sur la connaissance ont été emportées par le phénomène de la migration. Cet exode n’épuise pas seulement le capital intellectuel de l’Iran, mais menace également de saper ses progrès technologiques, laissant un vide qu’il sera difficile de combler.
Le fascisme religieux resserrant son emprise, les perspectives de la nation s’assombrissent encore. Le projet d’unification a conduit à un exode continu qui transcende le domaine universitaire et s’étend à tous les secteurs de la société.
Les professionnels comme les ouvriers sont contraints de chercher une vie au-delà des frontières de l’Iran. Cet exode désespéré érode le dynamisme de la nation, démantelant les piliers du progrès qui auraient pu propulser l’Iran vers l’avenir.
Le défi d’attirer et de retenir le capital humain à l’intérieur des frontières de la nation est semé d’embûches. Il est inquiétant de constater que le laxisme qui règne parmi les fonctionnaires a facilité l’exode massif de jeunes talents et d’intellectuels.
Un schéma décourageant se dessine, où des obstacles sont délibérément dressés sur le chemin des esprits les plus brillants de la nation, les poussant effectivement vers la porte de sortie.
En 2022, l’Observatoire des migrations de l’Iran a mené une enquête approfondie qui a mis en lumière les sentiments des Iraniens vivant à l’étranger. Les résultats ont donné à réfléchir, révélant un profond manque d’intention de la part des expatriés de retourner dans leur pays d’origine.
Seuls 14 % des personnes interrogées ont exprimé leur volonté de revenir, ce qui contraste fortement avec les 62 % de personnes qui ont pris la ferme résolution de ne pas revenir. Les 24 % restants sont indécis, partagés entre la nostalgie de leurs racines et la réalité de leur situation.
Les promesses du gouvernement concernant l’utilisation des Iraniens à l’étranger et leur contribution potentielle à la croissance du pays sont entourées d’un scepticisme généralisé.
L’enquête a mis en évidence la désillusion de plus de 90 % des personnes interrogées, révélant un manque de confiance généralisé dans les engagements du gouvernement. Ce scepticisme profond met en évidence le fossé qui se creuse entre les assurances données par les dirigeants et les avantages tangibles promis à ceux qui envisagent de rentrer au pays.
Les données récentes de l’Observatoire de la migration iranienne saisi soulignent une réalité préoccupante : en l’espace de seulement trois ans, de 2019 au premier semestre 2022, plus de 2 000 Iraniens ont obtenu des visas pour des startups, l’entrepreneuriat, l’investissement ou l’auto-emploi au Canada et en Angleterre.
Cette tendance met en lumière un flux important d’esprits innovants et d’individus déterminés à la recherche de meilleures perspectives à l’étranger.
La Turquie a assisté à la création de 1 661 entreprises en 2020 et 2021, avec l’aide de ressortissants iraniens. Un total stupéfiant de 22 190 063 dollars a été investi dans ces entreprises, soulignant non seulement l’esprit d’entreprise des Iraniens, mais aussi l’attrait des marchés étrangers pour leurs initiatives.
Dans le secteur de la santé, le désir d’émigrer des médecins et des infirmières dépasse les 60 %. Le recensement américain de 2018 fait état de la présence de 29 000 professionnels iraniens dans le secteur de la santé aux États-Unis, dont 8 000 médecins et chirurgiens. Cette migration généralisée, tout en offrant des opportunités individuelles, exacerbe également la pénurie de professionnels médicaux qualifiés en Iran.
Parmi les différents segments de la société, l’envie d’émigrer est plus ou moins forte. La propension à partir est particulièrement prononcée chez les « employés », les « cadres moyens », les « entrepreneurs » et les « cadres supérieurs », avec un taux alarmant de 70 %. Cette tendance se retrouve chez les « étudiants et diplômés » ainsi que chez les « étudiants étrangers en Iran », qui affichent tous deux un taux considérable de 66 % pour chercher des pâturages plus verts au-delà des frontières du pays.
La révélation par la Banque centrale d’un compte de capital négatif dépassant les 10 milliards de dollars au printemps 2022 souligne la gravité de la fuite des capitaux. Cette tendance n’a fait que s’intensifier depuis. Le Majlis Research Center a fait état d’un départ de plus de 6 milliards de dollars pour le seul printemps 2021.
Une enquête menée auprès d’acteurs économiques de premier plan a révélé une vérité brutale : la moitié d’entre eux ont l’intention de retirer leurs capitaux du pays, tandis qu’un quart l’a déjà fait. Le directeur de la Chambre de commerce de Téhéran a confirmé le départ de plus de 45 milliards de dollars au cours des quatre dernières années, mais ce chiffre ne représente qu’une fraction, compte tenu de l’importance de l’économie souterraine en Iran.
Les statistiques stupéfiantes et les preuves empiriques qui mettent à nu la fuite du capital humain, social et scientifique de l’Iran ne font qu’effleurer la surface d’une crise aux multiples facettes.
L’exode, qu’il s’agisse de professionnels qualifiés, d’entrepreneurs innovants ou de ressources financières vitales, est le reflet d’une désintégration plus large. La triste vérité est que ces statistiques sont loin d’être exhaustives.
Les lamentations d’un sociologue du gouvernement, il y a deux ans, résonnent aujourd’hui plus que jamais, alors qu’il décrivait l’encouragement de l’émigration et l’érosion des atouts humains et matériels de la nation.
Son avertissement, selon lequel les impasses sociétales se traduiraient inévitablement par des impasses politiques, se vérifie aujourd’hui. Le paysage iranien subit une profonde transformation et les lignes de fracture dans le tissu social menacent de se transformer en gouffres impossibles à combler.
Aujourd’hui, les fondements mêmes de la société iranienne semblent s’effriter et la voie de la décadence semble irrévocablement tracée.
L’exode des talents et des capitaux est l’emblème d’une nation en plein bouleversement, aux prises avec des défis qui ont ébranlé son noyau socio-économique et intellectuel. Les conséquences de cette fuite se poursuivront à travers les générations, car le départ du potentiel humain et des ressources financières laisse un vide difficile à combler.
Source : INU/ CSDHI
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