Selon un document publié et diffusé dans les universités iraniennes, le gouvernement d’Ebrahim Raïssi a lancé le processus de recrutement de 15 000 membres du Basij et partisans du régime en tant que professeurs universitaires. Ce recrutement se fait « sur quota, en urgence, et en dehors du cadre académique existant des universités ».
Suite à la diffusion de la nouvelle, le seul responsable gouvernemental à réagir à ce rapport a été le porte-parole du ministère des Sciences de Raïssi. Leur réponse est cependant arrivée tardivement et a consisté à nier la « nomination secrète et non autorisée de certains membres du corps professoral des universités ».
Cette contradiction surgit même à la lumière des documents dévoilés par la chaîne Telegram « Ghyamta Sarnegouni », qui révèlent que le Conseil national de sécurité a publié en décembre dernier une résolution ordonnant le « recrutement de professeurs universitaires conformément aux normes de la Révolution islamique. »
Par ailleurs, d’autres documents révèlent que des décisions ont été prises contre des étudiants protestataires, des professeurs dissidents et ceux qui n’adhèrent pas aux principes de l’établissement. Ces décisions ont été prises au sein d’un comité de renseignement de sécurité, ignoré par le chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), et ces travaux se sont étalés sur 10 sessions de décembre 2022 à février 2023.
Les résultats de ces décisions ont été consignés dans quatre listes distinctes. Ces listes révèlent que plus de 2 800 étudiants ont été convoqués devant le comité de discipline, 643 étudiants ont été expulsés et interdits d’entrée à l’université en raison de ce que les autorités de l’État appellent « les troubles de février 2023 », et 281 personnes ont été suspendues du service universitaire.
De plus, des interdictions de voyager ont été émises contre 22 étudiants considérés comme des « fauteurs de troubles au Mazandaran », les empêchant de quitter le pays.
Par conséquent, l’expulsion et le licenciement des professeurs et des membres du corps professoral des universités, ainsi que leur remplacement par des éléments du Bassidj et des individus « alignés », font partie d’un plan de sécurité visant à exercer un plus grand contrôle sur les universités et à limiter l’influence de cette institution sur la société.
De nombreux rapports faisant état de licenciements et de révocations généralisés de professeurs dans divers domaines, en particulier dans les sciences humaines, ont été publiés même dans les médias affiliés au gouvernement. Selon ces rapports, « on ne sait pas exactement combien d’enseignants d’université ont été expulsés, suspendus ou ont volontairement quitté l’université au cours de l’année écoulée… parce que de nombreuses personnes, en raison des risques qu’elles courent, préfèrent que leurs problèmes ne soient pas rendus publics par les médias afin de ne pas exacerber leurs problèmes par une telle exposition.
Le mépris nourri par les religieux a été la marque du fondateur du régime et ancien guide suprême Ruhollah Khomeini, qui a déclaré le 18 décembre 1980 : « Toutes ces catastrophes qui ont frappé l’humanité émanent des universités… Le monde a été corrompu par les universités. »
Un journal affilié à l’État, dans son numéro du 20 août, a reconnu les récentes attaques du régime contre les universités, et s’est intérogé : « Pourquoi y a-t-il une telle animosité envers les universités ? La réponse est évidente : la connaissance ! L’opposition au savoir est au cœur de tout antagonisme dirigé contre les universités. En présence de connaissances authentiques, la pseudo-science ne peut prospérer. Cependant, en son absence, la pseudo-science prévaut… »
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