jeudi 10 août 2023

La réarrestation de deux journalistes graciés montre que toute liberté en Iran est conditionnelle

 Reporters sans Frontières – RSF demande la libération immédiate de deux journalistes graciés par le guide suprême Ali Khamenei en février 2010, après avoir été emprisonnés en 2022, et qui viennent d’être à nouveau arrêtés.

Les nouvelles arrestations de Hossein Yazdi, directeur de la chaîne d’information Iran Times sur Telegram et du site d’information Mobin 24, et de la journaliste indépendante Nazila Maroufian, la semaine dernière, montrent clairement que la grâce du Guide suprême a un prix et qu’elle n’est finalement qu’une illusion.

« Pour les journalistes en Iran, toute liberté est conditionnelle. C’est le message que la République islamique veut faire passer en arrêtant à nouveau deux journalistes récemment graciés. Ses grâces n’ont jamais été que des menaces. Mais le journalisme n’est pas un crime qui nécessite une grâce. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle d’Hossein Yazdi et de Nazila Maroufian, ainsi que des 21 autres journalistes détenus en Iran »

Jonathan Dagher
Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF


Accusé de propagande anti-étatique, Hossein Yazdi a été arrêté après avoir été convoqué pour un interrogatoire le 4 juillet par les forces de sécurité dans la ville centrale d’Isfahan, et a été transféré à la prison de Dastgerdi. Une caution de 90 millions de rials (2 000 euros) a été demandée pour sa libération.

Sa fille, Saba Yazdi, a déclaré sur Twitter qu’elle n’avait pas été autorisée à lui rendre visite ou à communiquer avec lui de quelque manière que ce soit depuis son arrestation. Il a des problèmes de santé et sa famille craint qu’il n’ait pas accès aux services médicaux.

Le jour même de l’arrestation de M. Yazdi, des agents des services de renseignement ont effectué une descente au domicile de Mme Maroufian, à Téhéran. Alors qu’elle sortait de chez elle, ils lui ont bloqué le passage, saisi son téléphone, lui ont ordonné d’ouvrir la porte et ont ensuite procédé à une fouille minutieuse, confisquant ses effets personnels. Ils ont également saisi et lu son journal intime.

« La maison n’est pas sûre. La rue n’est pas sûre. Toute notre sécurité a été confisquée », a-t-elle écrit sur Instagram.

Quatre jours plus tard, le 8 juillet, Maroufian a été convoquée pour un interrogatoire au tribunal de la prison d’Evin à Téhéran et, comme Yazdi, elle n’a pas été autorisée à partir. Mais, contrairement à Yazdi, aucune caution n’a été fixée pour sa libération. Les autorités ont également ignoré les demandes d’information sur les raisons de son arrestation et n’ont pas précisé les faits qui lui sont reprochés.

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