Les répercussions des licenciements de professeurs d’université ont atteint l’université de Chiraz, où Aziz Shafiei Zarkani, un professeur respecté du département d’ingénierie des matériaux, a récemment été licencié. Le soutien apporté par M. Zarkani aux manifestations qui ont suivi la mort tragique de Mahsa Amini lors de sa garde à vue semble avoir suscité l’ire du gouvernement, ce qui a conduit à son licenciement brutal.
La solidarité avec les éducateurs licenciés s’est manifestée à travers la déclaration de l’Association des écrivains iraniens. L’association a condamné ces licenciements tout en mettant en garde contre ce qu’elle appelle le « cercle de plus en plus étroit de la répression universitaire ». Avec des institutions comme l’Université de Téhéran, l’Université Sharif, l’Université des Arts et l’Université Allameh aux prises avec des licenciements similaires, les étudiants des universités iraniennes et les universitaires se sont unis pour protester, dévoilant les tactiques multiformes du régime pour étouffer toute voix dissidente au sein du monde universitaire.
Parallèlement, le paysage des universités iraniennes est remodelé par la mise en œuvre controversée de politiques de ségrégation entre les sexes. L’université Ferdowsi a récemment publié une directive, répercutée par une circulaire, qui met l’accent sur la séparation des étudiants et des étudiantes dans les salles de classe. Cette circulaire, qui a suscité d’importants débats et dissensions au cours de l’histoire, impose la séparation des places assises pour les étudiants et les étudiantes, introduisant ainsi cette pratique dans le monde universitaire contemporain.
Alors que les partisans du régime affirment que de telles mesures sont conformes aux règles établies, les critiques craignent qu’elles ne marquent une régression rappelant les premiers jours de l’après-révolution. L’impact de la circulaire sur la liberté académique, l’égalité des sexes et le progrès sociétal est devenu un point central du débat. Elle a suscité une vague de protestations de la part d’étudiants inquiets de ses conséquences sur leur éducation et sur la trajectoire générale de la société.
Simultanément, les étudiants des universités iraniennes, qui sont depuis longtemps à l’avant-garde de l’activisme, sont confrontés au poids des mesures répressives. Plus de 200 étudiants de l’université Amir Kabir ont été impliqués dans des affaires disciplinaires, leur dissidence étant examinée de près par les autorités. L’université des sciences et de la technologie a également été le théâtre de tensions, plusieurs étudiants ayant été convoqués pour être interrogés, signe inquiétant d’un espace de plus en plus restreint pour exprimer librement ses pensées et ses opinions.
Les tentacules de cette répression s’étendent au-delà des universités iraniennes individuelles, soulevant des questions plus larges sur le sort de la liberté d’expression et de la dissidence au sein du monde universitaire iranien. Les manifestations sont le reflet d’un sentiment plus large : le désir de préserver l’intégrité des institutions universitaires et les idéaux qu’elles défendent.
L’intersection de ces deux récits déconcertants – les licenciements de professeurs et la ségrégation sexuelle – dresse un portrait à plusieurs niveaux des défis auxquels sont confrontées les universités iraniennes. D’une part, les licenciements menacent de priver les universités de leur capital intellectuel, érodant ainsi les fondations sur lesquelles repose l’enseignement supérieur. D’autre part, la réintroduction de politiques de ségrégation entre les sexes suscite des inquiétudes quant à l’évolution de la société.
Dans sa déclaration, l’Association des écrivains iraniens met en garde contre la résurgence de politiques universitaires oppressives qui rappellent les purges des années 1980. Cette histoire remonte aux premiers jours du régime, lorsque la « révolution culturelle » a été utilisée comme prétexte pour supprimer les professeurs et les voix dissidentes, en prenant le contrôle des espaces éducatifs.
Alors que ces préoccupations convergent, les universités iraniennes sont à la croisée des chemins. Les licenciements jettent une ombre sur l’environnement éducatif, entraînant une fuite potentielle des cerveaux et un affaiblissement des prouesses intellectuelles du pays. Simultanément, les politiques de ségrégation entre les sexes risquent de faire reculer des décennies de progrès et d’éroder le désir des jeunes de participer à l’enseignement supérieur.
La jonction de ces deux récits met en évidence l’équilibre délicat entre la liberté académique et les mandats idéologiques. Les universités iraniennes, autrefois bastions du discours intellectuel, sont aujourd’hui confrontées à des pressions extérieures qui menacent leur autonomie et leur esprit progressiste. Pourtant, au milieu de ces défis, une voix dissidente retentissante émerge de la part des étudiants, des universitaires et des défenseurs de la société civile, rappelant à tous que la quête du savoir, de l’égalité et du progrès est loin d’être éteinte.
Face à l’adversité, le monde universitaire iranien est un symbole de résilience, alimenté par une poursuite incessante de l’éducation et un engagement inébranlable à façonner un avenir meilleur. Les deux préoccupations – le licenciement de professeurs et la ségrégation sexuelle – reflètent les aspirations plus larges de la jeunesse d’une nation, qui aspire à une éducation incarnant à la fois l’excellence et l’inclusion.
Source : INU (Iran News Update)/ CSDHI
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