Le licenciement simultané de professeurs d’université, l’arrestation, l’expulsion et l’intimidation d’étudiants, couplés à d’autres mesures répressives et sécuritaires au sein des universités à la veille de la rentrée et de l’anniversaire du soulèvement de 2022, traduisent la crainte du régime clérical concernant le potentiel d’un soulèvement et trahissent sa vulnérabilité face aux universités.
Ces derniers mois, un nombre important de professeurs ont été expulsés d’universités telles que Sharif, Téhéran, Allameh, Melli, Azad Téhéran, Azad Karaj, Al-Zahra, Kurdistan, Golfe Persique, Ferdowsi-Machad, des Arts, Soureh, les sciences médicales de Tabriz, Hakim Sabzevari, Bahonar de Kerman, Jahrom, Azad Sanandaj, Sciences médicales d’Iran, Azad-Qom et Ispahan. Selon les étudiants, les agences de sécurité jouent un rôle central dans toutes les décisions liées à l’université et les forces répressives ont encerclé les campus.
Au milieu de ces purges, qui ont suscité de nombreuses protestations, le président du régime Ebrahim Raïssi, a tenté aujourd’hui de les justifier. Selon un reportage diffusé ce 29 août par la télévision officielle, Raïssi a déclaré : « Si quelques individus ont l’intention d’enfreindre la loi, c’est à l’université elle-même de ne pas le permettre (…) Aujourd’hui, il y a ceux qui cherchent à entrer à l’université avec l’intention de violer la loi, de troubler l’ordre. Eh bien, les universités fonctionnent dans un cadre (…) Sans aucun doute, en ce qui concerne les universités, il faut souligner constamment l’importance du respect de la loi et du respect de la discipline. Les responsables du maintien de cette discipline au sein de l’université comprennent des professeurs estimés, les chers étudiants, les administrateurs et les personnes impliquées dans les affaires universitaires. Au cours des deux ou trois derniers jours, j’ai été informé de quelques cas. Il s’agit de cas dans lesquels des individus ont commis des infractions et ont été traités par des comités de discipline. Je les ai exhortés à effectuer les suivis nécessaires et nous examinerons également ces questions.»
Les purges et expulsions des professeurs sont effectuées sur directive d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime. Dans les documents confidentiels récemment dévoilés de la présidence du régime, il y a un document daté du 10 janvier 2023, dans lequel Ahmad Vahidi, le ministre de l’Intérieur, a envoyé une lettre à Raïssi intitulée « notes sur la nécessité d’adopter une approche particulière dans le recrutement des membres du corps professoral et des ratifications en 5 points de la réunion du Conseil de sécurité ». Dans ce document, Vahidi écrit : « Grâce aux récents troubles, nous avons appris ce qui suit : certains professeurs ont joué un rôle provocateur en incitant à des actions de protestation, en perturbant les structures des étudiants et en participant à des émeutes universitaires, ce qui a été la cause centrale de la crise. Dans les universités où des professeurs dévoués et révolutionnaires étaient présents, même s’ils étaient peu nombreux, une gestion efficace a été menée. Cependant, dans la plupart des universités, où le réseau des professeurs n’était pas aligné sur le système ou, au mieux, un nombre important était indifférent, cela a conduit à des perturbations importantes.”
La cinquième section de ce document présente les cinq points ratifiés par le Conseil de sécurité du pays concernant la surveillance des facultés académiques au sein des universités : « 5-1 – Autorité spéciale de recrutement (en attribuant le code du travail) pour recruter 5000 membres du corps professoral universitaire par le ministère de Santé, et 10.000 personnes par le ministère des Sciences devraient être envisagées avant la fin du mandat du gouvernement actuel. » L’objectif est de placer au sein des universités un certain nombre de membres des pasdarans et de la milice du Bassidj sous le couvert de professeurs.
Aujourd’hui, concernant le licenciement des professeurs, le ministère de l’Intérieur, a annoncé dans un communiqué que l’action « est entièrement basée sur les normes juridiques et administratives, et bien sûr, le devoir révolutionnaire de ce ministère pour la dynamique scientifique et culturelle des universités, ce qui mérite des éloges. »
Le 28 août, le site officiel Roydad 24 a rapporté que Mardani, le chef de l’organisation des professeurs de la milice du Bassidj, avait également commenté cette affaire : « Ces derniers jours, nous avons été témoins d’une fausse exagération concernant le licenciement des professeurs. Cette affaire concerne la résiliation des contrats d’un petit nombre de professeurs qui, en raison de leur manque d’avancement scientifique, n’ont pas satisfait aux critères pour accéder à un rang universitaire supérieur. Conformément à la loi, leur exclusion est justifiée. »
Le 28 août, Hossein Shariatmadar, représentant de Khamenei au quotidien Kayhan, a écrit : « Un certain nombre de professeurs d’université qui ont non seulement soutenu les émeutes et les émeutiers lors des troubles de l’automne dernier, mais ont également, dans certains cas, collaboré avec les hooligans et les criminels parmi les émeutiers pour perpétrer des délits contre des personnes sans défense, ont été renvoyés de l’université. Cela représente une forme mineure de représailles pour leur conduite répréhensible et inhumaine. »
Selon le reportage de la télévision du régime, avant cet incident, Hossein Salami, le commandant du corps des pasdarans, s’était adressé à un rassemblement de commandants du Bassidj le 1er août, déclarant : «L’ennemi vise sans aucun doute à provoquer des troubles une fois de plus à l’occasion de l’anniversaire des troubles passés (…) soutenez les universités et les étudiants du Bassij (…) l’intrusion se produit par une petite ouverture ; parfois, une barrière importante peut être franchie par une fissure mineure. Développez les activités de renseignement, identifiez les dirigeants de ces courants, contenez leurs activités et gardez vos bases proactives. »
Le 28 août, le site officiel Etemad écrivait : « Dans la prochaine phase, ces purges s’étendront aux étudiants. » La faction d’Ebrahim Raïssi, connue sous le nom de Front Payedari, « vise à modifier le processus d’admission à l’université en fonction de critères politiques et religieux, à la suite de la vaste purge professorale. Les commissions disciplinaires universitaires sont le principal instrument pour mettre en œuvre cette mesure cette année. Dans les années suivantes, à mesure que l’organisation d’évaluation est transférée à une sous-commission du Conseil suprême de la Révolution culturelle, des quotas distincts vont régir essentiellement l’admission des étudiants. Actuellement, divers quotas existent dans les examens d’entrée à l’université, notamment des quotas pour les anciens combattants, des quotas régionaux, des quotas de 25% pour les anciens combattants, des quotas de 5% pour les handicapés et des quotas pour les enfants des anciens combattants. La possibilité d’une concurrence loyale lors des examens d’entrée diminue, transformant finalement l’enseignement supérieur en Iran en un système de nominations. »
Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déclaré que le régime inhumain des mollahs, en phase terminale, n’atteindra pas ses objectifs par la répression des étudiants et les purges des professeurs d’université. Leurs efforts pour étouffer les soulèvements par des arrestations généralisées ne peuvent pas les protéger de la colère de la jeunesse et des étudiants iraniens. Elle a exhorté les syndicats d’étudiants, de professeurs et les intellectuels du monde entier à condamner les actions répressives du régime visant les universités et à se montrer solidaires des étudiants et professeurs iraniens.
Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne
Le 29 août 2023
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